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Alimentation

La bactérie vibrio prolifère dans les fruits de mer, et ce n'est pas une bonne nouvelle

Une ligne de moules est tirée par une grue depuis un bateau lors de la récolte dans une ferme mytilicole en mer du Nord, le 18 juin 2024/ (Illustration)

Une ligne de moules est tirée par une grue depuis un bateau lors de la récolte dans une ferme mytilicole en mer du Nord, le 18 juin 2024/ (Illustration) - Simon Wohlfahrt / AFP

La prolifération dans les fruits de mer, produits et importés en Europe, d'une bactérie appelée vibrio inquiète l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Dans certains cas, ce groupe bactérien peut causer des infections graves, voire des décès chez les personnes les plus fragiles.

Jusqu'à un échantillon positif sur cinq. De récentes études à l'échelle européenne attestent de la présence de vibrions dans de nombreux lots de fruits de mer destinés au marché européen. Cette bactérie aquatique qui touche plusieurs espèces, particulièrement les moules et huîtres, peut causer la vibriose.

L'Efsa, l'Autorité européenne de sécurité des aliments, alerte dans une note sur le risque accru de sa prolifération en raison du changement climatique et la résistance aux antimicrobiens. Et cette alerte n'est pas à prendre à la légère, car la consommation européenne de crustacés pourrait être impactée par ce phénomène. "Certaines souches sont pathogènes et peuvent provoquer des gastro-entérites ou des infections graves", avertit l'organisme européen.

De la gastro-entérite aux risques de décès

Trois espèces de Vibrio parahaemolyticus (son nom latin) s'inscrivent parmi les plus détectées dans les produits de la mer destinés au marché européen: Vibrio parahaemolyticus, Vibrio vulnificus et Vibrio cholerae.

Lorsque la première (recensée dans près de 20% des échantillons testés) peut provoquer une gastro-entérite chez les personnes en bonne santé, les deux autres variétés (repérées respectivement dans 6% et 4% des tests) peuvent entraîner des infections graves, une septicémie ou la mort chez les personnes vulnérables (enfants, personnes âgées et individus fragilisés).

Le réchauffement climatique en cause

Selon l'Efsa, deux facteurs favorisent la prolifération de ces bactéries:

  • La température, qui permet aux vibrions de se développer de manière optimale dans des conditions chaudes. Des températures plus élevées favorisent leur présence et leur croissance.
  • La salinité, car les vibrions ont besoin d'une certaine concentration en sel pour se développer de manière optimale. C'est pourquoi les eaux à faible salinité ou saumâtres (où les rivières rejoignent la mer) présentent un risque plus élevé.

Alors que, selon l'Efsa, les infections sont en hausse depuis vingt ans, le risque d'intoxications n'ira pas en s'améliorant dans le temps. Les différentes vagues de chaleur liées au réchauffement climatique qui ont touché l'Europe "ont entraîné une expansion des zones où les bactéries vibrions peuvent se multiplier, d'où un risque accru d'infections dues à la consommation de fruits de mer contaminés", explique l'autorité européene.

Prévenir les risques

C'est d'abord aux producteurs de prendre des précautions pour maintenir la chaîne du froid pendant la transformation, le transport et le stockage des fruits de mer. Notamment ceux destinés à être consommés crus.

Les seules recommandations que l'Efsa émet pour les consommateurs consistent à assurer "une manipulation et une cuisson correctes des produits de la mer et à éviter la consommation de produits crus ou insuffisamment cuits", en particulier pour les personnes vulnérables.

Lilian Pouyaud