Canicule: pourquoi vous ne devriez pas acheter un mini-ventilateur

Près de la moitié des mini-ventilateurs sont jetés peu après avoir été achetés. - TikTok @batter152
Depuis quelques semaines, ils sont partout. Les mini-ventilateurs sont les nouvelles stars de ces vagues de chaleur.
Les ventes de ces petits objets ont d'ailleurs grimpé en même temps que les températures du mois de juin, selon une information de l’association britannique Recycle Your Electricals, révélée par La Croix.
De toutes les couleurs, équipés d'une recharge USB ou encore combinés à des fonctions de brumisateurs... Les consommateurs ont été séduits par leur praticité.
Mais derrière leurs petits prix, de deux euros sur Temu ou Amazon à une dizaine d'euros chez Action, ces mini-ventilateurs cachent de multiples problématiques, notamment un coût environnemental important. RMC Conso vous explique.
Une faible qualité et une durée de vie limitée
Pommeaux de douche lumineux, micros de karaoké, lampes multicolores... Les mini-ventilateurs font parties de ce que l'on appelle la "fast tech", conçue pour être achetée, jetée et rachetée.
"Nous avons un regard très critique sur ces mini-ventilateurs, car ce sont les mêmes principes que la fast fashion", affirme à RMC Conso Pauline Debrabandere, responsable plaidoyer et campagnes chez Zéro Waste France.
Ces mini-ventilateurs consomment de l'énergie lors de leur utilisation et nécessitent des composants électroniques lors de leur fabrication.
"Comme pour tout équipement électronique, c'est la phase de production qui a le plus d'impact sur le plan environnemental: extraction des matières premières, plastique issu de la pétrochimie et terres rares pour les composants électroniques", explique-t-elle.
Ces petits objets sont fabriqués à grande échelle avec des matériaux de faible qualité, fragiles et non durables car les ressources sont limitées (multiples plastiques, cuivre, acier, aluminium, lithium, cobalt, nickel etc.). Ces matériaux sont mélangés pour obtenir la matière finale. Un cauchemar donc pour les filières de tri.
Et "les objets sont fabriqués dans des conditions sociales difficiles à l'autre bout du monde", dénonce également Pauline Debrabandere. Ils sont exportés pour la plupart depuis la Chine dans des petits colis à l’empreinte carbone considérable.
Conséquence: les mini-ventilateurs ont une durée de vie limitée, qui dépasse rarement un ou deux étés (lame tordue, batterie qui ne charge plus, bouton cassé, plastique qui se déchausse etc.).
D’après une étude de l’ONG britannique Material Focus, près d’un demi-milliard d’articles fast tech ont été achetés dans le monde en 2022, soit un article toutes les 16 secondes. Près de la moitié, soit 471 millions, a fini à la poubelle, dont 260 millions de vapoteuses, 26 millions de câbles, 29 millions de lampes LED, 9,8 millions de clés USB et 4,8 millions de mini-ventilateurs.
Il n'y a également aucun service après-vente, aucune pièce détachée et ils ne sont donc pas forcément réparables.
Des risques pour la santé
Les problématiques environnementales et sociales sont souvent celles pointées du doigt concernant les mini-ventilateurs, mais elles ne sont pas les seules. Les dangers pour notre santé sont aussi réels.
Lorsque vous transpirez à une certaine température, c’est la manière qu’a trouvé votre corps pour réguler sa propre température. Le problème, c'est qu'en séchant plus vite la sueur sur votre peau à l’aide d’un mini-ventilateur, vous empêchez une régulation naturelle.
"Sous un soleil brûlant, c’est comme si vous receviez un souffle d’air chaud d’un sèche-cheveux. Mieux vaut éviter", conseille le docteur Kunihisa Miura, directeur adjoint du Tokyo Hikifune Hospital au Japon, dans We Demain.
Celui-ci recommande ainsi d’éviter d’utiliser des ventilateurs portables à l’extérieur au-delà de 30 degrés.
Autre risque: les incendies liés à ces mini-ventilateurs, qui se sont multipliés. Ils peuvent être provoqués lors d'un choc ou si l'appareil surchauffe.
L'éventail, "une vraie alternative"
"Il n’y a rien de mal à essayer de se rafraîchir. En revanche nous conseillons vivement aux gens, s’ils ont besoin de ces objets, d’essayer d’en acheter la meilleure version possible afin qu’il dure plus d’un été", souligne Scott Butler, directeur exécutif de Material Focus, auprès du journal britannique The Guardian, cité par La Croix.
Pour l'achat de ce type d'objets, vous pouvez également privilégier la seconde main (Fnac Seconde Vie, Leboncoin, Lucky Find, Boulanger).
Vous pouvez toujours tenter la réparation ou le recyclage si vous voulez vous en débarrasser. Certains matériaux peuvent être réutilisés dans de nombreux secteurs (automobile, santé, bâtiment etc.).
Finalement, les mini-ventilateurs s'inscrivent complètement dans un modèle de consommation immédiate et de besoin instantané. L'enjeu reste de réflechir avant d'acheter pour voir si vous en avez vraiment besoin ou si vous avez déjà un objet qui remplit cet usage.
En l'occurence, l'éventail. Alors certes, il demande un petit effort supplémentaire du poignet, mais ne consomme aucune énergie.
"C'est une vraie alternative. Il est beaucoup plus low tech, plus léger, plus durable, prend moins de place et a le même effet", pointe la responsable plaidoyer de Zéro Waste France.
En plus de l'éventail, pensez également à vous hydrater, à vous couvrir la tête, à mettre un linge humide sur votre cou ou encore à essayer d'adapter vos horaires.