Enfants contaminés à E.Coli par du morbier: une association dénonce les failles des rappels de produits

Le Morbier est caractérisé par un fil cendré qui parcourt toute la partie centrale de la meule. - ALAIN JOCARD / AFP
Il faut améliorer les procédures de retrait et de rappel de produits alimentaires. C'est en substance le message de l'association de consommateurs CLCV (Consommation Logement Cadre de Vie), qui revient dans un communiqué sur l'intoxication de plusieurs enfants à la bactérie E.Coli, après la consommation de morbier au lait cru contaminé.
Si plusieurs marques ont depuis rappelé leurs produits, une enquête a permis de déterminer qu'au total onze enfants, identifiés comme souffrant du syndrome hémolytique et urémique (SHU) lié à cette bactérie, avaient été contaminés par la même souche. Et ce à différents moments. Selon l’agence de santé, cinq enfants contaminés fin novembre 2023 appartenaient à une même crèche. Les six autres enfants, contaminés durant le mois de décembre, n’ont en revanche aucun lien avec cet établissement et résident "dans différentes régions". Début février, deux enfants étaient toujours hospitalisés dans un état grave.
Une communication "plus claire et visible"
Après l'affaire Lactalis et l'enquête sur la contamination aux salmonelles de laits infantiles en 2017, des recommandations visant à améliorer les procédures de rappels avaient pourtant été émises. Mais pour la CLCV, ces dernières ne sont "pas contraignantes et ne semblent pas avoir été mises en place dans le cas du morbier". Cette dernière appelle à une communication plus claire et suffisamment visible en magasin et en rayon.
"L’information directe des consommateurs via les programmes de fidélité et les moyens de paiement doit être mise en place lors de situations exceptionnelles comme celles-ci", écrit la CLCV, qui appelle les distributeurs à mettre en œuvre tous les moyens possibles pour informer "rapidement les consommateurs dans le cas des rappels".
Dans le détail, parmi les recommandations émises par le Conseil national de la consommation (CNC) en 2018 figurait notamment l'idée d'une information affichée à plusieurs endroits dans les magasins: à l’entrée (emplacement visible de l'extérieur), à l’accueil ou à la caisse centrale et dans les rayons concernés par le produit. Une autre recommandation portait justement sur l’information directe du consommateur via les programmes de fidélité et les moyens de paiement.
Une bactérie potentiellement mortelle
La CLCV estime que des efforts doivent encore être menés pour préserver les consommateurs, notamment dans le cadre de contaminations à la E.Coli. Car cette bactérie peut s'avérer dangereuse si elle n'est pas reconnue assez tôt, entraînant des conséquences parfois fatales.
"Si les symptômes apparaissent entre 3 et 4 jours après l’infection, ils peuvent se présenter sous la forme de douleurs abdominales et de diarrhées, lesquelles peuvent évoluer vers des formes sanglantes. Des vomissements et de la fièvre peuvent aussi survenir. Si dans la plupart des cas, la guérison est spontanée, l’infection peut parfois aboutir à une forme sévère nommée syndrome hémolytique et urémique (SHU) et être mortelle", décrit l'Institut Pasteur.
Chaque année, entre 100 et 165 enfants atteints de syndrome hémolytique et urémique sont recencés par Santé Publique France, qui a mis en place depuis 1996 un dispositif de surveillance.
Les fromages à raclette et morbiers qui avaient fait l'objet de rappels au moment de cette vague d'intoxications étaient à base de lait cru, or cet ingrédient est déconseillé aux jeunes enfants et particulièrement à ceux de moins de cinq ans. Rappel Conso conseille de préférer les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé. Selon le site gouvernemental, cette recommandation est également valable pour les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées et les personnes âgées.