Risques d'intoxication, brûlures... Comment savoir si un piment est trop piquant?
Des piments antillais (illustration). - Helene Valenzuela / AFP
Il peut gâcher un repas et vous faire passer un mauvais quart d'heure. Encore peu répandu dans notre assiette en France, le piment se mange généralement dans un cadre exceptionnel. Sa consommation peut même s'avérer dangereuse. Au mois de septembre 2023, Harris Wolobah, un Américain de 14, est décédé après avoir participé à un défi consistant à manger une chips ultra-pimentée.
L'autopsie du jeune garçon, publiée ce jeudi 16 mai, évoque un "arrêt cardioventilatoire dû à l'ingestion d'une substance alimentaire à forte concentration de capsaïcine", un composant actif du piment. Mais si la consommation de ces aliments se fait habituellement en connaissance de cause, il est possible de consommer du piment au travers d'autres denrées. Voici comment le repérer.
· Les variétés de Capsicum
De son nom latin Capsicum, le piment comprend plusieurs milliers de variétés cultivées, dont 2.300 sont inscrites au catalogue européen des espèces. "Et le nombre augmente car les variétés de piments se croisent facilement", se réjouit Nicolas Dochter, fondateur et dirigeant du site sauce-piquante.fr, auprès de RMC Conso.
Cinq espèces majeures existent: Capsicum annuum (le piment d’Espelette, Jalapeño, Chipotle et les poivrons); Capsicum baccatum;Capsicum chinense (Carolina Reaper, parmi les plus forts du monde ou le Bhut Jolokia); Capsicum frutescens, aussi appelé piment de Cayenne, "Oiseau" ou Tabasco" utilisé pour la sauce du même nom et Capsicum pubescens qui comprend des piments relativement forts. Ce sont donc ces noms qu'il faut rechercher lorsqu'on fait ses emplettes.
Il y a plus d'un siècle, en 1912, le pharmacologue américain Wilbur Lincoln Scoville a donné son nom à un système permettant de mesurer la force des piments: l'échelle de Scoville. Un barème où chaque piment est classé entre 0 et 10, chaque note étant liée à une appréciation ("neutre" à "explosif") et gradué en unités Scoville, allant de 0 et à plus d'un million.
Ainsi, plus un piment sera élevé dans l'échelle de Scoville, plus ce dernier sera difficile à manger. Au bas de l'échelle, on retrouve les poivrons ("neutre", de 0 à 100 unités), plus haut, on retrouve le piment d'Espelette ("chaud", de 1.500 à 2.500 unités). Au-delà d'un million d'unités, on retrouve le Carolina Reaper, classé comme "dangereux". Cependant, cette graduation peut avoir ses limites.
Comme nous l'explique Nicolas Dochter, l'échelle de Scoville se réalise en trempant un piment frais entier en purée dans un mélange d'eau sucrée.
"Mais l'appréciation du testeur varie d'une personne à l'autre, l'échelle de Scoville n'est donc pas parfaitement exacte", nous indique-t-il.
· Les risques pour la santé
Avec cet accident mortel de l'autre côté de l'Atlantique, la question de la dangerosité des piments se pose. Dans le cas de la chips pimentée ingérée par Harris Wolobah, la notation du piment princial qui la compose (Caolina Reaper) se situe en moyenne autour de 1,5 millions d'unités sur l'échelle de Scoville.
L'autopsie présentée ce jeudi met en avant des pathologies cardiovasculaires dont souffrait le jeune homme, qui auraient pu avoir contribué à sa mort. Pour le moment, aucun décès suite à la consommation de cette chips n'a été annoncé et la fabricant a retiré son produit de la vente.
De quoi effrayer les consommateurs? Nicolas Dochter nous explique n'avoir pas connaissance, à ce jour, de contre-indication médicale dans la consommation de piment.
"Le véritable risque réside dans le fait de boire un liquide chaud juste après la consommation d'un piment. On ne sent plus sa bouche et boire une boisson chaude peut nous blesser", explique ce dernier.
· Vitamine C et riche en fer
De son côté, le site quellesauce.com, lui aussi spécialisé dans les sauces pimentées, prône les bienfaits du piment pour le corps et la santé. "Ils sont un véritable cocktail de vitamines, principalement de vitamine C, et ils sont également très riches en antioxydants, en fer et en manganèse", écrit le site.
Seule contre-indication: la consommation de piment en trop grande dose est déconseillée sur le long terme, car elle peut augmenter les risques de cancer de l’estomac.