Nintendo Switch 2: son prix atteint 500 euros mais va-t-il baisser dans quelques mois?

Test de Mario Kart World sur Nintendo Switch 2, à Paris, le 2 avril 2025 - Dimitar DILKOFF / AFP
C'est l'événement gaming de l'année 2025. Ce jeudi 5 juin, la Nintendo Switch 2 arrive sur le marché. Côté nouveautés, pas grand chose par rapport à sa prédécesseure: un écran plus grand, des capacités techniques améliorées...
"C'est une console d'évolution, et non de rupture comme avait pu l'être la Switch 1 par rapport à la Wii U, en 2017", constate Olivier Mauco, fondateur de l'Observatoire européen des jeux vidéo. Ce qui constitue en revanche bien une rupture avec cette nouvelle console de jeux, c'est son prix. Vous devrez débourser 470 euros pour vous la procurer, 510 si vous l'achetez avec un jeu (Mario Kart World).
Certains distributeurs la proposent un peu moins chère, comme Cdiscount ou Leclerc où elle peut être trouvée à 439 euros. Mais s'ils y arrivent, c'est parce qu'ils acceptent de rogner leur marge sur ce produit pour attirer le consommateur.
Une hausse pas seulement liée à l'inflation
Même à ce prix là, c'est cher. D'autant plus que les précédentes consoles de Nintendo l'étaient beaucoup moins à leur lancement. 330 euros la Switch en 2017, 299 euros la Wii U en 2012, 249 euros la Wii en 2006, ou encore 199 euros la Game Cube en 2002. Pour Olivier Mauco, cette donnée du prix est plutôt subjective.
"Il faut notamment tenir compte de l'inflation. Et entre la sortie de la Switch 1 en 2017 et aujourd'hui, elle a été particulièrement importante", note-t-il.
De fait, les salaires ont augmenté en huit ans. Il suffit de comparer le montant du Smic mensuel brut en 2017 à celui de 2025: 1.480,27 euros à l'époque contre 1.801,80 euros aujourd'hui. Mais cela ne peut pas suffire à tout expliquer. L'augmentation du Smic a beau avoir été de +22%, celle entre la Switch 1 et la Switch 2 est de +42,5%.
Qu'est-ce qui peut donc expliquer une inflation si importante? Cette nouvelle console ne présente a priori pas de nouvelle fonctionnalité révolutionnaire qui justifierait un prix si haut. La Playstation 3 de Sony affichait lors de son lancement en 2007 un prix record de 600 euros. Mais il pouvait être justifié par le fait qu'elle était équipée d'un lecteur Blu-ray, alors qu'à l'époque un tel équipement pouvait coûter 1.000 euros.
Nintendo veut s'aligner sur Sony et Microsoft?
Rien de tout cela ici donc. Certains spécialistes ont pu y voir une volonté de Nintendo de s'aligner sur la position de ses deux concurrents sur le marché du jeu vidéo: Sony et Microsoft.
Ces deux fabricants ont effectivement l'habitude de vendre plus cher leurs Playstation et Xbox. Les PlayStation 2, 3, 4 puis 5 ont été proposées à respectivement 450, 600, 400 et 500 euros.
Par rapport à Sony et Microsoft, Nintendo a donc toujours été un acteur à part dans le monde du jeu vidéo. Misant davantage sur les jeux de ses propres licences et non disponibles chez ses concurrents (Pokémon, Mario, Animal Crossing...) que sur les capacités techniques et graphiques de ses consoles.
Et Olivier Mauco bat encore en brèche l'idée selon laquelle Nintendo souhaite apparaître aussi "premium" que Sony et Microsoft avec ce prix élevé.
"Même si les capacités techniques de cette Switch 2 ont été améliorées pour la rendre aussi performante que ses rivales, Nintendo reste attaché à ce statut d'acteur à part. Et ce prix élevé ne déroge pas selon moi à ce parti pris", analyse-t-il.
Un prix finalement "plutôt rationnel"
Pour ce spécialiste, également concepteur de jeux et enseignant à Sciences Po Paris, le prix de la Switch 2 s'explique surtout par des causes très conjoncturelles.
Les composants électroniques de cette console d'abord ont subi des hausses, et devraient en connaître encore. Nintendo anticipe donc des difficultés d'approvisionnement en terres rares, silicium, puces électroniques...
Autre coût technique qui augmente: tout ce qui concerne le Cloud et la distribution du dématérialisé (alors que de plus en plus de jeux ne sont disponibles qu'en téléchargement). "Les serveurs et data centers du monde entier sont de plus en plus mobilisés par l'intelligence artificielle. Cela coûte donc plus cher pour le monde du jeu vidéo", justifie Olivier Mauco.
Enfin Nintendo craint d'éventuels tarifs douaniers des États-Unis. "Quand vous avez une ligne de production internationale comme c'est le cas là, cette menace pèse lourd". Le fabricant japonais produit essentiellement ses machines dans trois pays: la Chine, le Vietnam et le Cambodge, tous dans le viseur de Donald Trump et ses droits de douane.
"Au bout du compte, quand on tient compte de tous ces éléments, le prix de la Switch 2 est plutôt rationnel", juge le président de l'Observatoire européen des jeux vidéo.
Le prix devrait rester fixe
Une question subsiste encore. Est-ce que Nintendo pourrait être amené à baisser le prix de sa console dans les mois, ou années à venir? C'est une pratique que l'on a souvent pu observer par le passé chez d'autres fabricants de consoles. À l'image de Sony, dont la PS3 à 600 euros évoquée plus haut, est tombée à 400 euros en moins de deux ans, comme le retrace cet article de Numerama.
Malheureusement, Olivier Mauco croit peu à un tel scénario pour la Switch 2. Il note en effet qu'avec ses propres consoles, Nintendo n'a que très rarement bougé les prix. Même la Wii U est restée au même prix alors qu'elle a été un échec commercial (une baisse aurait éventuellement pu booster ses ventes).
Cette inflexibilité tarifaire, Nintendo la justifie par le fait qu'elle vend généralement ses consoles à perte. C'est effectivement sur la vente de jeux que les entreprises du jeu vidéo tirent le plus gros de leurs bénéfices... Pas étonnant quand on voit le prix de certains: le nouveau Mario Kart est vendu à "prix conseillé" de 80 euros.
Une version moins chère au Japon
Il y a pourtant un pays où la Switch 2 coûtera beaucoup moins cher. Au Japon, où elle n'est "qu'à" 310 euros. Une vente à perte, justifiée par le fait que le marché nippon soit beaucoup plus important pour Nintendo. Non seulement une bien plus grosse part de la population joue aux jeux vidéo, mais en plus la concurrence fait rage avec l'autre fleuron japonais Sony. "Vendre moins cher dans leur pays, c'est une forme de patriotisme économique", résume Olivier Mauco.
Et si vous êtes tenté d'en ramener une lors d'un éventuel voyage au pays du soleil levant, n'y comptez pas: Nintendo a tout prévu. Cette version moins chère de la Switch 2 ne propose que la langue japonaise dans ses menus et ses jeux. À moins que vous ne soyez bilingue, vous devrez donc débourser vos 470 euros.
Pour tout savoir sur la nouvelle console de Nintendo, plongez vous dans la série de podcasts en trois épisodes de BFM Tech & Co: "La Saga Nintendo Switch".