Composants, SAV, entretien... Que valent les vélos électriques vendus par Lidl à 1.200 euros?

Lidl va proposer deux modèles au lancement, un "Urban E-Bike X" avec un cadre haut et un "Urban E-Bike Y" avec un enjambement bas. - Lidl
Des vélos qui risquent de déstabiliser la concurrence. Lidl, géant allemand du hard-discount, lance dès ce lundi deux vélos électriques à 1.199 euros, commercialisés sous la marque Crivit. Le premier modèle, baptisé "Urban E-Bike X.2", est de couleur noire et doté d’un cadran haut, tandis que le deuxième, le "Y.2", est de couleur blanche et est équipé d’un cadre ouvert.
Les deux vélos disposent d’une batterie 360 Wh et d’un moteur placé dans le moyeu de la roue arrière, apprend-on sur le site de Lidl. Mais que valent vraiment ces appareils? RMC Conso a interrogé Rémi Jacquet, journaliste spécialisé en vélo et co-fondateur du média spécialisé Transition Vélo, et Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB).
Des composants fiables et de marques connues
Contrairement aux vélos "bas de gamme" fabriqués à partir de composants "assez obscurs dont on ne connaît pas tout à fait l’origine", selon Rémi Jacquet, les deux modèles commercialisés par Lidl sont fabriqués à partir de composants fiables et standards de fournisseurs leaders dans le domaine, comme Mivice, LG, Shimano, Gates, ou encore Schwalbe.
"On a par exemple des freins hydrauliques de la marque Shimano, leader mondial des composants de vélo. En ce qui concerne la partie motorisation, il s’agit de Mivice, un motoriste qu’on connaît assez bien. Les pneus sont quant à eux de la marque allemande Schwalbe", détaille le spécialiste.
Selon lui, les pièces utilisées sont facilement trouvables chez les vélocistes, ce qui rend l’entretien de ces vélos plus facile. "Les professionnels pourront trouver les composants nécessaires pour entretenir les freins, les pneus, etc. Mais certains d’entre eux pourront toutefois faire la grimace à l’idée de réparer un vélo qui a été acheté chez Lidl", prévient-il.
"C’est quand même un marché qui n’aime pas trop cette dynamique des marques qui fabriquent des vélos sans en être spécialistes", avance-t-il.
Olivier Schneider abonde dans le même sens: "Si vous arrivez avec votre vélo tout neuf chez un réparateur pour régler la hauteur de la selle ou autre, il y a moyen qu’il refuse d’entretenir ce vélo qu’il n'a pas vendu."
Des vélos équipés d'une courroie
La courroie, un composant particulièrement cher à installer et qui remplace la classique chaîne, est installée sur ces vélos. "On peut faire entre 10.000 et 20.000 km sans avoir à l’entretenir, elle permet également d’éviter d'avoir à changer les vitesses", ajoute Rémi Jacquet. En effet, sur les appareils qui en sont munis, l’utilisateur s’occupe simplement de gérer le mode d’assistance. "Si vous vous arrêtez à un feu, vous n’aurez pas besoin de changer la vitesse du dérailleur", explique-t-il.
Et si ce composant est manifestement de plus en plus présent sur les vélos de ville, car il rend la circulation du quotidien plus agréable et plus fluide, la plupart des vélos qui en sont munis ne sont pas vendus à moins de 2.000 euros. "On en trouve très rarement à 1.200 euros", insiste le spécialiste. Globalement, même si les modèles du constructeur allemand ne sont pas "incroyables", il est "impossible de trouver mieux à ce prix", selon lui.
"Sans parler de révolution, on peut clairement dire que Lidl ne fait pas de bien à ses concurrents qui commercialisent des vélos similaires plutôt autour de 2.000 euros."
Les limites du hard-discount
Si l’entretien des pièces mécaniques peut être fait auprès d’un vélociste, l’assistance en cas de problème électronique sur la batterie ou sur le moteur risque en revanche d’être plus compliquée à gérer pour les clients.
"Le vélociste peut vous diriger vers Lidl si vous êtes encore sous la garantie constructeur. Mais Lidl ne pourra sûrement pas vous assister directement en magasin…", prévient le spécialiste.
Olivier Schneider estime quant à lui qu’avant de passer à la caisse, "il faut être certain qu’on va pouvoir entretenir son vélo". Il pointe également du doigt le manque d’accompagnement lors de l’achat, ainsi que l’impossibilité de tester le deux roues avant de l’acheter.
"C’est bien de pouvoir essayer et régler un vélo en fonction de sa morphologie. Et aussi volontaires soient-ils, les vendeurs de Lidl ne sont pas formés à vendre des vélos, ils ne pourront par conséquent pas conseiller les acheteurs", regrette-t-il.
S’ajoute à cela la question de l’inscription au fichier national unique des cycles identifies, obligatoire depuis le 1er janvier 2021. Ce fichier permet à tous les propriétaires de vélo de le retrouver plus facilement en cas de vol.
"C’est le vendeur qui est chargé d’inscrire le vélo lors de son achat, comment cela va-t-il se passer pour ces modèles? Cela se fera-t-il lors du paiement, ou le client devra-t-il le faire tout seul?", interroge Olivier Schneider.
"Vous ne prenez pas un risque monstrueux pour 1.200 euros"
Si ces vélos ont bien entendu des défauts, comme notamment le fait que la batterie soit nichée dans le tube de la selle, les acheteurs en auront tout de même pour leur argent, selon Rémi Jacquet.
"Il y a des choses à améliorer, comme leur construction, l’emplacement de la batterie qui n’est pas très pratique, mais également la question de l’entretien... Mais pour 1.200 euros, vous ne prenez pas un risque monstrueux. Il y a des concessions à faire lorsqu’on achète un vélo électrique à ce prix", résume-t-il.
Par ailleurs, dans le cas où vous prévoiriez d’acheter un des deux modèles proposés, vous pourrez toujours vous en séparer. "Il se revendra sûrement assez bien", assure Rémi Jacquet.