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Gel douche, lessive... Les "éco-recharges" sont-elles si écologiques et économiques?

Un cliente dans un supermarché de Toulouse, le 4 septembre 2023.

Un cliente dans un supermarché de Toulouse, le 4 septembre 2023. - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Présentées comme économiques et éco-responsables, les recharges de produits ont peu à peu gagné nos rayons, nos cuisines et nos salles de bain. Mais une enquête menée par 60 millions de consommateurs pointe du doigt un concept pas toujours bénéfique aux consommateurs.

Un conditionnement qui a fait sa place. Que ce soit pour les produits alimentaires, d’entretien ou d’hygiène, les éco-recharges se sont rapidement imposées comme une alternative économique et éco-responsable. Alerté par des consommateurs vigilants, 60 millions de consommateurs a mené l’enquête en se rendant sur le terrain.

Un prix plus élevé au kilo

L’enquête, disponible dans le numéro de février, pointe du doigt un tarif au kilo parfois plus élevé pour les éco-recharges. Le magazine mentionne notamment le cas du chocolat en poudre "Réveille de lait" de la marque Nesquik. Ce produit est vendu "1.60 euros de plus au kilo en version recharge qu’en boîte", explique l’enquête.

60 millions de consommateurs épingle également la recharge du gel douche "Nourishing" de Sanex. Au litre, cet article est vendu 1.72 euro de plus que le produit initial.

Pour comprendre cet écart de prix, le magazine a interrogé Géraldine Séjourné, directrice marketing et communication chez L’Arbre vert. 

"Le coût des recharges de lessives est légèrement moins onéreux, compte tenu des volumes atteints. Mais ce n’est pas le cas de toutes les recharges, la recharge douche, par exemple", indique-t-elle. 

Les distributeurs font la loi

Certaines marques, dont l’Arbre Vert ou encore Carrefour, affichent toutefois une volonté d’encourager les clients à se diriger vers les éco-recharges. "Nous proposons de positionner nos recharges en moyenne 10 à 20% moins cher que le flacon équivalent, selon les produits", a confié l’Arbre vert à 60 millions de consommateurs.

Mais la réalité est que, malgré les efforts de certaines marques, les distributeurs sont les seules décisionnaires des prix qu’ils pratiquent. L’enquête épingle par ailleurs une politique tarifaire qui varie en fonction des enseignes, mais aussi du département.

"Par exemple, la recharge de chicorée soluble originale Ricoré coûte 0,22 € de plus au kilo que la boîte au drive Super U de Montreuil. Mais les drives de Monoprix et Carrefour (Montreuil/Bagnolet) ainsi que le E. Leclerc et l’Intermarché de Vichy (Allier) la positionnent quelques centimes moins cher que la boîte… Incompréhensible", dénonce le magazine.

60 millions interroge la notion de "greenwashing"

S’il y a bien une information martelée par les marques pour promouvoir leurs éco-recharges, c’est le fait qu’elles permettent de réduire le recours au plastique.

Le magazine interroge cet argument écologique qui s’est rapidement transformé en outil marketing.

"On est en droit de se demander si cette surenchère de réduction du plastique n’est pas un énième phénomène de greenwashing", interroge-t-il.

En effet, même s’il est possible de placer les recharges dans les poubelles jaunes, ces dernières ne sont pas systématiquement recyclées. Pour cause, il faudrait qu'elles ne soient composées que d’un seul matériau. Et c’est loin d’être systématiquement le cas.

Sabrine Mimouni