RSA: combien allez-vous perdre avec l'année blanche annoncée par le gouvernement?

C'est la CAF, Caisse d’allocations familiales, qui gère les minimas sociaux. (Photo d'illustration). - Philippe Huguen - AFP
Chaque année la plupart des prestations sociales de la CAF (Caisse d'allocations familiales) sont revalorisées à hauteur de l'inflation le 1er avril. Une mesure régulièrement prise par le gouvernement pour compenser la perte de pouvoir d'achat des plus précaires. Mais 2026 fera exception.
Ce mardi 15 juillet, lors de la présentation de ses orientations budgétaires, le Premier ministre François Bayrou a annoncé que l'année prochaine serait une "année blanche". Concrètement, cela implique que les minima sociaux seront gelés alors qu'ils auraient dû augmenter. Ce qui se traduit donc par une perte d'argent pour les ménages concernés.
Tout n'est pas encore joué: cette mesure sera débattue dans les semaines et mois à venir, en particulier lors du débat autour du projet de loi de finances, qui aura lieu après la rentrée. Il suffirait par exemple que le gouvernement soit censuré (comme le menacent les oppositions) pour que l'année blanche tombe, au moins provisoirement, à l'eau.
La revalorisation aurait dû être de 1,3%
Mais si ce gel était confirmé, combien exactement les allocataires du Revenu de solidarité active perdraient? Cette aide sociale de la Caf est touchée par 1,8 million de foyers. Actuellement, son montant pour une personne seule est de 646,52 euros, comme l'indique le barème disponible sur le site de la Caf.
Ce montant a justement été augmenté de 1,7% le 1er avril dernier. Un chiffre en phase avec l'inflation (hors tabac) entre février 2024 et janvier 2025: les minima sociaux sont effectivement revalorisés sur cette base de l'inflation entre février de l’année N-1 et janvier de l’année N.
Au 1er avril 2026, le RSA devrait donc être revalorisé à hauteur de l'inflation entre février 2025 et janvier 2026. L'année n'étant pas terminée, on ne sait bien entendu pas encore de combien sera cette hausse des prix à la consommation hors tabac. Néanmoins, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a fait une estimation et considère que la revalorisation usuelle d'avril 2026 s’établirait à 1,3%.
De 8 à 21 euros de perte par mois selon le foyer
Il faut donc appliquer ce taux aux montants actuels du RSA pour obtenir la somme que les allocataires auraient dû toucher. Voici ce que l'on obtient:
- Une personne seule, qui touche jusqu'alors 646,52 euros par mois, devrait toucher 654,92 euros. Soit 8,40 euros de perte par mois.
- Un couple ou une famille monoparentale avec un enfant qui touche 969,78 euros devrait toucher 982,39 euros. Soit 12,61 euros de perte par mois.
- Un couple avec un enfant ou une famille monoparentale avec deux enfants perçoit actuellement 1163,74 euros. Ils devraient toucher 1178,87 euros en 2026. Soit 15,13 euros de perte par mois.
- Un couple avec deux enfants touche 1357,70 euros. Avec la revalorisation, il devrait percevoir 1375,35 euros, soit 17,65 euros de perte par mois.
- Une famille monoparentale avec trois enfants perçoit 1422,35 euros de RSA. La revalorisation lui permettrait d'obtenir 1440,84 euros par mois. Soit 18,49 euros de perte par mois.
- Un couple avec trois enfants touche 1616,31 euros et devrait toucher 1637,32 euros par mois. Soit 21,01 euros de perte par mois.
- Enfin, pour chaque enfant supplémentaire, le foyer touche 258,61 euros. Avec la revalorisation, ce devrait être 261,97 euros. Soit 3,36 euros de perte par enfant chaque mois.
15 heures d'activité obligatoires depuis juin
Pour rappel, le RSA est une allocation qui assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu. Cette prestation équivaut à 33 à 36% du SMIC et est ouverte aux personnes d'au moins 25 ans. Depuis le 1er janvier toutefois, elle est versée sous certaines conditions.
En effet depuis cette date, ses allocataires sont automatiquement inscrits à France Travail (ex-Pôle emploi) et doivent signer un contrat d’engagement précisant leurs objectifs d'insertion sociale et professionnelle. Cette nouveauté fait suite à une réforme du gouvernement de 2023 dont le but était de rapprocher ces publics éloignés de l’emploi d’un parcours professionnel structuré.
Ainsi, les allocataires du RSA sont désormais tenus d'effectuer 15 heures d'activité chaque semaine pour percevoir leur allocation. Comme le détaille service-public.fr, il peut s'agir d’une mise en situation professionnelle ou d’une formation. Si ces heures ne sont pas effectuées, le bénéficiaire risquera depuis le 1er juin de voir son allocation diminuée, voire suspendue.