"Un scandale d'Etat": Périco Légasse fustige la menace économique et alimentaire du poulet ukrainien

Nos poulets du dimanche et même nos poulets de la restauration collective et des cantines scolaires, des hôpitaux et des maisons de retraite, courent-ils un grand danger? Frôlons-nous même presque le scandale d'Etat?
La question se pose clairement, alors que pour soutenir l'économie ukrainienne face à l'agression barbare de la Russie, la Commission européenne a décidé d'exonérer totalement de droits de douane et de volume d'exportation la volaille ukrainienne.
Pour faire simple: elle risque de rapidement inonder le marché français. Mais cette volaille ukrainienne est ultra industrielle, produite dans des conditions abominables. On avait déjà de la concurrence en restauration collective, du poulet brésilien qui fait des ravages, et même un peu de certains pays européens comme la Pologne ou la Roumanie.
C'est désormais le poulet ukrainien qui arrive, celui-ci appartenant d'ailleurs uniquement à un groupe qui s'appelle MHP, qui est la propriété d'un oligarque qui s'appelle Yuri Cosic.
Une clause de sauvegarde demandée de tous
On ne parle pas ici de quelques volailles qui vont s'éparpiller sur tout le territoire européen... Il y a en effet 25.000 tonnes de poulet ukrainien qui entre en Europe tous les mois!
Cette nouvelle est une véritable tragédie, car que fait la restauration collective? Elle s'adresse toujours aux plus offrants. Évidemment, l'autre intérêt du poulet ukrainien consiste en son prix: de 2 à 4 fois moins cher!
Un poulet qui n'est clairement pas le poulet de chair que l'on peut trouver en France, les poulets Label rouge qui sont délicieux. On a des poulets de Bresse délicieux. Les poulets de Saint-Sauveur, les poulets de Janzé. Le poulet de Loué est une pure merveille.
Et bien, toute cette filière, qui produit également une gamme intermédiaire pour la restauration collective, est menacée par cette importation massive et sauvage du poulet ukrainien.
Dans les faits, l'Europe a intégré l'Ukraine dans le marché européen. Il y avait une possibilité pour les instances professionnelles, l'Envol, la Fédération de la volaille française, qui a alerté le gouvernement du ministre de la Culture en disant "faites jouer la clause de sauvegarde" quand l'intérêt prioritaire d'une économie d'un pays des 27 est menacé.
Des ventes de poulet déjà en baisse
Le gouvernement peut dire "je le fais, je joue la clause de sauvegarde que Bruxelles accorde systématiquement". Mais là, le gouvernement français n'a pas voulu faire jouer la clause de sauvegarde, donc il n'y a pas un centime qui va dans la poche du peuple ukrainien car cela va sur un compte à Chypre pour enrichir un oligarque ukrainien. Personne ne comprend cette aberration. C'est totalement inacceptable et c'est un scandale politique.
Pour Benoit Drouin, éleveur de poulets à Roué-en-Champagne (Sarthe) et président du Syndicat national des labels avicole de France (SYNALAF), il est encore temps de faire machine arrière, que ce soit en mettant en place la clause de sauvegarde ou bien en réadaptant les droits de douanes sur la volaille ukrainienne.
"Il faut absolument que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde et rétablir ces droits de douane qui permettent d'équilibrer un marché et nous permettent, nous de continuer à vendre nos volailles label rouge et bio", revendique Benoit Drouin, président du SYNALAF.
D'ailleurs selon lui, les ventes de poulet sont déjà en baisse. "Il y a l'effet inflation dont on a beaucoup parlé sur toutes les antennes et puis cet effet importation ukrainienne en fait, qui vient amplifier cette non-vente de nos poulets donc c'est un véritable problème pour nous", explique l'éleveur.
La traçabilité toujours remise en cause
De plus, un autre problème se pose quant à l'étiquettage annonçant la provenance du poulet. En effet, il y a des pays européens qui importent du poulet ukrainien où il suffit qu'une transformation sur le produit, genre une cuisson ou un assaisonnement, soit effectuée pour que le produit prenne la nationalité du pays qu'il l'importe en dernier.
Concrètement, il est possible d'avoir du poulet ukrainien qui a juste été emballé en Pologne, en Roumanie, et qui arrive ensuite sur le marché français avec le mot poulet roumain ou poulet polonais, à l'image du scandale sur les lasagnes à la viande de cheval.
En effet, la Commission européenne ne veut pas qu'il y ait une traçabilité sur les produits transformés avec de la viande venant de l'étranger pour ne pas casser le libre échange. C'est un concept absolument inadmissible, mais c'est comme ça. Et là, sur le poulet ukrainien, il y a non seulement le poulet qui est officiellement importé d'Ukraine directement à des prix à des prix défiant toute concurrence, concurrence déloyale qui plus est.