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Un numéro commençant par +44 vous a contacté? Gare à l'arnaque derrière ces appels

Une personne tenant un téléphone. (photo d'illustration)

Une personne tenant un téléphone. (photo d'illustration) - Pixabay

De plus en plus de personnes reçoivent des appels de numéros avec un indicatif téléphonique britannique (+44). Derrière se cachent en général des arnaques dites "à la tâche", organisées par des réseaux mafieux d'Asie du Sud-Est.

Recevoir un appel d'un numéro qu'on ne connaît pas est toujours intriguant. Encore plus quand il s'agit d'un numéro étranger. Alors peut-être vous-êtes vous interrogé récemment après avoir été contacté par un téléphone commençant par +44. Et venant donc, a priori, du Royaume-Uni.

Par méfiance, vous n'avez pas répondu ou n'avez pas rappelé? Vous avez très sûrement bien fait. Il y a de grandes chances que derrière se cache une escroquerie. Le streamer et chasseur d'arnaqueurs Centho, interrogé par RMC Conso, constate effectivement que les appels de numéros anglais se répandent.

"Derrière se cachent en particulier des arnaques dites 'à la tâche'. Elles ne sont pas nouvelles, cela fait déjà plus d'un an et demi qu'on en constate. La nouveauté, c'est que les escrocs appellent de plus en plus avec des numéros britanniques", explique le spécialiste.

Une arnaque proposant un faux job

Auparavant, il était courant d'être contacté directement par SMS ou par message privé sur un réseau social (WhatsApp, Telegram, Messenger...). Dans ce message, l'escroc annonçait que le CV de la victime avait été sélectionné, donnant accès à une offre d'emploi pouvant être effectué à domicile. On pouvait alors parler d'arnaque au CV.

Désormais donc, on vous appelle directement. Si vous avez répondu à cet appel d'un +44, alors vous avez peut-être entendu une voix (en réalité un message enregistré) vous proposant un job particulièrement simple. Regarder une vidéo, liker un message, noter un hôtel... Effectuer des petites tâches, et être rétribué pour celles-ci en cryptomonnaie. Cela peut paraître gros, mais d'après Centho, tout est fait pour mettre la victime en confiance.

"Souvent pour les premières tâches effectuées, la victime est véritablement rémunérée. Les escrocs partent donc du principe qu'elle ne va pas se méfier d'eux. Et vont donc lui demander de payer au bout d'un moment pour débloquer encore plus de tâches à réaliser, et encore plus rémunératrices. Mais au boût d'un moment, aucune somme n'est reversée contre les tâches", décrit le chasseur d'anarqueurs.

Une escroquerie qui se propage

Le phénomène semble se propager depuis plusieurs semaines. Sur le forum Arnaques du site Reddit, de plus en plus d'internautes évoquent des appels de ce genre. Jean-Baptiste Boisseau, le cofondateur du site Internet Signal-Arnaques, confirme à RMC Conso recevoir en moyenne un signalement par jour de numéro anglais.

"Des appels en +44, cela fait plusieurs années qu'on peut en voir, même pour d'autres types d'arnaques. Mais c'est vrai que l'on voit de plus en plus celles à la tâche passer par téléphone. Souvent, le premier chiffre après le 44 est un 7. C'est comme ça que commencent les numéros virtuels au Royaume-Uni", explique ce spécialiste.

Réseaux situés en Asie du Sud-Est

C'est pour cette raison que si vous rappelez un de ces numéros, vous n'obtiendrez personne au bout du fil. On vous indiquera que le numéro n'est pas attribué. Mais alors qui se cache donc derrière ces arnaques?

"On pourrait croire que ce sont des brouteurs qui appellent depuis des cybercafés en Afrique. Mais en réalité, ce sont d'importants groupes mafieux basés en Asie du Sud-Est: en Birmanie, au Laos ou au Cambodge", indique Centho.

Le vidéaste précise que ces réseaux achètent des numéros prépayés et font du bombardement d'appels. C'est-à-dire passent des dizaines, voire centaines de milliers de coups de téléphones. Pour lui, le choix d'utiliser un indicatif téléphonique anglais peut répondre à une logique de crédibilisation.

"J'imagine qu'ils font ça pour laisser penser que c'est une grande société anglaise, riche, qui appelle. Mais ils pourraient très bien le faire avec d'autres numéros".

Du cyberesclavage

Autre chose à savoir sur ces escroqueries: c'est que les fraudeurs qui en sont à l'origine sont très souvent eux-mêmes des victimes. Dans d'immenses complexes de cyberfraude surveillés et situés en Asie du Sud-Est sont retenus des milliers de Kényans, Ougandais, Indiens...

Ces derniers, en pensant répondre à une offre d'emploi en tant qu'informaticien en Asie, se retrouvent capturés puis détenus par des réseaux mafieux. Et obligés d'escroquer des Occidentaux, via cette arnaque à la tâche par exemple. De récentes enquêtes vidéo du Monde ou de Radio-Canada ont détaillé le fonctionnement de ce "cyberesclavage".

Certains de ces réseaux ont été démantelés ces derniers mois après des enquêtes d'Interpol et de plusieurs ONG. Mais ils continuent de proliférer. Si vous recevez un appel d'un +44 que vous ne connaissez pas, le mieux à faire est sûrement de l'ignorer.

Arthur Quentin