Angèle, Omar Sy... Les arnaques qui détournent l'image des célébrités peuvent vous coûter très cher

La chanteuse belge Angèle, le 14 février 2020, aux Victoires de la musique. - Alain Jocard - AFP
"Si vous regardez cette vidéo, c'est que je suis déjà mort". Fin août, cette fausse vidéo d'Alain Delon faisait le buzz: si les informations à l'intérieur étaient absurdes, le réalisme de la voix et l'aspect terrifiant que revêt l'utilisation de l'image d'un défunt pour monter une arnaque choquaient.
Malheureusement, les progrès de l'intelligence artificielle rendent de plus en plus banales ce genre de vidéos. Ces "deepfake", de fausses vidéos qui détournent l'image d'une personne pour lui faire dire quelque chose qu'elle n'a pas dit, deviennent monnaie courante.
Pour alerter les internautes et les appeler à la vigilance, l'éditeur de logiciels antivirus McAfee publie ce mardi 8 octobre son classement des dix personnalités francophones dont l'image est la plus fréquemment détournée sur internet.
Angèle, Timothée Chalamet et Pierre Niney
C'est la chanteuse belge Angèle qui est en tête du classement. Elle doit cette première place au succès de ses albums et à son apparition à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques, qui a entraîné l'explosion de sa cote de popularité... Et des arnaques autour de son nom, son image et sa voix.
À la deuxième place, on trouve la vedette de la saga Dune, Timothée Chalamet, et à la troisième place le célèbre acteur du Comte de Monte-Cristo, Pierre Niney.
Le classement complet:
- Angèle
- Timothée Chalamet
- Pierre Niney
- Lena Mahfouf
- Céline Dion
- Aya Nakamura
- SCH
- Squeezie
- Thomas Pesquet
- Omar Sy
L'objectif des usurpateurs? Faire croire aux fans de ces célébrités qu'elles s'adressent réellement à eux, pour les inciter à adhérer à une fausse information et la rediffuser, cliquer sur un lien, fournir leurs données personnelles, voire leurs coordonnées bancaires, ou bien les pousser à donner de l'argent spontanément.
4 milliards de menaces par jour
"C'est un réel sujet d'inquiétude pour les consommateurs: 63% des Français sont plus préoccupés par les deepfake cette année que l'année dernière," estime Vonny Gamot, directrice Europe chez McAfee, contactée par RMC Conso.
"Et c'est le reflet d'une réalité: on identifie 4 milliards de menaces créées par l'intelligence artificielle tous les jours. C'était 1,5 milliard il y a un an."
Les stars sont de plus en plus nombreuses à lancer elles-mêmes l'alerte lorsqu'elles sont victimes d'une telle usurpation, à l'instar de Florent Pagny qui, au mois d'août, a annoncé qu'une arnaque de ce type avait mené à une perte financière de plusieurs centaines d'euros pour une fan, persuadée de converser et d'entretenir une relation amoureuse virtuelle avec le chanteur.
Ces "arnaques à l'amour" sont un des premiers pièges possibles avec les "deepfake": vous faire croire que votre idole vous a contacté, qu'elle souhaite vous rencontrer mais qu'elle a besoin d'aide. Elle vous demande alors de l'argent sous un prétexte fallacieux. Les personnes les plus vulnérables et les plus isolées sont susceptibles de tomber dans le panneau.
Une deuxième technique des escrocs est d'utiliser la célébrité pour faire la promotion d'un site frauduleux: un prétendu casino en ligne pour Alain Delon, ou encore un faux site de la marque de casseroles Le Creuset pour la chanteuse Taylor Swift, dont l'image et la voix ont été utilisées à son insu en janvier dernier.
Vol de données personnelles
Les victimes qui ont cliqué sur les sites frauduleux et ont laissé leurs données personnelles ou coordonnées bancaires risquent de se faire dérober leur argent via l'utilisation de ces données.
Dernier piège possible: attiser votre curiosité avec le début d'une information croustillante. Pour découvrir la suite, vous devez cliquer sur un lien, qui peut contenir un virus. Si vous cliquez, le risque est l'installation de ce virus sur votre ordinateur, qui permettra au pirate informatique d'observer votre activité en ligne et de voler vos données personnelles.
"Un simple clic peut conduire à l'aspiration de vos informations. La règle d'or, que je répète sans arrêt à mes parents d'ailleurs, c'est d'arrêter de cliquer partout et n'importe où," recommande Vonny Gamot.
"Il se peut même que vous ne vous en rendiez pas compte tout de suite, parce qu'il peut se passer plusieurs mois avant que l'escroc n'utilise vos données, ou bien elles peuvent être revendues sur le darkweb, le marché noir d'internet."
Selon un récent sondage de l'IFOP, seuls 33% des Français s'estiment capables de détecter un deepfake. Pourtant, en cas de doute, plusieurs indices peuvent vous mettre sur la voie.
Cherchez les imperfections sur l'image
Le premier, et sans doute le plus évident, est un discours peu cohérent, une information attirante mais peu crédible, une incitation à vous faire cliquer, ou des promesses un peu trop belles...
Visuellement, les images ou les voix créées par l'intelligence artificielle contiennent souvent des imperfections: repérez un défaut de synchronisation entre la voix et l'image, une voix un peu robotique, ou encore une absence de clignement d'yeux.
Sur une photo, observez le corps de la personne: les parties complexes à reproduire, comme les mains, sont parfois difformes. Il n'est pas rare d'y compter quatre ou six doigts, comme sur l'image ci-dessous. Cette photo d'un enfant, publiée sur Facebook, est accompagnée d'un commentaire qui vous incite à cliquer sur un lien. C'est une arnaque.
Lorsque ce ne sont pas des célébrités qui sont usurpées, les escrocs utilisent des images qui poussent à la compassion, d'enfants ou de personnes âgées par exemple. L'objectif est exactement le même.
Ne cliquez donc jamais sur un site internet dont vous n'êtes pas sûr de la fiabilité, ne téléchargez jamais de logiciel que vous ne connaissez pas. Vérifiez que la source est sérieuse, et que l'information est présente sur diverses sources.
Si vous êtes vulnérable, protégez-vous en installant une solution anti-virus qui vous alertera également lorsque vous serez face à une arnaque en ligne.
L'étude a été menée par les chercheurs en cybermenaces de McAfee afin de déterminer le nombre de sites à risque et la quantité de contenus frauduleux générés par la recherche d'un nom de célébrité avec des termes couramment utilisés. Un score de risque a été calculé pour chaque célébrité.