Arnaques aux placements: attention aux promesses de rendements miracles qui pullulent sur le web

Les arnaques aux placements et faux livrets d’épargne pullulent en ce moment sur Internet. La journaliste Elise Lucet a notamment lancé l'alerte, début mars, après l'usurpation de son image par plusieurs sites frauduleux, dans le but d'asseoir leur crédibilité.

Ces arnaques ciblent principalement des profanes de l'investissement à la recherche de rendements plus rémunérateurs que les livrets d'épargne traditionnellement proposés par les banques.
Une simple recherche sur Internet
En général, tout commence par une recherche en ligne. RMC Conso a fait le test en cherchant dans Google: "quels sont les placements sans risque".
Dans les premiers résultats apparaît DVL Services, dont la promesse est éloquente: "Déçu par les produits proposés par votre banque? Trouvez un placement qui pourrait rapporter +8% de rendement par an".

Le site donne peu d'informations complémentaires et invite simplement l'internaute à renseigner son adresse e-mail et ses coordonnées téléphoniques.
Or les témoignages des victimes de ce type d'arnaques décrivent tous le même procédé: le piège démarre avec un appel téléphonique d'une personne au français impeccable et qui parle dans un jargon technique. L'objectif: noyer la proie d'informations nébuleuses mais rassurantes pour l'inciter à confier ses économies à celui qu'elle pense être un conseiller en investissement.
Récemment, beaucoup de ces arnaques ont utilisé les cryptomonnaies en misant sur la méconnaissance des épargnants concernant ces actifs numériques complexes et volatiles.
Un placement sans risque à 8% n'existe pas
Mais c'est ce qui constitue le premier signal d'alerte: un placement, qu'il soit dans les cryptomonnaies ou dans n'importe quel autre domaine (vin, diamants, obligations financières etc.) est forcément risqué. Si votre interlocuteur vous dit le contraire, c'est que vous êtes tombé sur une arnaque.
Les seuls placements véritablement sans risque sont effectivement les produits d'épargne réglementée, dont les taux de rémunération sont fixés par l'État. Ces produits sont commercialisés par les banques.
"Ces produits sont réputés sans risque, dans la mesure où ils sont couverts par un système de garantie des dépôts mis en place par l'État depuis 1999. Même si votre banque fait faillite demain, vos avoirs seront protégés," écrit à ce sujet le site Moneyvox.
À l'heure où le taux du livret A est gelé à 3%, un placement qui rapporte 8% sans risque est donc totalement impossible.
Liens sponsorisés et publicités en ligne
Mais alors, comment cette arnaque s'est-elle retrouvée en si bonne place dans les résultats d'une recherche Internet?
Les escrocs payent tout simplement les moteurs de recherche pour apparaître dans les premières propositions. On reconnaît les sites qui ont opté pour ce référencement tarifé à la mention "sponsorisé" à gauche de l'écran. Méfiance donc à l'égard de ce type de sites de placements.

Une enquête du journal Le Monde publiée le 26 mars dernier a d'ailleurs détaillé le modus operandi de ces arnaques, de la création du site à l'achat de publicités sur Internet et les réseaux sociaux, en passant par l'usurpation d'entreprises, de stars et de médias eux-mêmes.
Le Monde a ainsi détecté un faux article avec son entête, publié sur des sites frauduleux et prétendant que des célébrités avaient fait fortune grâce à ces placements prétendument juteux.

Usurpation d'entreprises
Dans l'exemple sur lequel RMC Conso a enquêté, après recherche, une entreprise nommée DVL Conseils existe bel et bien mais exerce son activité sous la dénomination commerciale "Lokey" et propose du conseil en investissement locatif.
Contactée, Lokey confirme à RMC Conso être victime d'une usurpation et prendre les mesures nécessaires contre cette fraude.
L'usurpation d'un nom connu, qu'il s'agisse d'une banque, d'un courtier en crédit ou en assurance, d'une star de l'information ou encore d'un média, permet aux escrocs de mettre leurs victimes en confiance. C'est souvent parce qu'elles sont persuadées d'avoir affaire à une entreprise qu'elles connaissent que ces cibles tombent dans le piège.
Allianz et Meilleurtaux parmi les victimes
Le journal Le Parisien a par exemple récemment relaté l'histoire d'un couple ayant versé 300.000 euros à un escroc, persuadé d'avoir affaire à un conseiller Allianz qui leur promettait un livret d'épargne très rémunérateur.
Guillaume Autier, président du courtier en ligne Meilleurtaux, a par ailleurs expliqué dans une interview au magazine Challenges rencontrer ce type de cas toutes les semaines, avec des préjudices variant de quelques milliers d'euros à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d'euros. L'argent est généralement versé sur des comptes à l'étranger, quasiment impossibles à tracer.
La plateforme "DVL Services" que nous avons analysée est par exemple hébergée en Lituanie. Mais ces escroqueries reposent sur des réseaux criminels très bien organisés et faisant intervenir plusieurs intermédiaires, comme l'a expliqué Le Monde. Impossible donc de savoir où se trouve la tête du réseau.
Une liste noire sur le site de la Banque de France
Même s'il est important de porter plainte, les chances des victimes de revoir leur argent sont malheureusement très minces.
Pour vous prémunir contre ce type d'arnaque, RMC Conso vous conseille de vérifier que le site d'investissement qui vous intéresse n'est pas répertorié sur la liste noire de la Banque de France. Ce moteur de recherche référence près de 8000 sites et adresses e-mail frauduleux. Mais attention, il est loin d'être exhaustif. La preuve: il ne mentionne pas "DVL Services".
Le meilleur moyen de ne pas se faire avoir reste donc d'être particulièrement vigilant, en gardant en tête les trois principaux signaux d'alerte: attention aux publicités sur Internet; attention aux trop belles promesses et, plus délicates à repérer, attention aux usurpations d'identité.