Attention, ces cinq emballages en fibres végétales ne sont pas si sains et écologiques

Les emballages alimentaires à base de fibres végétales peuvent contenir des substances nocives et ne sont pas forcément très durables - PEDRO PARDO © 2019 AFP
Ils occupent désormais une place importante dans les restaurants d'entreprise, les frigos connectés ou encore la vente à emporter. Ces emballages, reconnaissables à leur couleur marron et fabriqués à partir de fibres végétales, ont fleuri depuis la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC). L'objectif, réduire l'emploi de plastiques à usage unique.
Pourtant, selon une enquête de l'association Consommation, Logement et Cadre de vie (CLCV) publiée ce mardi 7 janvier, ils ne seraient pas une solution sûre pour notre santé et pas si durables pour l'environnement.
Avant cette enquête, "de nombreuses études ont démontré la présence ou la migration non maîtrisée de substances délétères depuis les emballages alimentaires à base de fibres végétales", rappelle la CLCV.
Emballage burger, boîte à pizza...
Elle a voulu vérifier ce constat en menant ses propres recherches. Elle a analysé cinq emballages fabriqués à partir de fibres végétales pour détecter la présence éventuelle de susbtances indésirables: la barquette en bagasse (pulpe de canne à sucre), la boîte à pâtes en papier kraft brun, l'emballage burger en papier kraft brun, la boîte à pizza en carton et le pot à soupe en carton kraft brun.
"Dans notre échantillon, la barquette en bagasse présente une teneur en fluor organique total (TOF) de 1570 mg/kg", constate la CLCV. Celle-ci, qui fait partie des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), peut avoir "des effets délétères pour la santé: augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins", ajoute-elle.
Le règlement européen, adopté en décembre 2024, restreint désormais l’emploi de ces composés dans tous les emballages alimentaires à un seuil de 50 mg de fluor/kg.
Autre point: la présence de bisphénol A dans la boîte à pizza, entre 0,8 µg/kg et 1,4 µg/kg. Un règlement européen, aussi adopté en décembre 2024, a étendu son interdiction et d’autres bisphénols à tous les matériaux au contact des aliments. La substance était déjà interdite par la France depuis 2015.
"Nos résultats illustrent la migration non maîtrisée de substances délétères depuis les emballages alimentaires à base de fibres végétales", est-il conclu.
"Des communications trompeuses"
En plus des effets nocifs sur notre santé, ces emballages se proclament naturels et recyclables, mais ne semblent pas si vertueux pour l'environnement. En effet, des liants, des films plastiques et des additifs sont souvent ajoutés dans ces emballages pour améliorer les propriétés de conservation du matériau.
Ainsi, le recyclage est plus compliqué à cause de ces matériaux composites. Le plastique, le métal ou encore la colle ne sont jamais recyclés. Pour autant, certains sites (Sabert, Aluplast, Pleatpak Greendustries, Stanivals) qui vendent ces emballages multiplient les mentions "100% recyclable". "Ces communications pourraient être considérées comme trompeuses pour les restaurateurs et in fine, pour le consommateur final en charge du geste de tri", affirme l'enquête.
Concernant l'impact sur l'environnement, "si les rejets de CO2 et la consommation de ressources fossiles sont certes moindres que pour un emballage plastique, la consommation d’eau et d’oxygène dans l’eau, le rejet de dioxines ou d’oxydes d’azote ne sont pas favorables au carton jetable", explique la CLCV.
D'après l'étude, le réemploi semble être la seule alternative où tous les indicateurs sont améliorés, à l’exception du lavage, qui entraîne une consommation d’eau plus élevée.
Se tourner vers des contenants en verre
Face à ces constats préoccupants, l'association Consommation, Logement et Cadre de vie a dressé quelques conseils à destination des consommateurs.
D'abord, elle invite à privilégier les contenants réutilisables, de préférence en verre ou en inox, pour transporter et réchauffer les repas. La CLCV préconise également de trier les emballages alimentaires à usage unique et d'éviter de les réutiliser.
Côté professionnels, l'association appelle à "plus de transparence sur la composition détaillée des emballages", à "s'assurer de l'absence de tout composant toxique" et à "mener les développements de nouveaux produits".