Vacances: les supermarchés sont-ils vraiment plus chers au bord de la mer ?

Une supérette Vival. Cette enseigne est très présente dans les stations balnéaires et de vacances. - Denis Caviglia - AFP
Au moment de passer à la caisse en faisant ses courses sur son lieu de vacances, une mauvaise surprise peut nous attendre. Le ticket de caisse peut paraître particulièrement salé, en comparaison avec ce que l'on a l'habitude de payer dans le supermarché où l'on se rend d'habitude.
On peut alors être en droit de se demander: les supermarchés en bord de mer profitent-ils du fait de recevoir des touristes pour pratiquer des prix plus élevés qu'ailleurs? Voire pire: les gonflent-ils opportunément au début de l'été, quand les vacanciers arrivent? Les réponses à ces deux questions sont assez fluctuantes.
Les supermarchés plus chers autour de la Méditerranée
D'abord, tout dépend d'où on se trouve en vacances. En effet, certaines régions littorales sont bien plus chères que la moyenne nationale. Tandis que d'autres sont en-dessous.
Chaque année, l'institut A3 Distrib établit une carte des départements les moins chers de France pour faire ses courses. Pour chacun d'entre eux, il établit un indice moyen tenant compte de toutes les enseignes qui y sont présentes (Leclerc, Carrefour, U...). La dernière édition de cette étude sortie en avril dernier montrait que la situation varie fortement d'un littoral à l'autre.
En effet d'un côté, un département comme les Alpes-Maritimes se classe parmi les plus chers de France, avec un indice de 106,7 (l'indice 100 étant la moyenne). À l'opposé, les Côtes d'Armor (96,8) et la Vendée (97), se classent 2e et 3e départements les moins chers. Alors même qu'ils se trouvent au bord de la mer.
Cette impression de payer plus cher vos courses pourrait donc être légitime si vous êtes au bord de la mer Méditerranée. Outre les Alpes-Maritimes (la Côte d'Azur donc), on retrouve parmi les départements les plus chers les Bouches-du-Rhône, mais aussi l'Aude et les Pyrénées-Orientales.
L'Ouest moins cher grâce à la concurrence
À l'inverse sur la façade atlantique, tous les départements sont dans ou en-dessous de la moyenne. C'est particulièrement le cas en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Si vous êtes en villégiature à Cancale, Pornichet ou encore Loctudy, vous serez sûrement gagnant sur vos courses.
Le fait que l'Ouest de la France soit la région la moins chère alors même qu'elle est au bord de la mer s'explique par la concurrence que les enseignes de grande distribution s'y livrent.
En effet, comme l'explique le journaliste spécialisé Olivier Dauvers sur son site, les trois distributeurs indépendants que sont Leclerc, Intermarché et U sont très présents sur ce territoire. Leur statut d'indépendant leur permet d'être plus compétitifs, et donc de tirer les prix vers le bas.
Précisons qu'au sein même d'un de ces départements, les prix d'une même enseigne sont similaires, que l'on soit dans les terres ou au bord de la mer. RMC Conso a comparé les prix du Leclerc de Pontivy avec ceux de celui de Larmor-Plage, l'un et l'autre dans le Morbihan: à un ou deux centimes près sur certains produits, ils sont identiques.
Des coûts d'exploitation plus importants
L'autre facteur qui peut jouer sur les prix d'un magasin alimentaire, c'est le coût du foncier là où il se trouve. Sur la Côte d'Azur, où il est particulièrement élevé, les coûts d'exploitation d'un supermarché sont plus importants. Ce qui se répercute sur les prix.
C'est d'ailleurs le même phénomène qui explique le fait que la région parisienne et les autres grandes métropoles (Toulouse, Lyon) mais également la montagne sont aussi beaucoup plus chères que la moyenne. Dans ces villes, on retrouve essentiellement des enseignes de proximité (Carrefour City, Franprix...) dont les prix sont beaucoup plus importants.
Si vous venez d'une de ces villes et faites vos courses dans un de ces magasins, vous ne devriez donc pas avoir avoir la sensation de payer plus cher en vacances. Surtout si vous allez en Bretagne...
Une augmentation opportune au mois d'août?
Mais il reste à savoir si les grandes surfaces situées dans des zones touristiques se permettent d'augmenter leurs prix en plein milieu de l'année, quand les beaux jours reviennent. À Soustons dans les Landes, Olivier Dauvers a relevé le cas d'un magasin Leclerc se vantant de n'avoir pas augmenté ses prix. Ce qui peut laisser suggérer que d'autres le font...
Le journaliste grande distribution a vérifié: ce magasin ne se rend pas coupable d'une telle pratique. Mais il a également étudié les cas d'autres grandes surfaces situées dans d'autres villes "saisonnières" et a constaté que certaines le faisaient. Notamment le U Express d'Antibes, dans les Alpes-Maritimes.
Un phénomène qui ne date pas d'hier: déjà en 2012 l'UFC-Que Choisir avait mené une étude comparant 229 magasins de la zone littorale. Et constaté que beaucoup augmantaient leurs prix opportunément au mois d'août.
Des augmentations qui peuvent s'expliquer par le fait que dans ces régions littorales du sud, ces magasins font leur marge l’été. Et s’il n’y avait pas ces marges d’été, ils pourraient être contraints de fermer l’hiver...