RMC Conso
Alimentation

"On se sent victime d'un attentat terroriste": l'incompréhension des salariés de l'abattoir incendié

-

- - -

Après le violent incendie qui a ravagé un abattoir de l'Ain dans la nuit de jeudi à vendredi, la piste criminelle est privilégiée. Le procureur de la République de Bourg-en-Bresse a ouvert une enquête pour "destruction volontaire de biens par substances incendiaires".

Selon la gendarmerie, "plusieurs départs de feu" ont été constatés sur le site de l’abattoir, où "ni revendication ni tags" n'ont été relevés. Mais cet incendie intervient dans un contexte d'actes de violence perpétrés par des militants végans et antispécistes contre des boucheries ou des fromageries.

80 personnes au chômage technique

Une situation qui a poussé ce vendredi l'ensemble des syndicats agricoles français à publier un communiqué commun dans lequel ils dénoncent "les attaques répétées contre leur métier" alors que les éleveurs font "déjà face à une situation économique fragile".

L'incendie n'a pas fait de blessé et les animaux ont pu être évacués à temps, mais il a réduit en fumée la moitié des 4.000 m2 de l'abattoir. 80 personnes sont au chômage technique.

"C'est pas parce que je tue les animaux que je ne les aime pas"

Dans l'Ain, à Haut-Valromey, là où l'abattoir a brûlé, personne ne comprend cet acharnement contre ceux qui travaillent la viande. Toute la journée, Pierre Favre est resté là, devant son abattoir et ses camions détruits par cet incendie. Incrédule face à tant de travail parti en fumée.

"On a été qualifiés pour le bien-être animal il y a un mois, on a de la musique, tout le monde fait des compliments et on vient saccager notre travail? C’est pas parce que je tue les animaux que je ne les aime pas. Il ne faut pas qu’ils croient qu’on les martyrise".

"Qu'ils nous laissent travailler, faire notre métier"

"Ils", ce sont les militants végans et antispécistes, qui mènent depuis quelques mois des actions contre des professionnels de la viande mais qui n'ont jamais fait parlé d'eux dans cette région. Romain, un salarié, ne s'attendait pas à ça.

"Je m’y attendais pas, surtout dans ce département là. Après, on respecte leur choix de ne pas manger de viande mais qu’ils nous laissent travailler, faire notre métier".

La piste criminelle est privilégiée mais l'acte n'a pas été revendiqué. Ce qui n'empêche pas le coup de gueule de Christelle Gesler, la fille du fondateur de l'abattoir: "Il y a 80 familles qui sont au chômage technique. On trouve ça profondément injuste et surtout, on se sent victime d’un attentat terroriste".

En Rhône-Alpes, la gendarmerie réfléchit à renforcer la vigilance autour des abattoirs dans les jours à venir.

Gwenaël Windrestin (avec C.P.)