"Il ne faut pas hésiter à négocier": voici comment payer moins cher votre assurance habitation

La souscription à une assurance reste indispensable pour protéger son habitation contre d'éventuels cambriolages, sinistres météorologiques ou encore dégâts des eaux - istock
L'assurance habitation coûte de plus en plus cher. En 2025, en moyenne, les Français la payent 274 euros par an. C'est 12,8% de plus qu'en 2024 selon le baromètre 2025 des assurances auto et habitation réalisé par le comparateur Assurland.com et dévoilé par RMC lundi 16 juin.
En cause: les effets du changement climatique et l'inflation dans le secteur du bâtiment. Autrement dit, les sinistres liés aux intempéries et aux catastrophes naturelles sont de plus en plus nombreux, tandis que le coût des réparations est de plus en plus élevé.
Le prix est très variable selon les régions: il dépend du taux de sinistralité. Il sera donc plus haut dans les zones où les pluies torrentielles ou sécheresses sont plus nombreuses, ou encore où la criminalité et le taux de cambriolage sont plus élevés.
Impossible d'échapper à l'augmentation
Cependant, dans le prix du contrat d'assurance habitation, un élément est incompressible: c'est la surprime catnat, pour catastrophes naturelles, décidée par l'État et qui sert à financer les dégâts provoqués par ces dernières. Payée par tous, elle est passée de 12 à 20% au 1er janvier 2025.
"C'est un régime qui a été créé en 1982 et qui prévoit la solidarité nationale: tout le monde alimente le fonds d'indemnisation. Ce régime était déficitaire, d'où la décision de l'État d'augmenter la surprime. Cela représente une quarantaine d'euros d'augmentation sur chaque contrat," détaille Olivier Moustacakis, cofondateur d'Assurland.com, contacté par RMC Conso.
Résultat, même dans les régions où la sinistralité est moins importante, le prix de l'assurance habitation a fortement augmenté. Il existe néanmoins des solutions pour faire baisser la facture.
"La principale astuce, c'est de mettre les assurances en compétition. C'est un marché très concurrentiel, avec plus d'une centaine d'offres. Et pour le même niveau de garanties, on peut passer du simple au quadruple," affirme le spécialiste des assurances.
Comparer les offres pour faire baisser le prix
Son conseil: faire le point sur son contrat tous les 18 mois. Premièrement, cela permet de voir si les garanties souscrites il y a plusieurs années sont toujours adaptées à vos besoins.
Par exemple, si vous aviez opté à la souscription pour une garantie mobilier "valeur à neuf" parce que vous veniez d'acquérir vos meubles et que vous ne souhaitiez pas que leur soit appliquée une décote en cas de sinistre, cette option peut ne plus valoir le coup après plusieurs années d'utilisation.
Deuxièmement, cela va vous permettre de comparer le coût de votre assurance par rapport à ce qui est proposé ailleurs, et éventuellement de trouver moins cher.
"En général, les assurances font un effort commercial à la signature du contrat pour vous pousser à venir chez elles, et puis réhaussent leurs tarifs ensuite, d'où l'intérêt d'étudier les autres offres régulièrement."
Négocier son contrat
Si vous êtes du genre fidèle, il est tout à fait possible de rester chez le même assureur: il ne faut pas hésiter à l'appeler pour négocier. Si vous lui soumettez une offre plus intéressante repérée ailleurs, il peut vouloir s'aligner pour vous garder comme client.
"Un contrat d'assurance c'est un contrat commercial comme un autre, donc bien sûr qu'il faut négocier. Pour un assureur, perdre un client ça coûte très cher, car recruter de nouveaux clients est onéreux, il faut dépenser en marketing, en pub... Il est beaucoup plus intéressant de fidéliser ses clients," confirme Olivier Moustacakis.
En cas d'échec de la négociation, pas de panique: la marche à suivre pour changer d'assureur a été simplifiée par la loi Hamon entrée en vigueur en 2015. La résiliation d'un contrat d'assurance habitation est possible après un an, et c'est le nouvel assureur qui se charge des démarches.
Mais alors comment expliquer de telles différences de prix selon les assurances? "Il y a plusieurs raisons possibles. À un instant T, un assureur peut vouloir se déployer dans telle ou telle région, et faire un effort commercial spéficiquement sur ces régions. Autre raison, si l'assureur a eu de bons résultats sur l'année précédente, il peut très bien baisser ses prix."
À ces causes conjoncturelles s'en ajoute une, plus structurelle: les assurances 100% en ligne coûtent souvent moins cher. Baptisées assurances "low cost", elles supportent moins de frais puisqu'elles ne disposent pas de locaux pour accueillir du public. Leur service client repose sur une ligne téléphonique.
Le système ne conviendra toutefois pas à ceux qui ont besoin de pouvoir rencontrer leur conseiller. Selon Olivier Moustacakis, ceux qui choisissent ces assurances low cost devront redoubler de vigilance sur les garanties offertes et bien lire leur contrat.
Attention aux exclusions de garantie
"Avant toute chose, il faut définir vos besoins, évaluer vos biens, ne pas oublier de déclarer des éléments qu'il est important d'assurer comme une cheminée ou une cave, et faire attention aux conditions d'application des garanties," recommande-t-il.
Les exclusions de garantie sont effectivement souvent inscrites dans les "petites lignes" des contrats et peuvent vous priver d'une indemnisation en cas de sinistre. Par exemple, la garantie vol peut être soumise à l'installation d'une alarme ou une serrure trois points.
"Autre cas typique, le dégât des eaux, qui ne sera indemnisé qu'en cas de bon entretien des canalisations," expose Olivier Moustacakis.
Les dégâts des eaux sont les sinistres les plus fréquents, en hausse de 20% selon le cofondateur d'Assurland.com. On en déclare plus d'un million par an en France, et le coût des réparations nécessaires est rarement inférieur à 400 euros.
De quoi décourager ceux qui, pour faire des économies radicales, penseraient à se passer d'assurance habitation. Celle-ci n'est effectivement obligatoire que pour les locataires, pas pour les propriétaires occupants.
Et face à la hausse des coûts, 28% des Français envisagent d'y renoncer, selon une étude de 2023 de l'assureur Leocare. Une attitude particulièrement risquée, car en cas de sinistre, la facture finale risque d'être beaucoup plus salée.