Autoroute à flux libre: comment ça marche et que risquez-vous si vous ne payez pas dans les 72h?

Une barrière de péage sur une autoroute à flux libre. - Sanef
Si vous avez emprunté l'autoroute pour vous rendre vers la Normandie ces six derniers mois, vous avez dû vous rendre compte qu'il n'y avait plus aucune barrière de péage. Et ce tout le long des 246 kilomètres que comprend le tracé de cet axe reliant Paris à Caen.
Mais attention. Cela ne veut pas dire pour autant que l'A13 et l'A14 sont devenues gratuites. Ces deux autoroutes sont désormais "en flux libre". Des portiques équipés de caméras et capteurs ont été installés sur plusieurs points: ils détectent tous les véhicules et identifient leur plaque d'immatriculation. L'automobiliste propriétaire du véhicule dispose alors de 72 heures pour payer.
Ce système a mis en place pour la première fois en France sur l'autoroute A79 dans l'Allier dès 2022. Mais l'A13-A14, exploitée par la Sanef, est le premier axe à haute fréquentation à l'avoir adopté, depuis décembre 2024. À terme, le péage sans barrière devrait se généraliser à l’ensemble du réseau autoroutier français. Voici donc ce qu'il faut savoir sur cette technologie.
• Trois moyens de paiement
Plus besoin de s'arrêter à votre entrée sur la route pour récupérer un ticket. Puis de nouveau au moment d'en sortir pour payer. Désormais les portiques détectent où vous rentrez et sortez, puis calculent le montant que vous devrez régler. Pour ce faire, il existe trois moyens de paiement.
-Le plus simple et le plus utilisé, c'est le télépéage. D'après Vincent Fanguet, directeur de l'exploitation et de l'expérience client de Sanef, deux passages sur trois se font en télépéage la semaine. Et un sur deux le week-end. Utiliser cette solution nécessite toutefois d'avoir un badge ainsi qu'un abonnement télépéage. Actuellement, près de 14,5 millions d'automobilistes auraient souscrit à une offre de ce type auprès d'une société comme Ulys ou Bip & Go.
-Si vous n'avez pas de télépéage, un moyen simple de régler votre passage sur une autoroute en flux libre est de le faire en ligne. Pour cela, vous devez vous rendre sur le site Internet de la société exploitant l'axe que vous avez emprunté. Sanef pour l'A13-A14 donc, ou ALIAE pour l'A79.
Une fois dessus, vous pouvez choisir de payer sans vous connecter: vous devrez alors rentrer votre plaque d'immatriculation, puis suivre les démarches. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi créer un compte et lui associer votre plaque ainsi que votre RIB. Vous serez automatiquement prélevé à chaque passage. Pratique si vous empruntez l'autoroute régulièrement. D'après Sanef, 120.000 clients ont déjà effectué cette démarche.
-Enfin, si vous préférez payer en liquide, vous pouvez le faire dans un réseau de commerces de proximité. Des buralistes ou des maisons de la presse équipés du système de paiement "Nirio". La liste de tous les établissements proposant cette solution est disponible ici.
• Des pénalités en cas de retard
On aurait pu penser que l'arrivée de ces péages en flux libre chamboulerait les habitudes des automobilistes. Et que beaucoup d'entre eux, par mégarde ou intentionnellement, oublieraient de payer dans les trois jours. Pourtant Sanef dresse un bilan plutôt positif de ces six premiers mois: 94% des paiements ont été spontanés, c'est-à-dire dans les 72 heures imparties. Il faut dire que tout le long de la route, des dizaines de panneaux rappellent de bien régler son péage à temps, sous peine de sanctions.
Sanef explique sur son site qu'une fois le délai de paiement écoulé, vous recevez un avis de paiement au domicile associé à votre plaque d'immatriculation. Il vous informe du montant que vous devez réglé, majoré d'une indemnité qui augmente en fonction du retard.
-Si vous réglez dans les quinze jours qui suivent l'envoi, vous devez payer 10 euros en plus du péage.
-Dans les 15 jours à deux mois qui suivent l'envoi, l’indemnité forfaitaire est majorée à 90 euros. Toujours en plus du montant du péage à régler.
-Si vous attendez plus de deux mois, une amende majorée de classe IV d’un montant de 375 euros vous est appliquée par le tribunal de police. Si vous ne faites rien pour régler la situation, vous vous exposez à une procédure de recouvrement.
En outre, Ouest-France rapporte que les voitures de location sont particulièrement fautives. Sanef a effectivement affirmé que sur les quelque 1.200 appels que reçoit chaque jour son centre de relation client, 30% sont le fait de sociétés de locaion. Qui informent de l'identité du client en infraction.
• D'autres autoroutes bientôt concernées
Mieux vaut être attentif à payer dans les temps donc. Et prendre le réflexe de le faire à chaque passage (si l'on a pas de télépéage). En effet, ce système de péage devrait se développer à d'autres autoroutes dans les prochaines années. Et peut-être même se généraliser à un horizon plus lointain.
Ce système permet effectivement un gain de temps pour les automobilistes, en particulier lorsque l'axe est saturé. Mais aussi un gain écologique puisque les voitures n'ont pas à s'arrêter et consomment de ce fait moins de carburant.
Les prochains grands axes qui doivent adopter cette technologie sont d'abord les axes neufs. Parmi eux la conflictuelle A69 entre Toulouse et Castres. Le chantier de cette autoroute source de nombreuses contestations a repris mi-juin après avoir été interrompu quatre mois. S'il aboutit, quatre portiques jalonneront les 53 kilomètres de son tracé.
Ailleurs, l'A40 qui relie Mâcon à Passy en Haute-Savoie va dire au revoir à ses barrières de péage. Et se convertir en autoroute à flux libre. Un chantier mené par l'ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc) qui prévoit une mise en œuvre du flux libre à partir du printemps 2027.