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Avec l'arrivée de Dunkin' en France, les donuts ont enfin fait leur trou au pays du croissant

Un magasin de la chaîne américaine spécialisée dans les donuts Dunkin' (photo d'illustration).

Un magasin de la chaîne américaine spécialisée dans les donuts Dunkin' (photo d'illustration). - Dunkin'

Le géant américain du donut Dunkin' a annoncé l'ouverture de son premier magasin le 14 mai prochain à Paris. En 2023, c'est son concurrent Krispy Kreme qui était arrivé en France. Y a-t-il donc bien un marché pour le beignet troué au pays des viennoiseries?

C'est désormais officiel: l'enseigne de donuts américaine présente dans plus de 40 pays Dunkin' arrive en France. Cette multinationale du beignet troué ouvrira son premier magasin le 14 mai prochain à Paris, sur le boulevard Montmartre.

Un "flagship store" de 200 mètres carrés, c'est-à-dire un magasin vitrine qui servira de vaisseau amiral pour la marque. Avant qu'elle n'ouvre d'autres boutiques, toujours à Paris et en Île-de-France dans un premier temps. Puis dans d'autres agglomérations à partir de 2026.

Des donuts vendus entre 2,5 et 3,7 euros

L'arrivée de Dunkin' et ses donuts de toutes les couleurs (vendus entre 2,5 et 3,7 euros l'unité) s'inscrit dans une tendance de fond. Dans le sillage de son concurrent, Krispy Kreme, qui a ouvert son premier magasin dès décembre 2023, et s'est bien développé depuis: 18 points de vente ont ouvert en région parisienne.

Cette célèbre marque américaine de donuts a même investi la grande distribution. Depuis le 19 mars, plusieurs magasins Franprix de Paris accueillent au milieu des rayons d'imposantes armoires vertes, estampillées "Krispy Kreme" et remplies de beignets troués.

"Dès notre premier jour, on savait qu'on arriverait dans des commerces de proximité. C'est le principe même de Krispy Kreme qui, aux États-Unis ou dans d'autres pays comme en Angleterre, est présent aussi bien dans des supermarchés, des boutiques, des kiosques...", expliquait le directeur général de l'enseigne en France, Alexandre Maizoué, à RMC Conso.

Cet entrepreneur ne se cache pas de vouloir faire entrer cette pâtisserie dans les us et coutumes des consommateurs français. Il parle même de les "évangéliser" à ce produit. Une conversion pas si évidente, tant nous entretenons déjà une relation si pieuse avec le croissant, le pain au chocolat, les chouquettes et autres viennoiseries.

Une arrivée tardive en au pays des viennoiseries

C'est d'ailleurs pour cette raison que Krispy Kreme est arrivé si tard dans l'Hexagone, alors qu'il s'était déjà exporté dans une trentaine de pays. "On a toujours eu de très grosses interrogations car on nous disait qu'il n'y avait pas de marché", concède Alexandre Maizoué.

Le contexte actuel semble pourtant montrer que le donut dépasse la simple tendance, et qu'il s'agit bien d'un petit phénomène conso. Krispy Kreme en a vendus six millions en 2024, selon son directeur. Un succès qui montre qu'il existe bien un marché, et lui permet d'envisager de s'étendre à d'autres villes en dehors de l'Île-de-France d'ici deux ans. Mais surtout qui attire d'autres franchises.

L'implantation de Dunkin' désormais confirmée en est la preuve (l'enseigne l'avait d'abord annoncé en juillet 2024). Mais surtout à travers toute la France, les boutiques de donuts commencent à se multiplier, sous des franchises locales.

Un développement manifeste mais à relativiser?

On commence effectivement à en recenser de plus en plus. Parmi elles, Dreams Donuts, la plus importante avec ses quelque 80 magasins maillant presque tout le territoire de la grande métropole à la ville moyenne. Ou encore Donuts & Donuts et sa vingtaine de points de vente situés surtout dans le Nord, notamment à Lille où l'enseigne en compte trois. Et on ne compte pas tous les commerces qui se lancent sans franchise...

Malgré un développement manifeste, il y a tout de même de quoi relativiser. Le donut a réussi à se tailler une petite place dans la consommation française. Mais comme l'analyse Bernard Boutboul, expert de la restauration, cette place n'a rien à voir avec celle qu'il occupe dans d'autres pays.

"Aux États-Unis, le donut est pris au petit-déjeuner. On en ramène des boîtes de 12 au bureau le matin pour les collègues. En France, on n'en est pas là, il y a encore un trop grand gap culturel. Le Français peut se mettre à acheter un donut de temps en temps, mais il continuera d'amener ses croissants et chouquettes au bureau", considère celui qui dirige le cabinet de conseil aux entreprises de restauration Gira.

Les six millions de donuts vendus par Kriskpy Kreme sont donc à mettre en contraste avec les quelque deux milliards de croissants vendus chaque année.

Le donut peut en outre souffrir d'une mauvaise réputation (loin d'être injustifiée) auprès des nutritionnistes. Plus calorique, plus gras, plus sucré que ses concurrents franco-français. Mais aussi, souvent, très industriel.

Changer l'image du donut

En effet le beignet troué n'est pas né de la dernière pluie, on le trouve depuis de nombreuses années en France. Mais souvent dans sa version la moins reluisante: celui décongelé recouvert de sucre ou d'un nappage chimique, vendu généralement en supermarché ou dans certaines boulangeries.

Le donut de Krispy Kreme, en particulier l'Original Glazed, a le mérite d'être plutôt léger (par rapport à d'autres), pas excessivement gras. Et surtout frais: tous les beignets de l'enseigne sont produits dans son magasin vitrine des Halles. Puis envoyés chaque matin aux autres points de vente de la ville et ses alentours.

Cette image de pâtisserie trop industrielle que traine le donut l'empêche aussi d'être intergénérationnel. Ce sont essentiellement les générations Z et Y qui en consomment, plus rares sont les personnes nées avant 1980. Mais cela pourrait peut-être évoluer?

Dans un article de 2024, Le Figaro racontait que de plus en plus de boutiques ainsi que des pâtissiers de renom comme Cédric Grolet ou Pierre Hermé tentent de se réapproprier le donut. Et de lui conférer ainsi une image plus artisanale.

Arthur Quentin