RMC Conso
Conso

Urgences, médicaments, absence à un rendez-vous: les patients vont-ils bientôt devoir dépenser plus?

La franchise médicale pourrait passer à 1 euro dans les prochains mois.

La franchise médicale pourrait passer à 1 euro dans les prochains mois. - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Le budget santé des Français devrait être revu à la hausse dans les prochains mois. Pour cause, le gouvernement prévoit plusieurs mesures qui risquent de faire dépenser davantage d'argent aux malades.

Hausse de la franchise médicale, taxe lapin, pénalisation en cas de passage injustifié aux urgences... Le gouvernement prévoit de durcir l'accès au soin. Plusieurs mesures ont été annoncées durant la conférence de presse d'Emmanuel Macron ce mardi. Dès les prochains mois, les Français pourraient être amenés à dépenser davantage d'argent pour se soigner. RMC Conso fait le point sur ce qui pourrait changer.

• La franchise médicale va passer de 50 centimes à 1 euro

Après plusieurs mois d’hésitation au sein même du gouvernement, Emmanuel Macron a rappelé lors de sa conférence de presse que le doublement de la franchise médicale serait bel et bien mis en place, sans pour autant donner de date. Créée en 2008 par Nicolas Sarkozy alors président, cette franchise correspond au montant payé par le patient lorsqu’il achète un médicament ou un service paramédical (kiné, soins infirmiers…). Seuls les mineurs, les femmes enceintes et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire ou de l'aide médicale de l'Etat (AME) en sont exemptés.

Cette dernière était jusqu'ici de 50 centimes par boîte de médicaments et par acte paramédical. Emmanuel Macron préconise de la doubler en la faisant passer à 1 euro par boîte. Les Français paieront par conséquent plus cher leurs médicaments. Mais le plafond de 50 euros annuel sera toutefois maintenu. En plus de permettre de faire des économies, cette augmentation vise également à responsabiliser la population concernant sa consommation médicale, comme l’a affirmé le président.

Mais cette mesure ne fait pas l’unanimité chez les professionnels du secteur. Interrogé à ce sujet par nos confrères de France Info, le président de France Asso Santé Gérard Raymond qualifie cette hausse de "coup de canif”. “Ce n'est pas comme ça qu'on va responsabiliser les patients et les personnes qui ont besoin de soins", dénonce-t-il. Ce dernier appelle plutôt à “responsabiliser les prescripteurs”.

• Pénalisation des passages “injustifiés” aux urgences

“Quand vous avez des gens qui, même avec des petits bobos, après deux ou trois fois, continuent d’aller directement aux urgences, eh bien, il faut les responsabiliser. C’est-à-dire qu’il y a un reste à charge. Parce que sinon, ça ne va pas”, a avancé le chef de l'État mardi.

Si le gouvernement entend bel et bien pénaliser les passages “injustifiés” aux urgences, les détails de cette mesure n’ont pas été clarifiés par le chef de l'État. “C’est quelque chose qu’on est en train de regarder avec les hôpitaux”, a-t-il répondu aux journalistes demandant des détails.

Une pénalité, baptisée “forfait patient urgences” (FPU), existe déjà depuis le 1er septembre 2022. En effet, les malades qui passent aux urgences sans être hospitalisés doivent s'acquitter d’une facture de 19.61 euros. Cette somme est généralement remboursée par les mutuelles.

• La taxe lapin en cas de rendez-vous non honoré

Évoquée au printemps dernier par Gabriel Attal, alors ministre des Comptes publics, dans les colonnes de Ouest France, une taxe visant à punir les personnes qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux est également à l'étude.

“Je souhaite que l’on puisse avoir un mécanisme qui permette de sanctionner les absences. Si vous ne vous présentez pas, le remboursement du rendez-vous suivant serait minoré d’une certaine somme qui pourrait être de 10 euros. 5 euros iront au professionnel de santé et 5 euros à l’Assurance maladie”, avait-il avancé.

En France, environ 28 millions de rendez-vous médicaux ne seraient pas honorés chaque année. Pour faire baisser ce nombre, le Sénat a adopté un amendement pour mettre en place cette "taxe lapin" en novembre dernier.

Mais bien que votée par le Sénat, cette mesure risque “de ne pas être facile” à mettre en place. C’est en effet ce qu’a affirmé Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé sur le plateau de France Info, en décembre dernier, avant sa nomination au poste de ministre de la Santé.

“La seule personne qui est capable de dire que le rendez-vous n’a pas été honoré, c’est bien le médecin. Donc ça pose des questions sur la relation entre le médecin et son patient”, a-t-elle expliqué.
Sabrine Mimouni