Sommeil, obésité, état psychique... Les banques alimentaires s'inquiètent pour leurs bénéficiaires

Une personne décharge des cagettes de fruits et légumes, le 29 septembre 2009, dans un hangar de la Banque alimentaire de Bordeaux. - JEAN-PIERRE MULLER / AFP
En 2023, 2.6 millions de personnes ont eu recours aux banques alimentaires. Cette donnée est le fruit de l'enquête annuelle de la Fédération nationale des banques alimentaires, présentée ce lundi lors du Salon de l'agriculture. En trois ans, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 30%, et notamment de 8 à 9% en plus pour la seule année 2023, comme le rapportent nos confrères du Monde.
Première explication de cette fréquentation en hausse: l'inflation, qui touche l'ensemble des postes de dépenses, et toutes les tranches de la population. Selon la Fédération nationale des banques alimentaires, cette précarité alimentaire peut aussi mener à un état de santé plus fragile.
25% en "mauvaise santé"
Selon l’étude "Profils" menée par l'organisme Banques Alimentaires fin 2022, l’état de santé des bénéficiaires est moins bon que la moyenne nationale : 71% des personnes déclarent au moins un problème de santé, 25% sont en surpoids ou obésité, 16% de diabète contre 5% dans la population générale. Un quart des personnes reçues lors des ateliers destinés à promouvoir la santé auprès des bénéficiaires de banques alimentaires s'estiment être sujets à de "nombreux" problèmes de santé. Un quart d'entre deux se déclare dans un état de santé "en mauvais" voire "très mauvais".
"Concernant la santé mentale, 15% des répondants déclarent se sentir mal ou très mal", alerte la Fédération nationale des banques alimentaires.
Plus précisément, les familles monoparentales sont les plus touchées par une santé dégradée. Plus de la moitié de sondés se déclare dans un "mauvais ou très mauvais" état de santé, contre 27.5% pour l'ensemble des personnes interrogées. 52% déclarent mal dormir, à raison d'une heure de moins que les autres catégories de répondants à l'enquête.
Les deux-tiers des familles monoparentales seraient dans une situation d'insuffisance alimentaire. "Nous pouvons émettre l’hypothèse que les monoparents se privent afin de garantir une alimentation en quantité suffisante à leurs enfants. Plus de la moitié des monoparents mangent moins d’une portion de légumes par jour", déclare la Fédération nationale des banques alimentaires.
Plus de jeunes demandeurs
Pour la Fédération nationale des banques alimentaires, l'inflation est la première cause de la venue de toujours plus de bénéficiaires dans les banques alimentaires. Bien celle-ci ait été moins forte en fin d'année 2023 (+7.1% sur an en décembre), l'ensemble des postes de dépenses a évolué, poussant des catégories socioprofessionnelles alors inconnues des banques à les fréquenter. 17% des personnes accueillies à l’aide alimentaire sont employées, dont 60% en CDI, et les deux tiers en temps partiel.
Depuis cinq ans, la Fédération nationale des banques alimentaires remarque une augmentation de 19% du nombre de jeunes accueillis dans le réseau, à raison de 488.295 personnes de 15 à 25 ans.
L’enquête "Étude sur la santé et les habitudes alimentaires des personnes accueillies dans les ateliers “Bons gestes & bonne assiette” a été réalisé auprès de cinq banques alimentaires entre octobre et décembre 2023, sur un total de 140 personnes accueillies dans le cadre d’ateliers de prévention santé, menés par la Fédération nationale des banques alimentaires.