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Shrinkflation: l'UFC-Que Choisir dénonce un affichage encore trop absent en magasin

Des clients font leurs achats dans les rayons d'un Carrefour Planet à Ecully, le 25 Août 2010, près de Lyon. (Illustration)

Des clients font leurs achats dans les rayons d'un Carrefour Planet à Ecully, le 25 Août 2010, près de Lyon. (Illustration) - AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES

Après une enquête, l'association de consommateurs dénonce l'absence d'affichettes informant sur la shrinkflation dans une écransante majorité de magasins. Pourtant obligatoire depuis le 1er juillet, cette mention doit avertir les clients d'une réduction de la quantité d'une denrée alimentaire alors que son prix a augmenté.

En termes de shrinkflation, tout le monde ne respecte pas encore la loi. L'UFC-Que Choisir a visité plus de 400 magasins pour vérifier si la loi sur la shrinkflation, entrée en vigueur le 1er juillet, était appliquée correctement. Prévue par un arrêté publié au Journal officiel le 4 mai dernier, cette mesure a pour objectif d'alerter les consommateurs concernant les produits qui ont "vu leur quantité diminuer, mais pas leur prix".

Depuis le début du mois de juillet, la plupart des magasins alimentaires ont donc l'obligation d'indiquer par des affichettes claires, si un produit commercialisé dans leurs rayons a subi une réduction de son poids alors que son prix a augmenté. Une pratique assez courante ces derniers mois, ajoute l'UFC.

"Les distributeurs savent communiquer pour assurer leur promotion. Nettement moins pour signaler à leurs clients des informations plus désagréables, comme des hausses de prix en rayon", se désole l'association spécialisée dans la défense des consommateurs.

Seulement 5% des magasins respectent la loi

Destinée à accompagner les consommateurs, cette obligation n'est finalement quasiment pas appliquée en magasin, constate l'association, qui a envoyé ses enquêteurs sur le terrain.

Au total, 423 supermarchés et hypermarchés ont été visités entre le 1er juillet, premier jour de l'application, et le 6 juillet. Dans 95% des magasins, aucun affichage en rayon. Dans 3% des cas, les équipes de l'UFC en ont dénombré entre 1 et 10 et seulement 2% des magasins en affichaient plus de 10.

Parmi les bons élèves, on compte seulement les coopératives U, E.Leclerc et Carrefour.

"Aucune des autres [enseigne] n’a mis en place la moindre affichette dans les magasins enquêtés. Pourtant, les témoignages se multiplient, qui plus est sur des marques nationales présentes dans toutes les enseignes", annonce Que Choisir.

Fin juin, Carrefour a annoncé à nos confrères de Capital que la chaîne de magasins n'afficherait pas d'informations relatives à la shrinkflation. En amont de l'obligation, le distributeur a assuré avoir "mis en place une procédure visant à identifier les produits concernés par cette pratique et à corriger leur prix en amont avec [ses] fournisseurs", assurant qu'aucun cas de shrinkflation ne serait prévu en magasin au 1er juillet. Ajoutant que si un produit était tout de même concerné, Carrefour respecterait la loi en procédant à l'affichage.

Un affichage encore "aléatoire" et parfois erronné

Dans le détail, même les enseignes qui jouent le jeu ne le font pas à l'unisson, selon l'enquête de l'UFC. Seulement 20% des magasins Hyper et Super U en affichaient, lorsque 7% des points de vente E. Leclerc l'ont fait. Pour Carrefour, la donnée descend à 2%. Et les enseignes qui n'affichent pas ces informations vont des hard-discounters (Aldi, Lidl..) aux magasins traditionnels (Auchan, Casino, Cora, Intermarché).

Au mois de mai, Marie-Amandine Stévenin, présidente de l'UFC-Que Choisir, a signé une tribune au sujet de l'affichage en rayon, craignant "le manque de garanties de l’encadrement de [cet] affichage permettant aux consommateurs de pouvoir réellement prendre connaissance d’un cas de 'shrinkflation', puisque les distributeurs pourront se contenter d’un simple et vague affichage 'à proximité".

Les résultats de l'enquête menée entre le 1er et le 6 juillet ont démontré que la qualité de l'affichage était parfois aléatoire, annonce l'association. Feuilles imprimées, parfois plastifiées, accrochées à proximité des produits: l’information n’est aussi visiblement pas toujours complète. Le changement de conditionnement, ou l’ampleur de la hausse de prix au kilo ainsi que certaines erreurs semblent aussi figurer en rayons.

Les enseignes de plus de 400m² qui ne respectent pas cet affichage s'exposent à une amende administrative. Cette dernière peut atteindre 3000 euros pour le responsable d'un magasin et jusqu'à 15.000 euros pour le groupe mis en cause.

Lilian Pouyaud