Skier gratuitement? C'est possible dans cette petite station des Alpes suisses

Des skieurs font la queue pour les remontées mécaniques dans une station de ski (photo d'illustration) - Olivier Chassignole / AFP
Si en France il existe plusieurs stations de ski relativement peu chères, que RMC Conso vous a listées ici, en Suisse il y a mieux. Un domaine skiable complètement gratuit. À Télégiettes, pas besoin de forfait pour emprunter les remontées mécaniques. Cette petite station située dans le canton de Valais, à deux pas de la frontière française, est gérée par Alain Bosco. Ce passionné de ski finance le domaine de sa poche depuis 2004.
Mais Télégiettes existe depuis plus longtemps que ça. Contacté par RMC Conso, l'actuel propriétaire raconte que la station a été créée dans les années 1960 et qu'il s'agissait alors d'une des premières de Suisse. Ses créateurs avaient alors de même grands projets puisqu'il était prévu qu'elle soit reliée aux Portes du Soleil, un des plus grands domaines skiables du monde reliant entre elles 12 stations de France et de Suisse.
"Pour x raisons ça ne s'est pas fait. Cette petite station est donc restée seule. Elle a connu un âge d'or dans les années 1970 et 1980 avant de péricliter puis de fermer", raconte Alain Bosco.
Ouvert chaque hiver depuis 2004
Alors que les autres stations aux alentours s'étaient considérablement développées attirant toujours plus de skieurs, Télégiettes a végété et a fini par ne plus faire le poids. Il faut donc attendre 2004 pour qu'Alain Bosco lui donne une seconde vie. À quelques pas des vieux téléskis en panne et désuets cet entrepreneur crée un hôtel de luxe, le Whitepod, dont la particularité est que les chambres sont des petits dômes transparents en forme d'igloos.
Le succès est immédiat et rapporte de l'argent. Le Suisse décide donc de financer la réparation puis remise aux normes des petites remontées mécaniques de Télégiettes. Le domaine skiable de nouveau accessible, il ne le réserve pas qu'aux clients de l'hôtel. Au contraire, il l'ouvre à tout le monde, et gratuitement.
Cela fait maintenant plus de 20 ans que cela dure. Alain Bosco a désormais 53 ans, il a revendu l'hôtel Whitepod qu'il a créé et a d'autres activités à côté. Mais il continue de financer sur ses propres deniers la petite station, qui ouvre au moins deux week-ends par mois chaque saison hivernale, et quand l'enneigement le permet (la station va de 1.300 à 1.800 mètres d'altitude).
Huit kilomètres de pistes
Deux téléskis permettent d'accéder à en tout huit kilomètres de pistes. Deux de ski alpin, une de free ride, une longue piste de ski de fond ainsi que des parcours en raquettes. Peu, certes, par rapport aux immenses domaines qui se sont développés partout autour. Mais largement suffisant pour s'offrir de belles expériences de glisse, et sans avoir à débourser jusqu'à 80 euros pour une journée de forfait.

Chaque week-end où le domaine est ouvert, des dizaines voire centaines de personnes viennent profiter de Télégiettes. Aussi bien des Suisses que quelques Français, et des skieurs expérimentés que des débutants. Alain Bosco se réjouit ainsi de faire découvrir le ski, sport "anciennement populaire devenu élitiste", à une jeunesse parfois défavorisée. Mais s'agace du soutien qu'il ne reçoit pas ni de l'État suisse ni d'autres stations.
"Le rôle des petites stations pas chères voire gratuites comme la mienne est sous-estimé. Beaucoup de gens viennent skier pour la première fois de leur vie chez moi. Et après avoir découvert ce sport, ils vont dans de plus grandes stations les années suivantes. Finalement, je leur envoie de la clientèle", affirme à RMC Conso le gérant de Télégiettes.
Un entretien coûteux malgré quelques mécènes
Le fonctionnement et l'entretien de la station lui coûtent environ 60.000 euros par saison. Avec les dons de quelques visiteurs, de communes aux alentours et de quelques entreprises, il parvient à amortir de moitié ce coût. Mais il doit tout de même financer lui-même les 30.000 euros.
"Je ne fais pas le calimero, personne ne m'oblige à faire cela", insiste Alain Bosco. Il n'implore pas à ce qu'on l'aide à financer sa station. Mais juge simplement que ce serait davantage le rôle de l'État fédéral que le sien de permettre à des gens de skier gratuitement. Et que mettre un peu d'argent supplémentaire permettrait de créer des infrastructures supplémentaires.
Qu'à cela ne tienne. La station ouvre bien les week-ends, grâce à lui et un jeune qui font fonctionner les deux téléskis de 10h à 16h. Télégiettes est-elle d'ailleurs la seule station de ski gratuit?
"À mon avis oui nous sommes les seuls. Mais je ne suis pas allé voir dans tous les fonds de vallée s'il n'y avait pas un petit tire-fesses gratuit quelque part...", admet Alain Bosco.
Possible de privatiser le domaine
Une autre chose qu'il est un des seuls à proposer avec Télégiettes est le fait de pouvoir privatiser son domaine skiable. Alain Bosco a lancé cela il y a un an. Si vous le souhaitez, vous pouvez avoir les pistes rien que pour vous le temps d'une journée ou plus. Comptez 1.000 euros par jour.
Cette nouveauté proposée en semaine permet d'amortir encore un peu les frais qu'il avance chaque année. Des écoles, mais aussi des entreprises en séminaire ou des très grands groupes d'amis ont réservé le domaine de Télégiettes. Sur place, ils peuvent profiter de restaurants et d'une auberge.
Vous êtes conquis et souhaitez vous rendre à Télégiettes pour skier gratuitement ou privatiser le domaine? Reste à vous y rendre. En train depuis la France, vous devrez d'abord prendre un TGV pour Lausanne ou Genève, d'où vous devrez prendre deux trains jusqu'à la gare de Monthey, la petite ville située au pied de la station.