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"Pouvoir d'achat artificiel", taux d'intérêts cachés: attention aux paiements fractionnés

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Les paiements fractionnés ont la cote en pleine période d'inflation. Mais à l'approche de Noël, la prudence est de mise, alors que ces paiements en plusieurs fois ne sont pas toujours sans frais et font courir un risque de surendettement.

Les services de paiements fractionnés séduisent de plus en plus de consommateurs. Presque la moitié des Français a déjà utilisé ce genre de mini-crédit (44% d'après une étude de l'institut Kantar réalisée en avril 2023). Et à l'approche de Noël, la tentation est grande d'étaler les dépenses alors que l'inflation fait rage.

Par choix ou par nécessité, de plus en plus de clients se tournent vers cette formule. C'est le cas de Laura qui, depuis trois mois, multiplie les paiements fractionnés pour tous ses achats du quotidien. C'est devenu indispensable pour elle: "Avec la période d'inflation actuelle, c'est quelque chose que j'utilise plus souvent", assure-t-elle à RMC.

Pour d'autres, c'est aussi un moyen de préserver les achats plaisirs sans se ruiner. Laetitia a récemment payé en trois fois un soin en institut de beauté. Elle n'aurait pas pu investir 350 euros d'un coup: "Si je n'avais pas su que ça existait, je ne l'aurais pas fait. C'était une trop grosse dépense pour un achat d'impulsion", reconnaît-elle.

L'invité de Charles Matin : Paiements fractionnés, le risque du surendettement ? - 17/11
L'invité de Charles Matin : Paiements fractionnés, le risque du surendettement ? - 17/11
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"Pas toujours sans frais"

Mais attention, cette solution a ses limites, comme le rappelle Mélanie Saldana, juriste pour l'association de consommateurs UFC-Que choisir: "Tous les mois, le consommateur va devoir payer plus cher pour payer l'appareil qu'il souhaite acheter, plus les intérêts. Et s'il oublie une échéance, il peut y avoir des pénalités appliquées et cela peut-être très cher".

"Au départ, ce n'est pas un réel problème, mais l'accumulation pour une seule personne peut générer de réels soucis et un surendettement", abonde Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l'Epargne, qui évoque une pratique qui développe du "pouvoir d'achat artificiel".

Et il prévient: "Ce n'est pas toujours sans frais, il peut y avoir l'adhésion à une carte magasin ou des taux d'intérêt cachés et il faut éviter de multiplier ce genre d'actions, car on risque de ne pas maîtriser ses capacités de remboursements".

Pour protéger les consommateurs, ces paiements seront bientôt mieux encadrés. A partir de 2026, il faudra prouver sa solvabilité pour échelonner ses paiements, a décidé l'Union européenne.

Nina Droff et Mathys Caron