Covoiturage: pourquoi la prime de bienvenue pour les utilisateurs de Blablacar disparaît

Un panneau indique une aire de covoiturage près de Toulouse, le 5 avril 2018. ( Illustration) - PASCAL PAVANI © 2019 AFP
Ce mercredi, certains pratiquants de la plateforme Blablacar ont découvert par email la mauvaise nouvelle. "Nous vous contactons pour vous informer que nous sommes contraints de retirer l’offre de bienvenue de 25 euros en raison de l’annulation par le Conseil d’État de l’arrêté conditionnant sa mise en œuvre", écrit la première entreprise de covoiturage.
Depuis le 1er janvier 2023, une prime de 100€ était versée aux conducteurs qui se lancent dans le covoiturage de courte distance. Une partie est alors versée pour le premier trajet (25 euros) et le reste au dixième voyage, s'ils sont tous effectués dans un délai de trois mois.
Mais le Conseil d'État a décidé d'annuler ce dispositif pour les primo-utilisateurs de la première application du marché, comme l'expliquent nos confrères du Monde. Selon le quotidien, près de 420.000 utilisateurs Blablacar ont bénéficié de cette offre, parmi les 20 millions revendiqués.
Un double jeu pour la plateforme
Blablacar avait tout intérêt à jouer au jeu de la prime aux utilisateurs. Mise en place par le ministère de la Transition écologique pour encourager la pratique du covoiturage, cette opération a permis à la plateforme d'élaborer un partenariat avec ToTalEnergies.
Grâce à une pratique dite de "pollueur-payeur" dans le cadre d'un système de certificats d'économie d'énergie (CEE), le géant de l'énergie est dans l'obligation de financer des actions en faveur d'entreprises vertueuses pour l'environnement, comme Blablacar. Cela se déroule sous la forme d'un financement de projets, contre ces certificats remis à TotalEnergie. Au final, l'entreprise de covoiturage encaisse une certaine somme, dont les utilisateurs n'ont touché qu'une partie, sous la forme de cette fameuse offre de bienvenue.
Pour le Conseil d'État, la plus haute juridiction de l'ordre administratif français, cette pratique, destinée initialement à inciter au covoiturage, est "une erreur manifeste d'appréciation".
Des utilisateurs lésés
Via ce système mis en lumière, un premier trajet Blablacar permettait à la plateforme de recevoir 130 euros. Reversés à hauteur de 25 euros et jusqu'à 100 euros. Mais pour FlixBus, une application concurrente sur les trajets de longues distances, qui a porté l'affaire devant le Conseil d'État, la part du gâteau restante n'était pas assez grosse.
"On a considéré que cette concurrence était favorisée par une manne financière indue", a expliqué au Monde Charles Billiard, responsable de la communication de FlixBus.
Les covoitureurs qui comptaient sur cette prime vont donc devoir faire sans. Chaque nouvelle demande sera rejetée.
Comme l'annonce le ministère de l’Économie, contacté par Le Monde, "les administrations sont en train d’évaluer les conséquences à tirer de la décision [du Conseil d'État]". Pour Nicolas Brusson, directeur général de Blablacar, cité par le quotidien, aucune demande de remboursement ne sera demandée aux conducteurs.