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Livret A, LEP, LDDS... Que servent à financer vos économies placées sur ces livrets?

Les encours des livrets d'épargne réglementée servent à financer différents projets.

Les encours des livrets d'épargne réglementée servent à financer différents projets. - Pexels

L'idée de puiser dans l'épargne réglementée des Français pour investir dans l'industrie de défense a été évoquée ces derniers jours. Une manne de plusieurs centaines de milliards d'euros. Mais que finance-t-elle actuellement ?

935,5 milliards d'euros. Voilà ce que pèsent les économies des Français placées sur des produits d'épargne réglementée, selon un rapport de la Banque de France paru en juillet 2024. Et tout cet argent ne dort pas: il est réinjecté dans l'économie. Les trois principaux livrets, Livret A, LDDS (livret de développement durable et solidaire) et LEP (livret d'épargne populaire) pèsent d'ailleurs à eux seuls le gros de cette somme immense.

Si immense que l'idée de piocher dedans pour financer le réarmement du pays est de plus en plus évoquée. Pourtant les encours de ces trois livrets d'épargne investissent déjà des choses bien précises. Le Livret A par exemple est associé à la construction de logements sociaux, qu'il finance via la Caisse des dépôts. Mais pas seulement: les encours du livret préféré des Français financent beaucoup d'autres choses.

Et qu'en est-il des autres livrets d'épargne réglementée? RMC Conso vous explique comment vos économies placées sur ces produits sont utilisées.

Le Livret A, pour le logement social mais pas que

56 millions de Livrets A sont ouverts en France, pour un encours total de 403,9 milliards d'euros. Une somme qui a augmenté au cours des dernières années grâce à l'attractivité retrouvée de ce placement dont le rendement s'est hissé à 3% pendant deux ans. Il vient seulement de baisser à 2,4% le 1er février dernier.

On a tendance à dire que les fonds collectés sur le Livret A financent la construction de logements sociaux. Mais cela est réducteur. En effet, l'encours de ce placement est divisé en deux parties: une gérée par la Caisse des dépôts et consignations, une institution financière publique. Et l'autre par les banques.

Cette première partie est la plus importante puisqu'elle représente 59,5% des fonds collectés sur les livrets. Ils sont placés dans le Fonds d'épargne de la Caisse des dépôts. Et cette dernière réinvestit cet argent dans plusieurs projets.

"La dominante, c'est le logement social", confirme Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l'épargne. "Mais une part importante de cette épargne finance la politique de la ville, le renouvellement urbain. Et surtout, un tiers de ces 59,5% est réinvesti en titres d'emprunts publics comme des bons du Trésor".

Les 40,5% restants de l'encours total sont donc gérés par les banques. Qui sont tenues de réinvestir cet argent dans le développement ou la création de PME. La Cour des comptes vérifie tout de même l'usage que les établissements de crédit font de ces encours décentralisés du Livret A.

Ainsi, sur les quelque 404 milliards d'encours du Livret A, on peut estimer qu'environ 150 milliards sont réinjectés dans la construction de HLM et autres logements sociaux.

Le LDDS finance l'économie sociale et solidaire

Le Livret de développement durable et solidaire pèse un total de 148,9 milliards d'euros et est quasiment calqué sur le Livret A. Il a le même rendement (2,4%), et ses encours partent aussi pour une part vers la Caisse des dépôts (59,5%) et reste pour l'autre dans les banques. Ses deux seules différences sont son plafond, qui est de 12.000 euros contre 22.950 pour le Livret A. Et le fléchage de cette épargne qui n'est pas tout à fait le même.

"La Caisse des dépôts finance davantage via les fonds du LDDS des projets verts comme des rénovations énergétiques. Ou alors des entreprises et structures associatives centrées sur l'économie sociale et solidaire", détaille Philippe Crevel.

Comme pour le Livret A, cette part du Fonds d'épargne de la Caisse des dépôts investie dans des prêts à long terme pèse environ les deux tiers de ces 59,5%. Le dernier tiers est investi dans des actifs financiers, "afin de contribuer à la rémunération des épargnants et de leur assurer la liquidité de leurs dépôts", explique la Caisse des dépôts.

Ce sont aussi les banques qui gèrent les 40,5% restants. Mais la Caisse des dépôts précise sur son site que la loi leur fixe des obligations. Les entreprises dans lesquelles elles réinvestissent doivent être des PME, et être en lien avec transition écologique et énergétique.

Le LEP, une part plus importante allouée aux banques

Les quelque 11 millions de Livrets d'épargne populaire pèsent un total de 71,7 milliards d'euros. Ce placement est plus intéressant que le Livret A et le LDDS car son taux est actuellement de 3,5%. Mais il est réservé aux ménages percevant des revenus modestes: moins de 22.822 euros par an.

Si vous possédez un livret de ce type, sachez que vos économies ne sont pas utilisées tout à fait de la même manière qu'avec les autres livrets d'épargne réglementée. Une partie est bien centralisée à la Caisse des dépôts, mais elle est moindre: de l'ordre de 50%.

L'orientation de cet argent est relativement la même que pour le Livret A. Ainsi, la moitié des économies placées sur votre LEP finance globalement le logement social, la politique de la ville. L'autre moitié est donc laissée aux banques qui réinvestissent cet argent dans des entreprises. Si l'on est là sur un partage 50/50 et non 60/40 comme avec le Livret A, c'est en partie afin de garantir le meilleur taux de rémunération de ce livret.

Arthur Quentin