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Pénurie de médicament: que prévoit la "feuille de route" du gouvernement pour éviter les ruptures?

Des sirops pour enfants, qui font partie des produits pour des enfants victimes de pénuries.

Des sirops pour enfants, qui font partie des produits pour des enfants victimes de pénuries. - BFMTV

Alors que de nombreux médicaments rencontrent de nouvelles pénuries, le gouvernement a présenté ses propositions pour limiter les risques de rupture dans les prochains mois. Des mesures qui espèrent agir sur toute la chaîne de soin.

Anticancéreux, antidiabétiques, amoxicilline... De nombreux traitements ont connu une pénurie ou des tensions d'approvisionnement en 2023. En tout, près de 5.000 médicaments ont été en rupture de stock, d'après l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Environ 31% de plus qu'en 2022 et 123% de plus qu'en 2021.

Pour lutter contre de nouveaux manques, le gouvernement prévoit une nouvelle "feuille de route" à mettre en place entre 2024 et 2027. Les contours du plan, dont les mesures ont été consultées par Le Parisien, ont été présentés ce mercredi.

Cette nouvelle stratégie a été élaborée par Catherine Vautrin, la ministre du Travail et de la Santé, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux et son homologue à l’Industrie Roland Lescure. Leur objectif est clair: "Garantir la disponibilité des médicaments et assurer à plus long terme une souveraineté industrielle".

Surveiller les 450 médicaments dits "essentiels"

Le plan du gouvernement prévoit de "renforcer la surveillance de la disponibilité" des 450 médicaments jugés "essentiels". La liste exacte de ces derniers avait été établie en juin dernier par l'exécutif.

"Plus de 50% des médicaments de cette liste ont fait l'objet de signalements de rupture ou de risque de rupture auprès de l'ANSM durant les deux dernières années", indique la feuille de route du gouvernement.

Cette liste sera par ailleurs "réactualisée tous les ans" à partir de 2025. En cas de pénurie de ces traitements, un "plan blanc médicament" pourra être lancé. Ce dispositif obligera notamment les pharmaciens à les prodiguer à l’unité. Le plan prévoit également de mieux détecter les risques avant-coureurs de rupture avant un signalement des pharmaciens.

Moins de prescriptions de médicaments en rupture

Les médecins, aussi bien généralistes que spécialistes, seront incités à moins prescrire les traitements en pénurie. Ces derniers seront encouragés à les remplacer par des molécules équivalentes qui seront indiquées dans de futures listes de "concordances" et "d’équivalence" établies par les agences de Santé. Les pharmaciens auront également accès à ces listes.

La ministre de la Santé invite également les officines à s'approvisionner auprès de "grossistes répartiteurs" plutôt que par les laboratoires. Selon elle, cela pourrait éviter aux petites pharmacies de ne pas être livrées.

"Ces derniers mois, on s’est retrouvé avec de nombreuses petites pharmacies qui n’étaient pas livrées. 80 % des livraisons doivent passer par les grossistes, et maximum 20 % sans intermédiaire", explique Catherine Vautrin qui prévoit des "contrôles".

Relocaliser la production

Pour limiter les ruptures et les tensions de stocks, le plus efficace reste sans doute d'avoir plus de production sur le territoire. Un plan de relocalisation avait déjà été présenté en juin dernier par Emmanuel Macron. En tout, près de 8 projets de relocalisations avaient été annoncés, notamment pour augmenter la production d’amoxicilline. "De nouvelles ouvertures de lignes de fabrication doivent être annoncées ces prochains mois", promet cette fois-ci le gouvernement.

"Il faut relocaliser, mais aussi éviter les départs. Désormais, si un industriel veut arrêter un médicament important, il devra tout faire pour trouver un repreneur", a déclaré Roland Lescure.

Alors qu'il vient à peine d'être annoncé, le plan anti-pénuries présenté par les trois ministères est déjà jugé insuffisant par l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. "Le gouvernement, depuis 2017, s’avère incapable de garantir notre sécurité sanitaire en réduisant ces pénuries", regrette l'Observatoire sur X.

Sabrine Mimouni