Luc, éleveur rayé de la carte des zones défavorisées: "On m'enlève 8.000 euros de subventions"

Matignon se "délocalise". Edouard Philippe et la plupart de ses conseillers s'installent à partir de ce mercredi pour trois jours dans le Cher. Le Premier ministre et sa garde rapprochée doivent sillonner le département avec pour objectif de se confronter aux Français, explique Matignon. Au programme: visite de plusieurs entreprises, d'une start-up aux structures davantage conséquentes et installées. Durant les trois jours, plusieurs rencontres avec des agriculteurs, dont certains en grande difficulté, sont également programmées dans un territoire encore fortement agricole, mais aux grandes disparités.
Il y sera question évidemment de la nouvelle carte des zones défavorisées, publiée en février, et qui mécontente de nombreux agriculteurs... Cette carte répertorie des terres agricoles considérées comme étant "défavorisées" à cause du climat, de la pente, de la mauvaise productivité de la terre ou du milieu naturel. Le Cher est très concerné puisque 300 exploitations devraient sortir de ce classement qui permet d'obtenir des aides importantes de l'Union Européenne, allant de 3.000 à 15.000 euros par an. L'ancienne carte s'appuyait sur des critères datant de 1976, et la France, sous la pression de Bruxelles, a dû la modifier.
300 exploitations en danger
RMC a rencontré un de ces agriculteurs qui aujourd'hui se retrouve sérieusement pénalisé par la nouvelle carte. Luc Brodin s'est installé à Ivoy-le-Pré, il y a 40 ans. Sa ferme ayant toujours fait partie des zones défavorisées, il perçevait l'aide qui va avec. Sauf que dans la nouvelle carte, il n'apparait pas. "Le jour où vous lisez ça, vous commencez par vous asseoir et vous vous dites que vous avez mis deux ans à bâtir un projet pour sortir l'exploitation de la difficulté et qu'en un clic de ministre, tout s'effondre."
Son projet, c'est un immense bâtiment, recouvert de panneaux photovoltaïques. Luc s'est endetté pour accueillir plus de moutons. Son Projet est en danger, et ses revenus aussi. "L'aide défavorisée c'est 8.000 euros chez moi. Si on la supprime je me retrouve avec moins de 1.000 euros".
A 64 ans, Luc mène là sa dernière bataille. La retraite approche, maintenant c'est à son fils qu'il lègue une ferme en difficulté. "Un jeune qui démarre n'a pas de sou. Alors si déjà on lui enlève 8.000 euros, ça ne le fait pas." Dans ce département du cher ce sont en tout 300 exploitations, qui sorte de ce classement zone défavorisée, 300 exploitations clairement en danger.