Thon en conserve contaminé au mercure: Petit Navire répond à l'enquête de Foodwatch et Bloom

L'industriel affirme que ses produits sont "parfaitement sûrs pour les consommateurs". (Illustration) - Freepik
L'enquête des associations de défense des consommateurs Foodwatch et de défense de l'environnement Bloom, publiée ce mardi, n'a pas manqué de faire réagir. Après des mois de recherches, les deux organisations affirment que plus de 150 références de thon en conserve, vendues en Europe, dépassent la limite autorisée de mercure. Et ce, bien au-delà de celle fixée pour les autres poissons de l'Union européenne.
Plusieurs marques sont nommées au fil de l'enquête. En France, c'est Petit Navire qui reçoit la palme du produit le plus contaminé. Selon Foodwatch et Bloom, les relevés effectués sur une référence de la marque bretonne achetée dans un supermarché parisien ont indiqué une teneur record de mercure de 3,9mg/kg. Soit 13% plus élevés que celles des espèces soumises à la norme la plus restrictive de 0,3 mg/kg. Petit Navire, détenu par le groupe Thai Union Frozen, s'est défendu de telles accusations dans un communiqué envoyé à RMC Conso.
Si le sujet est aussi épineux, c'est parce que l'impact du mercure sur la santé des consommateurs peut être néfaste. Comme l'explique l'Anses, les personnes exposées à des denrées contaminées s'exposent à des troubles neurologiques, des altérations du développement neurologique chez les enfants exposés pendant la grossesse de la mère ou durant leur allaitement, mais aussi des malformations.
Petit Navire dit réaliser des tests mensuels
Pour l'heure, la réglementation européenne autorise une teneur en mercure de 1mg/kg pour le thon frais. "Dans [ce] cadre, nous réalisons tous les mois, des tests sur [nos] espèces de thon dans nos différentes zones d’approvisionnement pour vérifier la conformité des poissons que nous achetons et garantir la sécurité de nos produits", affirme Petit Navire.
L'industriel ajoute qu'au cours des trois dernières années, il a réalisé 270 contrôles "par ou avec le support de laboratoires indépendants et accrédités" par les autorités sanitaires françaises et européennes. Des contrôles qui auraient permis de s'assurer que le taux de mercure oscillait entre 0,2 et 0,3mg/kg, "soit 70 à 80% de moins que la limite [européenne] autorisée [pour le thon frais, NDLR]".
Dans cette affaire à portée européenne, c'est justement l'absence de tests qui est pointée du doigt par Foodwatch et Bloom. Au cours de leur enquête, les deux ONG ont identifié l'absence quasiment permanente de contrôles de la pêche en mer à l'usine de mise en boîte.
"Nous n’avons pas trouvé de loi qui fixe spécifiquement la fréquence de test à adopter ni à quelle étape de la chaîne ces tests doivent être effectués. Les entreprises semblent donc libres de fixer leurs fréquences de test comme bon leur semble", écrivent Bloom et Foodwatch.
D'autres réactions
Dans un communiqué, la Fédération des industriels d'aliments conservés (FIAC) a réagi elle aussi à l'enquête et assure que les boîtes de thon en conserve mises sur le marché ne sont "pas dangereuses pour la santé".
Ce mardi, Camille Dorioz directeur des campagnes chez Foodwatch, a annoncé auprès de Capital que d'autres boîtes, non citées dans l'étude, sont elles aussi contaminés à "des taux élevés de mercure" et commercialisées en France. À savoir, des produits des marques de distributeur Carrefour et Lidl.
Bloom et Foodwatch ont lancé une pétition commune pour sommer les pouvoirs publics et les distributeurs d'agir en urgence face à une situation qu'elles qualifient de "scandale de santé publique".