Foire aux vins: comment s'y retrouver parmi l'abondance de vins

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L'automne approche petit à petit, et les foires aux vins battent leur plein dans une grande majorité des supermarchés français! L'occasion pour nous de s'arrêter sur cette tradition très française, censée faire profiter de prix exceptionnels sur des vins tricolores, mais qui peut s'apparenter de plus en plus à un coup de com' plutôt qu'à une réelle opportunité de trouver des prix imbattables.
Car oui, il y a 30 ou 40 ans, il était clairement possible de trouver des grands crus classés bordelais qui étaient déstockés par la négoce à cause de petites années commerciales avec des quantités importantes d'invendus. Cela permettait d'obtenir ces belles bouteilles à seulement 50-60% de leur prix initial, une aubaine.
Des budgets restreints...
Les foires aux vins ont été lancées en 1973, il y a 50 ans tout pile. L'idée germe dans la tête d'un patron d'un magasin Leclerc, à Saint-Paul-de-Léon dans le Finistère. Sur le parking de son établissement, il se décide à vendre, à des prix cassés, les restes de stocks de vins bordelais. Un moment parfait pour acheter des caisses entières de crus classés.
L'idée a fait un carton, et l'événement s'est rapidement étendu à tous les magasins de France.
Mais désormais, sur des vins populaires comme le Bordeaux par exemple, ces déstockages n'existent tout simplement plus aujourd'hui car la demande est telle qu'il n'y a pas besoin de brader les prix.
Aujourd'hui, il y a encore des gens qui attendent cette foire aux vins pour procéder à l'achat de leurs bouteilles car ils pensent que c'est le moment de faire des bonnes affaires… mais ces bonnes affaires ne sont que relatives! Elles ne sont que de l'ordre de 10 à 15%, et il existe des promotions un peu partout à l'année même chez des cavistes.
"Il y a toujours des bonnes affaires… mais les modes de consommation ont changé. Historiquement, les foires aux vins étaient sur des grands crus classés. Désormais la foire aux vins c'est bien plus large, car les porte-monnaies se sont pas mal réduits ces derniers temps", estime Renaud Guerre-Genton, chef de groupe vins et effervescents chez Système U.
... mais des vins encore d'exception
Renaud Guerre-Genton, dont le métier se compare à celui d'un sélectionneur qui choisit ses meilleurs éléments viticoles pour les mettre en rayon, explique que son équipe a dû "déguster 5.000 vins sur quatre mois" afin d'en sélectionner la substantifique moelle qui sera proposée aux clients lors de la foire aux vins 2023.
"On fait un appel d'offres qui découle sur une présélection de 5.000 vins, pour qu'à la fin il n'en reste que 700 qui seront l'élixir de ce que l'on proposera aux clients", détaille Renaud Guerre-Genton aux micros de Matthieu Rouault et Périco Légasse.
Mais avec ces 700 vins, malgré une présélection donc dantesque, le risque pour les néophytes est de rapidement s'y perdre: ils prennent le risque d'acheter un vin tout à fait correct, mais sans le côté bonne affaire sur un grand cru de la foire aux vins, car le but pour la grande distribution c'est surtout de provoquer de l'attractivité.
Alors pour éviter cela, et alors que les foires durent quand même un certain temps, serait-il possible que les amateurs puissent venir prendre des échantillons de quelques bouteilles pour les goûter chez lui avant de revenir pour prendre, cette fois-ci, une quantité plus importante de bouteilles?
Aux yeux de Renaud Guerre-Genton, et même s'il existe déjà des pré soirées de dégustation qui ont lieu la veille des foires dans certains magasins, il serait "tout à faisable de venir butiner" de cette manière.
"On a nombre de produits qui sont situés entre 5 et 8 euros, le cœur de gamme sur des produits qualitatifs, mais qui permet aux personnes de faire un échantillonnage, de goûter et de revenir deux semaines après pour se servir de manière plus conséquente", explique Renaud Guerre-Genton.
Une consommation en chute libre
Et si cette foire aux vins est une grande tradition, elle continue de se tenir dans une période sociétale de moins en moins propice à la consommation, et donc à l'achat de vins. En effet en 60 ans, la consommation de vin des Français a chuté de 70 % passant de 120 litres par an et par habitant, en 1960, à moins de 40 litres par an en 2020.
Un désamour du rouge notamment, avec une baisse de la consommation d'environ 30% causée par plusieurs facteurs : moins de viande rouge consommée, moins de dîners et plus d'apéro avec la planche de charcuterie et des boissons légères comme la bière ou le rosé.
Aussi et surtout, les mœurs ont clairement évolué et la consommation quotidienne a quelque peu disparu. Dans le temps, il était courant de rentrer à la maison le midi pour déjeuner, repas au cours duquel on buvait un ou deux verres de vin rouge. Tout cela est terminé, puisque l'on garde la bouteille de vin pour le weekend et des événements aux circonstances plus élaborées.
De l'importance d'aller directement chez le producteur
Selon Renaud Guerre-Genton, deux "fléaux" participent à la diminution de la consommation de vin rouge "classique" en France : la bière, qui gagne du terrain, mais aussi une "nouvelle génération de vignerons qui s'installe, qui a bien compris ce phénomène d'accessibilité pour les jeunes, et qui sélectionne donc un peu plus de vins blancs, de vins du Beaujolais, de la Loire, de Touraine ou d'Anjou, qui sont des vins gourmands et faciles, ce qu'attendent les jeunes".
Des jeunes viticulteurs qui diversifient leurs productions et dont fait partie Théo, vigneron à Beaumes de Venise dans le Vaucluse, au domaine Raboly. Il commercialise son vin pour la première année, un total d'environ 4.000 bouteilles. S'il ne fera pas la foire aux vins cette année, Théo dit "privilégier la vente en direct", où la marge est plus importante pour lui.
Il estime qu'il est, aujourd'hui encore, primordial de ne pas se focaliser sur la vente en supermarché pour les aficionados de vin. Selon lui, il faut en effet se diriger directement vers le producteur de vin afin de "retrouver ces valeurs de discussion avec le vigneron pour voir le caractère, la personnalité, quelque chose d'essentiel pour se rééduquer au vin".
Alors, amateurs de vins en toutes sortes, vous savez quoi faire de vos weekends : partez à la rencontre directe des vignerons, cela vous permettra d'en apprendre toujours plus sur la tradition du vignoble français. Et qui sait, ce sera peut-être à la rencontre d'un vigneron sur son terrain que vous pourrez trouver des prix alléchants pour des vins d'exception!