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Carburant: le prix du gazole va-t-il descendre sous 1,5 euro le litre grâce à Trump?

Une personne fait le plein dans une station-service le 31 mai 2017, à Paris. (Illustration)

Une personne fait le plein dans une station-service le 31 mai 2017, à Paris. (Illustration) - BENJAMIN CREMEL / AFP

Le prix du baril de pétrole a beaucoup baissé depuis plusieurs semaines, et en particulier depuis l'offensive douanière de Donald Trump. À la pompe, les prix du diesel et de l'essence vont continuer de baisser. Et peut-être passer sous les 1,50 euro le litre.

Actuellement, le prix moyen du litre de gasoil est autour d'1,63 euro. Va-t-il baisser drastiquement? C'est possible, étant donné la chute du prix du baril de pétrol sur les marchés, à son plus bas niveau depuis avril 2021. À l'époque, le prix moyen du litre de gasoil avait été évalué à 1,39 euro par l'Insee.

Selon Édouard Lotz, responsable recherche et analyse marchés chez Omnegy, cabinet de conseil en énergie, contacté par RMC Conso, les automobilistes français peuvent avoir bon espoir: "Si le prix du baril de pétrole baisse, mécaniquement celui en station service aussi. Mais avec un petit décalage".

Mais pourquoi au juste le pétrole baisse ainsi sur les marchés? Il y a plusieurs raisons. Les tarifs douaniers annoncés par Donald Trump ce mercredi 2 avril notamment.

Qui dit tarifs douaniers, dit moins d'échanges économiques. "C'est assez systématique lors de crises. On l'a vu lors du Covid où le pétrole avait subi des baisses encore plus drastiques", rappelle l'expert.

À la pompe, les prix de l'essence et du diesel vont d'autant plus baisser que l'euro se renforce face au dollar. Or, les barils de pétrole s'achètent en dollar: ils nous coûtent donc moins cher.

"C'est plutôt un double effet positif pour le consommateur français qui doit rouler avec son véhicule. Il devrait bientôt voir des prix qu'il n'aura pas vu depuis longtemps", annonce Édouard Lotz".

Une tendance baissière depuis plusieurs mois

Néanmoins, Édouard Lotz d'Omnegy nuance les effets de ces annonces en rappelant qu'il y avait déjà une tendance baissière depuis plusieurs mois.

"Dès janvier, les États-Unis ont augmenté leur production de pétrole. Mais aussi d'autres gros producteurs comme le Brésil, le Canada ou le Guyana. Il y a donc plus d'offre, mais une demande qui n'a pas progressé aussi vite que cette production", retrace-t-il.

D'autres événements géopolitiques ont joué sur cette baisse du cours du pétrole. Les pourparlers entre Donald Trump et Vladimir Poutine ont laissé plâner une éventuelle fin des sanctions économiques contre la Russie, grande productrice de pétrole. "Cela relève de l'expectative, mais a quand même eu une incidence sur les marchés", note Édouard Lotz.

Une baisse à relativiser à cause des taxes

Il y a donc des raisons d'être optimistes. Mais cette baisse du prix en station-service doit tout de même être relativisée. En France, les taxes sur le pétrole représentent "approximativement 60 % des prix de l'essence et du gazole à la pompe", explique le ministère de l'Économie sur son site.

Avec ces taxes, le prix du pétrole sera toujours maintenu à un niveau relativement haut. Le coût du pétrole est la seule variable d'ajustement du prix, mais elle ne pèse que 20 à 30% et ne peut pas le faire baisser dans les mêmes proportions que sur les marchés.

D'après des chiffres de décembre 2023 de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), sur un litre de SP 95 vendu 1,79 euro, le pétrole brut ne représente que 0,531 euro. Ainsi, on estime qu'une baisse d'un dollar du prix du baril se répercute par une baisse d'un peu moins d'un centime sur le litre de carburant chez nous.

Une stabilisation dans les mois à venir?

Une baisse qui reste malgré tout toujours bonne à prendre. Surtout si cette tendance baissière venait à continuer. Est-ce un scénario envisageable?

"Le prix du pétrole, par essence, n'est jamais stable. Il fluctue énormément, et on peut être à peu près certain qu'il remontera un jour", affirme Édouard Lotz.

Cet analyste estime néanmoins qu'à moyen terme, tout dépendra de l'évolution de la situation géopolitique. L'Europe prépare sa riposte aux tarifs douaniers, et cette dernière devrait donner lieu à des négociations avec les États-Unis de Trump. Qui à défaut de les faire remonter, stabiliseraient les cours du pétrole.

Le gros de la baisse est donc passé. Si la situation venait à se détériorer, le prix du baril pourrait éventuellement tomber jusque 55 dollars. "Mais ça m'étonnerait qu'on arrive à 20 dollars comme en avril 2020 en pleine crise Covid", conclut Édouard Lotz. À l'époque, le prix moyen de vente de gazole répertorié par l'Insee était de 1,18 euro le litre.

Arthur Quentin