"Black Friday": le gouvernement fait retirer un spot contre la surconsommation

Polémique autour de la nouvelle campagne de l'agence publique de la transition écologique (Ademe) pour alerter sur la surconsommation, à l'approche du "Black Friday", journée de grosses promotions. Les représentants des commerçants et des grandes enseignes demandent le retrait de cette campagne, qui met notamment en scène un "dévendeur" qui conseille à un client de ne pas acheter le polo qu'il regarde en magasin.
L’objectif, inciter à moins acheter neuf et aller vers plus de sobriété avec ce slogan: "Posons-nous les bonnes questions avant d'acheter". L'affaire est remontée jusqu'à Matignon, qui juge ce spot “maladroit” et demande donc à ce qu’il ne soit plus diffusé.
Au ministère de la Transition écologique, pourtant, on maintenait encore ce mercredi le message contre le Black Friday synonyme de “surconsommation insoutenable”, selon Christophe Béchu. C’est surtout le fait de s’attaquer à une petite boutique plutôt qu’à un géant d’internet qui a déplu au sommet de l’exécutif. Pas la bonne cible, car les magasins de prêt-à-porter sont déjà au plus mal.
Au visionnage de la vidéo, entre ses portants débordant de doudounes ou de caracos, la patronne de la boutique Caprices 130 lève les yeux au ciel.
“Ça me heurte énormément. Ça veut dire que ça va être la fin de petits commerces comme nous. Déjà, les petits commerces souffrent beaucoup”, indique-t-elle.
Les accros au shopping confessent ne pas savoir que l'industrie textile est le 4e secteur le plus polluant d'Europe, après l'alimentation ou les transports. “Vous ne me convaincrez jamais de moins acheter pour l’environnement, mais par contre moi je revends beaucoup sur Vinted”, confie une cliente.
Un message mal ciblé?
Le message de l'Ademe est maladroit selon une vendeuse, qui a la même vision que celle de Matignon.
“Je pense qu’ils auraient dû cibler les grandes enseignes qui, elles, produisent en masse”, estime-t-elle.
Le débat déborde sur le pas de la porte. La cliente qui hésite à entrer trouve cette campagne utile. “C’est bien parce que notre génération, on est à l’origine de toute cette consommation. Il faut vraiment changer complètement d’état d’esprit”, assure-t-elle. Un principe aussitôt appliqué. La cliente tourne les talons: pas de shopping aujourd'hui, que du lèche-vitrine.