Carburants: pourquoi le prix à la pompe devrait bientôt baisser

Les cours du pétrole sont en hausse vendredi, au lendemain de déclarations du ministre américain des Finances, Scott Bessent, réaffirmant la stratégie de "pression maximale" contre l'Iran, et l'utilisation des sanctions comme levier de négociation avec la Russie.
Mais le pétrole "se dirige toujours vers une troisième semaine consécutive de baisse", plombé par la hausse de production à venir de l'Opep+ et "les menaces tarifaires persistantes du président Trump", contextualise Han Tan, analyste chez Exinity, auprès de l'AFP.
L'Opep+ relance sa production
En effet, les cours du pétrole sont au plus bas depuis 2021, malgré les tensions géopolitiques. D'habitude, les bruits de bottes poussent les cours du pétrole à la hausse. Eh bien, cette fois-ci, c'est le contraire. Les cours du brut sont passés sous la barre des 70 dollars le baril pour la première fois depuis l'été 2021, lorsque l'économie mondiale était encore perturbée par le Covid.
Le déclencheur de cette baisse, c'est l'annonce faite par huit des plus gros producteurs de pétrole, membres de l'Opep+, de relancer leur production (Russie, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis notamment). Ils l'avaient réduite pour espérer faire monter les prix, mais sans succès. Du coup, ils perdaient des parts de marché. Ils ont donc décidé de produire davantage pour faire rentrer plus d'argent dans leurs caisses.
L'or noir s'échange à des niveaux particulièrement faibles en comparaison à ceux des derniers mois, le Brent ayant touché son cours le plus bas en séance depuis décembre 2021 mercredi, à 68,33 dollars. Récemment, "les étoiles se sont alignées pour pousser le baril de pétrole sous les 70 dollars", mais désormais les opérateurs "ont intégré toutes les mauvaises conclusions", ce qui explique l'absence de mouvement des cours, indique John Kilduff.
Pression de Donald Trump
La pression de Donald Trump, qui n'a cessé de réclamer un pétrole bon marché parce que c'est bon pour les consommateurs et les entreprises américaines, a sans doute accéléré la tendance.
D'un côté, il y a plus de production et, de l'autre, moins de demande. En effet, la très gloutonne économie chinoise tourne au ralenti et consomme donc moins. Les stocks sont élevés. De plus, la guerre commerciale que les États-Unis ont déclenchée en augmentant leurs droits de douane va ralentir la croissance mondiale et, par conséquent, la demande de pétrole.
Le plan de l'Opep+ prévoit le retour de 120.000 barils quotidiens supplémentaires par mois pendant 18 mois, auxquels il faut additionner une dérogation spéciale accordée par le cartel aux Emirats arabes unis. En avril, le groupe ajoutera donc 138.000 barils quotidiens sur le marché.
Le prix à la pompe baisse
Quel impact sur les prix à la pompe ? La règle : 1 dollar en moins sur le baril, c'est 1 centime en moins à la pompe. Depuis janvier, le baril a perdu plus de 15 dollars, et depuis mi-février, 6 dollars. Le litre de carburant, diesel comme super, a perdu 15 centimes depuis janvier et 6 centimes depuis mi-février.
La transmission est très rapide puisque le marché est très concurrentiel, avec les grandes surfaces - 63% du marché - qui tirent les prix à la baisse. Il faut donc s'attendre, dans les prochains jours, à plusieurs centimes de baisse, d'autant qu'il y a une autre bonne nouvelle qui va contribuer à réduire encore la facture : la hausse de l'euro face au dollar. Pourquoi pas 1,60 euro le gasoil (1,68 aujourd'hui) et 1,75 euro le SP98 ?