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Fraude bancaire: bientôt un nouvel outil contre l'arnaque au faux conseiller

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Le préjudice des fraudes bancaires par manipulation s'élève à 203 millions d'euros pour les six premiers mois de 2023. Mais un nouvel outil pourrait permettre de mieux lutter contre ces escroqueries.

Une solution pour empêcher certaines fraudes bancaires par téléphone opérationnelle d’ici cet automne? C’est la promesse faite par Romain Bonenfant, directeur général de la Fédération française des télécoms, dans les colonnes du Parisien jeudi 8 février.

Il s’agit en fait d’une disposition de la loi Naegelen de juillet 2020 qui devait entrer en vigueur au plus tard en juillet 2023 mais qui a rencontré quelques complications en termes de mise en œuvre.

L’idée, en théorie, est simple: rendre impossible l’usurpation de numéro de téléphone, une technique utilisée par de nombreux centres d’appels pour démarcher les consommateurs. Mais ce procédé, dont l’objectif principal est d’empêcher le démarchage téléphonique intempestif, pourrait aussi s’avérer particulièrement utile dans la lutte contre certaines fraudes bancaires.

Le "spoofing", une fraude bancaire redoutable

Au premier semestre 2023, le préjudice total des fraudes bancaires par manipulation s’élevait à 203 millions d’euros, selon l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. On entend par manipulation le fait que l’escroc utilise une fausse qualité pour amener sa victime à lui verser de l’argent sans qu’elle ne s’en rende compte. Souvent, cette fausse qualité est celle de conseiller bancaire. Et pour encore plus de crédibilité, un deuxième stratagème est parfois utilisé: l’usurpation de numéro de téléphone.

Cette technique est connue sous le nom de "spoofing" et consiste à faire apparaître sur l’écran mobile de la victime le numéro de téléphone de sa banque. Le but est simple: mettre la personne ciblée en confiance pour la pousser à valider des opérations en lui faisant croire qu’elle les stoppe au contraire.

Un outil pour bloquer les usurpations de numéros

L’objectif du dispositif de la Fédération française des télécoms est de bloquer l’escroquerie puisqu’en théorie, l'arnaqueur ne pourra plus communiquer avec sa victime à l’aide du numéro de téléphone de sa banque. L’appel sera effectivement coupé dès que l’opérateur aura identifié que l’appelant utilise un numéro qui ne lui appartient pas.

"Ce dispositif repose sur une coopération entre les 200 opérateurs concernés, sur le même principe que la portabilité des numéros qui permet aux abonnés de conserver leur numéro de téléphone quand ils changent d’opérateur", détaille Romain Bonenfant à RMC Conso

"Le processus permet aux opérateurs de certifier qu’un numéro utilisé est conforme au plan de numérotation de l’ARCEP, l’autorité de régulation des télécoms. Cela peut éviter un certain nombre de fraudes, celles par usurpation de numéro de téléphone, mais pas toutes, pas celles qui impliquent un piratage informatique par exemple, ou l’utilisation d’un numéro de téléphone propre à l’escroc", prévient-il cependant.

Le dispositif est par ailleurs extrêmement technique et compliqué à mettre en place. Initialement prévu pour l'été 2023, il ne sera déployé qu'à l'automne 2024.

Charlotte Méritan