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"Il va falloir se réveiller": les prix des fruits et légumes baissent, mais les ventes aussi

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Selon l’association Familles rurales, les prix des fruits et légumes sont en baisse de 7% sur un an. Mais après de fortes augmentations ces dernières années, les Français en consomment toujours moins.

Vous connaissez l'adage, il faut manger cinq fruits et légumes par jour. Mais encore faut-il avoir le budget… L'observatoire du prix des fruits et légumes de l'association Familles rurales publie ce mardi une étude qui montre que le prix des fruits et légumes a légèrement baissé, -6,9% par rapport à l'année dernière. "On a une vraie baisse sur le melon, qui est à moins de 2 euros la pièce, illustre sur RMC Nadia Ziane, directrice du pôle consommation à l'association Familles rurales. Tous les fruits de notre panier ont baissé, sauf l’abricot qui augmente de 4% donc ça reste très relatif. Sur les légumes, on observe de la même manière une baisse assez générale des prix. C’est vraiment le moment d’en consommer."

Mais pas de quoi compenser la hausse de 25% du prix entre 2021 et 2023... Ce qui explique la baisse "préoccupante" de la consommation de fruits et légumes, -8% entre 2020 et 2023 selon l'association de consommateurs. "Sur la dernière décennie, les fruits ont augmenté de 50% et les légumes de 70%, souligne Nadia Ziane. Et l’évolution du salaire moyen n’est que de 22%. Pour les budgets les plus serrés, il y a une réalité économique. C’est là où Familles rurales tire la sonnette d’alarme. Alors qu’on devrait tous manger cinq fruits et légumes par jour pour être en bonne santé et éviter certaines pathologies, il n’y a qu’un enfant sur dix et trois adultes sur dix en France qui consomment cette portion. On est très loin des recommandations de santé publique. Il va falloir se réveiller, passer à l’acte."

L'invité de Charles Matin : Fruits et légumes, les prix en baisse de 7% cette année - 23/07
L'invité de Charles Matin : Fruits et légumes, les prix en baisse de 7% cette année - 23/07
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Plafonner les prix des fruits et légumes?

Avec ces prix élevés, les Français achètent moins de fruits et légumes. A Athis-Mons, en Essonne, Dursun range ses courses. Et dans son chariot, peu de fruits et légumes: "J’ai pris un quart de pastèque. Avant, je prenais une pastèque entière. Je profite au maximum des promotions". La baisse du prix des fruits et légumes depuis le début de l'année, Colette ne l'a pas vue sur son ticket de caisse. "Les cerises, c’est 12 euros le kilo. Je n’en ai pas acheté, c’est vraiment trop cher", pointe-t-elle. Les prix sont toujours plus élevés qu'il y a quatre ans. Sa fille dans les bras, Coralie s'inquiète de ne pas pouvoir lui offrir une alimentation assez diversifiée: "Quand on a des enfants, ils ont besoin de varier leurs repas. On dépanne avec des compotes, mais ce n’est pas comme des fruits frais".

Manger assez de fruits et légumes, c'est pourtant essentiel pour la santé. Selon la diététicienne Vanessa Bedjaï-Haddad, il y a des solutions pour en manger sans se ruiner. "Il y a moyen d’en trouver pas chers, notamment surgelés, assure-t-elle. Les surgelés, c’est vraiment le meilleur rapport qualité-prix. Il n’y a pas de perte de vitamines, de minéraux. Le plus important, c’est d’essayer de mettre des légumes tous les jours." Les conserves peuvent être une alternative. Mais attention, elles contiennent souvent plus de sels et des additifs.

Pour Nadia Ziane, "la solution, c’est d’abord de sacraliser un panier qui pourrait être constitué de produits sains". "Une cinquantaine de produits dont on plafonnerait les prix. Ça existe déjà en Outre-mer, où la vie est particulièrement chère. On a mis en place ce panier il y a quelques années et il commence à bien fonctionner", explique-t-elle. Et les supermarchés devraient aussi être poussés à baisser les prix des fruits et légumes. "La grande distribution fait tous les ans 240 millions d’euros de bénéfices sur les fruits et légumes et à côté de cela, elle accepte de perdre 65 millions d’euros sur la viennoiserie-pâtisserie, assure Nadia Ziane. Il faudrait une logique inverse."

LP avec Lucas Nitzsche et Léonie Guilbaut