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Allocation de rentrée scolaire: qu'achètent vraiment les Français avec cette aide de l'État?

Une cliente prend plusieurs cahiers dans un rayon dédié aux fournitures scolaires dans un supermarché de Bretagne, le 17 août 2024 (photo d'illustration).

Une cliente prend plusieurs cahiers dans un rayon dédié aux fournitures scolaires dans un supermarché de Bretagne, le 17 août 2024 (photo d'illustration). - MATTHIEU DELATY / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

L'allocation de rentrée scolaire (ARS) est versée ce mardi 19 août. Chaque année des débats ont lieu sur l'usage qu'en feraient les bénéficiaires de cette aide. Pourtant, les études montrent qu'elle sert bien à payer les fournitures et non de l'électroménager.

Des téléviseurs ou de l'électroménager, en lieu et place des cahiers et stylos. Chaque année, les bénéficiaires de l'allocation de rentrée scolaire sont suspectés d'utiliser l'argent de cette aide pour faire des achats sans lien réel avec la rentrée de leur enfant.

En 2021 le ministre de l'Éducation nationale de l'époque, Jean-Michel Blanquer, l'avait lui-même suggéré, en affirmant "qu'il y a parfois des achats d'écrans plats plus importants au mois de septembre".

Des propos qui avaient suscité une certaine polémique à l'époque. Mais alors, qu'en est-il vraiment ? Les 423 à 462 euros versés pour chaque enfant sont-ils détournés pour financer les loisirs des allocataires?

L'ARS couvre 1/3 des dépenses de scolarité

Aucun indicateur ou étude ne permet de dire que l'ARS sert à financer des biens qui ne sont pas liés à la scolarité. En revanche, il existe bien une enquête publiée en 2023 par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) et détaillant l'usage qu'en font ses bénéficiaires.

Menée auprès de 2.024 familles allocataires, cette enquête cherchait à savoir ce que représentait l'ensemble des dépenses pour la scolarité d'un enfant sur un an. Et a permis d'estimer qu'en tout, celles-ci sont d'en moyenne 1.315 euros. L'ARS n'en couvrirait donc que le tiers.

En ce qui concerne le montant moyen dépensé à la rentrée par les familles bénéficiaires, il est de 400 euros selon la CAF, soit à peu près le montant de l'allocation de rentrée scolaire.

Bien sûr, ces dépenses ne comprennent pas que les fournitures scolaires: s'y ajoutent tous les frais liés à la cantine, aux vêtements achetés dans l'année, le financement d'activités extrascolaires...

Si l'on s'intéresse au détail de cette étude, on s'aperçoit d'ailleurs que les fournitures scolaires ne sont pas le poste de dépenses le plus important. En moyenne leur montant d'élève à 146 euros par enfant et par année scolaire. La cantine, elle, pèse à hauteur de 335 euros et les vêtements 370 euros.

Pas de détournement de l'ARS

L'allocation de rentrée scolaire permet donc de couvrir largement les courses de fournitures scolaires de la rentrée. Mais une fois celles-ci effectuées, l'argent de cette ARS peut servir à d'autres achats liés à la scolarité de l'enfant.

D'où vient alors cette idée que certains ménages s'en servent pour acheter des téléviseurs? C'est principalement une idée reçue, qui refait pourtant surface chaque année avec parfois des exemples à l'appui. Évidemment, comme l'utilisation de l'ARS reste libre pour les bénéficiaires, il peut y avoir des cas de "détournement" de cette allocation pour acheter des biens qui sont sans rapport avec la scolarité. Mais il s'agit de cas isolés.

Globalement, l'ARS est un bol d’air financier à un moment de grosses dépenses pour certaines familles en difficulté. Une partie peut éventuellement être utilisée pour d'autres besoins, mais cela ne signifie pas forcément qu'il y a un détournement de l’allocation.

Arthur Quentin