Chèque-énergie 2025: pourquoi son versement ne sera finalement pas si automatique

La campagne 2025 du chèque-énergie s'annonce presque aussi mouvementée que celle de l'année dernière. Traditionnellement, cette aide comprise entre 48 et 277 euros et censée aider les ménages les plus modestes à payer leurs factures de gaz et d'électricité était versée entre fin mars et fin avril. Et ce automatiquement, à ses quelque 6 millions de ménages bénéficiaires.
Mais cette année, on sait d'abord qu'il sera envoyé plus tard. Pas avant le second semestre, donc juillet, en raison de l’adoption tardive de la loi de finances pour 2025. Mais, autre point noir: d'après le Médiateur national de l'énergie, son attribution ne sera que "semi-automatique" en 2025. Explications.
Le couac de 2024
De 2018 (année du lancement de ce dispositif) à 2023 son versement pouvait être automatique car les bénéficiaires étaient identifiés grâce au paiement de leur taxe d'habitation. Mais cette dernière ayant été supprimée en 2023, les foyers nouvellement éligibles au chèque-énergie n'ont pas pu être directement identifiés en 2024. Près d'un million de personnes étaient donc appelées à se manifester d'elles-mêmes pour obtenir l'aide à laquelle ils avaient droit.
Mais beaucoup d'entre eux ne l'ont pas fait. En novembre, RMC avait révélé que seuls 53.000 chèques avaient été octroyés via le guichet mis en place sur chequeenergie.gouv.fr. Pour éviter un couac similaire, le gouvernement a cherché à rétablir cette automaticité en modifiant la manière d'identifier les bénéficiaires cette année.
"L’attribution sera automatique pour les ménages identifiés grâce au croisement des données de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) avec celles des gestionnaires de réseaux publics de distribution d’électricité et des fournisseurs d’électricité", explique le médiateur national de l'énergie sur son site.
Une nouvelle manière d'identifier les bénéficiaires
Auparavant, les données de la DGFIP étaient déjà utilisées pour trouver les bénéficiaires. Ces derniers étaient identifiés par l'administration grâce à leur revenu fiscal de référence (RFR, il faut qu'il soit inférieur à 11.000 euros) et donc la taxe d'habitation, qui lui permettait de connaître la composition des foyers.
Cette première donnée, le RFR, est donc encore utilisée. Mais il sera désormais croisé avec le point de livraison (PDL), ce numéro à 14 chiffres permettant à Enedis d’identifier votre habitation avec le plus de précision possible. Et pour Frédérique Feriaud, directrice générale au médiateur national de l'énergie, cette méthode n'est pas infaillible.
"Avec les croisements de fichiers, surtout entre deux administrations distinctes comme c'est la cas là, il peut y avoir des loupés. Il suffit qu'une adresse ne soit pas renseignée dans le fichier d'Enedis de la même façon que dans celui de la DGFIP pour qu'il y ait un trou dans la raquette. Imaginons qu'un nom de rue prenne una accent dans l'un et pas dans l'autre", s'inquiète-t-elle.
Des ménages non identifiés en 2025
Cette experte relève que pour le Tarif de première nécessité (TPN), l'ancêtre du chèque-énergie qui permettait d'obtenir une réduction sur le prix de l'électricité, un système similaire était en place. Ses bénéficiaires étaient identifiés grâce au croisement des fichiers d'adresses entre la CPAM et le fournisseur d'électricité du foyer.
"À l'époque plusieurs études avaient montré que ces croisements faisaient perdre des bénéficiaires", retrace Frédérique Feriaud. C'est une des raisons pour lesquelles le chèque-énergie a été mis en place, utilisant la taxe d'habitation qui était infaillible car toutes les données étaient détenues par les services fiscaux.
On peut donc prévoir que certains ménages ne seront pas identifiés par les croisements de données. Ceux-là pourront se signaler en renseignant leurs informations sur un portail en ligne dédié ou par courrier. Comme l'année dernière donc, où le million de nouveaux bénéficiaires était appelé à faire une démarche similaire.
Anticiper en vérifiant son éligibilité
Frédérique Feriaud ose espérer que cette année, cela ne concernera pas autant de monde. Mais il faut s'attendre à quelques loupés, et la directrice générale du médiateur national de l'énergie appelle les publics concernés à être vigilants.
"Un simulateur d'éligibilité est disponible sur le site du chèque-énergie. Faites le test dès maintenant. Si vous êtes éligible et que pendant la campagne d'envoi vous ne le recevez pas, alors vous serez légitimes à le réclamer sur le portail qui sera mis en place", recommande-t-elle.
Ce portail en ligne pour signaler sa non-réception du chèque-énergie devrait donc ouvrir en même temps que le début de la campagne d'envoi. Au second semestre.