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Sel, sucres, additifs... Ce qui se cache derrière les allégations santé des biscottes et pain de mie

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Une enquête menée par l'Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV) a étudié la composition de 148 références de crackers, biscottes et pains de mie. Les résultats publiés ce mardi évoquent des produits trop salés, trop sucrés et pas tout à fait sains.

"Réduit en sucre", "pauvre en sel", ou encore "sans additifs"... Ces mentions sont quasiment omniprésentes sur les produits de panification, comme le pain de mie, les biscottes, les croûtons ou encore les brioches.

Dans une enquête menée sur 148 références de produits, dont les résultats ont été publiés ce mardi, l'Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV) évoque des recettes "qui changent peu" et de "qualité variable". Elle affirme que seuls 25% des produits ont réellement amélioré leur recette entre 2019 et 2024.

La CLCV épingle également certains "profils nutritionnels médiocres" qui se cachent derrière des allégations positives et l'absence du Nutri-Score sur 43% des produits étudiés.

Produits "santé" et qualités nutritionnelles "médiocres"

L'enquête menée par la CLCV s'est intéressée à 51 références comportant une "allégation positive", comme "réduit en sucre", "pauvre en sel", "sans additifs", etc. 67% de ces dernières affichent un "Nutri-Score C (31%), D (22%) ou E (14%)", détaille l'association. C'est notamment le cas des crackers, souvent considérés "comme un encas inoffensif et sain".

"Certaines recettes présentent des teneurs en sel extrêmement élevées, jusqu’à 2,8g/100g pour les Crackers apéritifs à l’huile d’olive de LU Heudebert ou 2,2g/100g pour les Crackers fromage et tomate de Carrefour bio", affirme l'enquête.

Mais d'autres produits du même genre montrent une composition plutôt saine. C'est notamment le cas des crackers fins à la farine complète aux graines de courge, lin, sésame de Carrefour, qui ont un Nutri-Score A. "Notamment car ils ne comportent pas de fromage, contiennent 54% de farine de blé complet, 39% de graines et utilisent de l’huile de colza", détaille l'association.

La CLCV épingle également les biscottes à l’épeautre et aux graines de sésame bio de La Vie Claire, qui ont un Nutri-Score D, "car leur teneur en sel s’élève à 2g/100g".

Des biscottes trop salées et trop sucrées

Souvent présentes sur la table du petit-déjeuner, comme le rappelle l'enquête, les biscottes natures "ne se valent pas toutes". Certaines références sont trop sucrées, d'autres trop salées.

"Leur Nutri-score varie de A à E (35% de Nutri-Score C et 31% de Nutri-Score D). Ce sont notamment les teneurs en sel parfois très élevées qui pèsent sur le Nutri-Score, et certaines teneurs en acides gras saturés", affirme l'association.

Par exemple, la CLCV invite les consommateurs à faire attention aux biscottes la Bretonne de LU Heudebert. La mention "pointe de sel de Guérande" affichée sur le packaging aboutit à une recette très salée et qui présente une teneur en sucre parmi les plus élevées de la famille (ajout de sucre et de miel)", apprend-on.

Des ingrédients "technologiques" à la place des additifs

L'Association nationale de défense des consommateurs et usagers met également le doigt sur la tendance du "clean label". Cette dernière consiste à supprimer les additifs des listes d'ingrédients en les remplaçant par "leur fonction suivie du nom ou du code de l’additif: 'antioxydant: acide ascorbique' ou encore 'émulsifiant: E471'".

"Or ces additifs sont parfois remplacés par des ingrédients technologiques tels que des extraits végétaux qui, sous couvert d’une image plus naturelle, sont employés uniquement dans cette visée technologique", dénonce la CLCV.

Le problème étant que ces derniers ne sont pas soumis à la même évaluation des risques que les additifs. Ainsi, certains produits affichent des allégations "sans additifs" accompagnées de mentions "contient des ingrédients ayant un rôle similaire".

C'est notamment le cas de la brioche tressée à la main d’Harry's qui contient des extraits végétaux à pouvoir colorant, alors même qu'elle affiche une mention "sans additifs" avec un renvoi précisant "contient des ingrédients ayant un rôle similaire".

"Quelle est la différence entre l’extrait de curcuma et l’additif E100 curcumine, si ce n’est que le premier n’a pas suivi l’évaluation des risques ni ne respecte les critères de pureté du second?", interroge l'enquête.

La CLCV appelle à rendre le Nutri-Score obligatoire

L'association a formulé plusieurs demandes aux industriels, mais aussi aux pouvoirs publics. Elle les invite notamment à favoriser l'accès aux informations nutritionnelles des consommateurs en s'engageant dans la démarche du Nutri-Score.

"Nous appelons également la Commission européenne à rendre obligatoire le Nutri-Score en Europe dans les meilleurs délais. Alors qu’elle prévoyait de rendre obligatoire un étiquetage nutritionnel harmonisé en Europe d’ici fin 2022, le dossier est au point mort. Il est temps qu’une décision soit prise dans l’intérêt du consommateur", ajoute l'organisation.

La CLCV appelle également les industriels à ne pas utiliser des "allégations vantant un aspect positif", sur des produits "ayant un profil nutritionnel global médiocre (Nutri-Score D et E)". En parallèle, les pouvoirs publics sont sommés d'agir en renforçant "la réglementation sur l’utilisation de ces allégations".

Sabrine Mimouni