Stretchflation, cheapflation, greedflation... Comment identifier ces pratiques en magasin?

Des clients font leurs achats dans les rayons d'un Carrefour Planet à Ecully, le 25 Août 2010, près de Lyon. (Illustration) - AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES
Des méthodes pour tromper les consommateurs. Shrinkflation, cheapflation, greenflation et plus récement stretchflation... Les industriels ne manquent pas de créativité pour vendre plus cher tour en réduisant soit la quantité de produit, soit la quantité d'ingrédients de qualité. RMC Conso vous explique comment repérer ces pratiques qui pullulent en rayons.
• Qu'est-ce que la stretchflation?
C'est la dernière arrivée parmi les multiples pratiques industrielles douteuses. La stretchflation, dont le nom vient du verbe "to stretch" qui signifie "étirer" en anglais, est une méthode qui consiste à augmenter le poids d’un produit tout en faisant flamber son prix au kilo ou au litre.
Pour illustrer cette méthode, le journaliste spécialisé en consommation Olivier Dauvers a pris l’exemple des boîtes de crackers Monaco à l'emmental de la marque Belin. Le format est passé de 100 à 110 grammes, soit une hausse de 10%. Le prix, lui, a flambé de 1 euro à 1,29 euro, soit une augmentation de 29%. Le tarif au kilo est mécaniquement passé de 10 à 11,70 euros, soit une hausse de 17%.
Les clients qui ne prêtent pas attention aux prix au kilo peuvent par conséquent se faire avoir en pensant faire une bonne affaire.
"En changeant la contenance des produits, on brouille les repères que peuvent avoir les consommateurs. Quand on brouille les repères volume ou les repères poids, on rend moins facile la comparaison avec ce que le produit était avant", explique Olivier Dauvers sur BFM Business.
• Qu'en est-il de la shrinkflation?
La shrinkflation est une stratégie marketing qui repose sur la réduction de la quantité d'un produit, qu'il soit alimentaire ou hygiénique, tout en maintenant, voire en augmentant son prix. Cet anglicisme vient d'ailleurs du mot "to shrink" qui signifie "rétrécir". L'ONG Foodwatch a relevé un panel de 6 produits touchés par le phénomène dès 2022. Depuis, près de 150 articles ont été épinglés, comme le rappelle la liste diffusée par BFMTV.
"Parmi les produits les plus touchés, on peut citer les céréales, les barres chocolatées, les produits d’hygiène ou même du fromage", explique l'UFC-Que Choisir d'Aix-en-Provence.
Depuis le 1er juillet dernier, les supermarchés de plus de 400m2 doivent épingler les articles concernés par la shrinkflation en y apposant une affichette "visible" et "lisible" à proximité, ou même directement sur l'emballage.
Mais comme l'évoque 60 millions de consommateurs, de "nombreux formats" permettent aux industriels de "modifier le poids de leur contenu à leur guise, sans tomber sous le coup de cette réglementation".
• Quid de la cheapflation?
Augmenter le prix tout en réduisant, voire en supprimant les ingrédients de qualité. C'est le principe de la cheapflation, contraction de "cheap", qui signifie "bon marché", et inflation.
"La cheapflation qualifie la dégradation de la qualité d’un produit – nutritionnelle à savoir la valeur énergétique, la teneur en lipides, en protides, en vitamines ou organoleptique liée à l’aspect, au goût, à la saveur – et l’augmentation de son prix au litre ou au kilo", analyse Foodwatch.
Les marques Fleury Michon ou encore Le Gaulois ont été épinglées par Foodwatch en avril dernier pour y avoir recours. La première a réduit la quantité de chair à poisson dans ses bâtonnets tout en gonflant le prix de 40% entre 2021 et 2023, selon l'organisation.
La deuxième a quant à elle diminué "la quantité de viande de poulet en salaison de 58% à 54% et d’emmental de 5% à 3% dans son escalope cordon bleu poulet", explique l'ONG. Aussi, le pourcentage de chapelure est passé de 22 à 26%.
"Le prix au kilo du produit a augmenté de 25% en tenant compte de l’inflation (constatée chez Leclerc)", dénonce Foodwatch.
• Et la greenflation?
Cette pratique, dont le nom est tiré du mot anglais "greed" qui signfie "avidité", concerne les industriels qui augmentent leur prix sans justifier de véritables hausses de coût de production et qui prétextent simplement l'inflation globale.
La greedflation a été pointée du doigt par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), qui a estimé que la hausse des profits des entreprises a été partiellement responsable de l’inflation en Europe en 2022. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) à quant à lui affirmé que les profits avaient "joué un grand rôle, contribuant à 45% de l'inflation", entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023.