Médicaments, gingembre, lunettes... Les solutions contre le mal des transports sont-elles efficaces?
Le mal des transports, ou cinétose, affecte beaucoup les enfants en voiture (photo d'illustration). - BFMTV
En voiture, en train, en bateau ou encore en avion, vous êtes peut-être sujet au mal des transports. Également appelée "cinétose", cette pathologie peut rendre bien désagréable un trajet, surtout s'il dure plusieurs heures comme lors d'un départ en vacances par exemple.
Vetiges, mal de ventre, nausée... Ces symptômes sont provoqués par le fait que, à bord d'un véhicule, les différents sens ne communiquent pas les mêmes informations au cerveau. Alors que la vision est bloquée à l'intérieur de ce véhicule dans lequel il n'y a pas de mouvement, l'oreille se base sur l'inertie. Et va capter par exemple les accélérations ou les secousses d'une voiture.
Des informations difficiles à interpréter pour le cerveau, qui réagit en provoquant ces maux. Difficile de quantifier le nombre de personnes qui y sont sujettes. "Mais c'est un problème très répandu et pas traité, ou alors mal", considère Antoine Jeannin, cofondateur de Boarding Ring, entreprise avec laquelle il a mis au point une paire de lunettes censées permettre de lutter contre le mal des transports.
Une pathologie "très personnelle"
Aucune statistique précise sur le nombre de personnes qui en souffrent, même si d'après cet ingénieur, "environ 30%" de la population y est sensible. Ce pourcentage varie aussi beaucoup selon le mode de transport et le degré de secousses auxquelles on est exposé. À bord d'un bateau sur une mer déchaînée, il est probable que n'importe qui soit pris de nausée...
Jean-Marc Juvanon, médecin ORL et membre de la SFORL (Société française d’oto-rhino-laryngologie), confirme ce constat.
"La cinétose est très personnelle. Il y a des gens qui n'y sont pas du tout ou à peine sensibles, d'autres qui ne peuvent pas faire un trajet sans en souffrir. Des gens pour qui certains remèdes fonctionnent, d'autres pour qui non", résume-t-il.
Car des remèdes, il en existe effectivement. Et de toutes sortes: des solutions médicamenteuses, naturelles, des gadgets... Aucun ne peut a priori guérir complètement de ce mal. Mais certains peuvent vous correspondre et permettre de lutter efficacemment.
• Des médicaments: antihistaminiques ou scopolamine
Lorsque l'on commence à ressentir les symptômes de la cinétose, le premier réflexe doit toujours être de regarder par la fenêtre, et de fixer l'horizon. Cela permet de rééquilibrer la perception de notre vue qui, comme évoqué plus haut, ne perçoit pas le mouvement de la même manière que l'oreille.
Mais si cela ne suffit pas, il est possible de se faire prescrire des médicaments. Deux en particulier peuvent agir contre les symptômes du mal des transports.
D'abord, le Scopoderm (qui contient de la scopolamine). Cette molécule agit sur l’oreille interne, pour éviter la transmission d’informations perturbantes au cerveau. Et donc atténuer voire empêcher la cinétose. Le Scopoderm se présente sous forme de patchs à appliquer derrière l'oreille. Le docteur Juvanon alerte néanmoins sur les contre-indications et effets secondaires de ce médicament.
"Il ne doit pas être utilisé chez les enfants de moins de 15 ans, qui sont pourtant les plus sensibles à la cinétose, ni chez la femme enceinte. Il provoque également une sécheresse de la bouche et parfois des somnolences".
Les antihistaminiques comme le Mercalm, le Nausicalm ou encore le Nautamine peuvent être utilisés. Ces médicaments diminuent les risques de nausées, un des principaux symptômes de la cinétose. Ils peuvent être pris par des enfants de 2 ans ou plus, mais sur prescription médicale.
Pour Jean-Marc Juvanon, les solutions médicamenteuses ont "clairement une efficacité scientifique prouvée". Il a donc tendance à en prescrire à ses patients. Mais il insiste sur le fait que tous ne marcheront pas aussi bien sur tout le monde. Opter pour un autre remède est donc envisageable selon lui.
• Des gadgets: lunettes ou bracelet
Quid alors des lunettes de Boarding Ring, la société d'Antoine Jeannin? Ces lunettes ont un design bien particulier: elles ne comptent pas deux mais quatre verres, deux à l'avant et un de chaque côté. Et à l'intérieur de ces verres, un liquide bleu marine qui se déplace au gré des secousses.
"Ce liquide bleu permet de redonner à l'œil et au cerveau l'information du mouvement", explique le fondateur de Boarding Ring qui commercialise ces lunettes depuis 2015.
Jean-Marc Juvanon de la SFORL voit plutôt d'un bon œil cette technologie. "Le principe sur lequel elle repose est loin d'être idiot. Néanmoins, je ne le recommande pas à mes patients".
Il est vrai que depuis son lancement, Boarding Ring n'avait comme preuve de son efficacité que les témoignages d'usagers pour qui cela avait permis de réduire les symptômes. Mais son fondateur, lui-même fils de chercheur, tenait à aller checher cette validation scientifique. C'est chose faite depuis juillet 2024: une étude menée par l'université de Toulon s'est penchée sur ces lunettes et a démontré objectivement leur efficacité, comme le rapporte un article des Echos.
"Beaucoup d'ORL attendaient cette validation scientifique pour pouvoir recommander nos lunettes. Certains commencent désormais à le faire", se réjouit Antoine Jeannin de Boarding Ring.
Ces lunettes coûtent tout de même une petite somme: 69 euros. Si vous n'êtes pas prêts à mettre autant tout de suite, vous pouvez toujours essayer un autre objet censé permettre de lutter contre le mal des transports: les bracelets anti-nausée.
Ils fonctionnent sur le principe de l'acupression. Ils sont dotés d'une petite pastille en plastique qui exerce une pression continue sur le point d'acupuncture situé sur le poignet. Ce qui permettrait de soulager la nausée. Comptez environ 6 euros pour vous en procurer.
En revanche, pas de validation scientifique pour ce gadget. Jean-Marc Juvanon estime néanmoins que, dans la mesure où un tel remède ne présente aucun danger, rien ne coûte de le tenter pour voir si cela fonctionne sur soi.
• Des remèdes naturels: gingembre, menthe poivrée...
Plusieurs aliments auraient des vertus permettant de lutter contre le mal des transports. Le gingembre par exemple, grâce à ses vertus digestives permettrait de prévenir ou d’arrêter les nausées et les vomissements.
La menthe poivrée elle, sous forme de bonbons, de thé ou même d'huile essentielle, serait efficace pour lutter contre les nausées et soulagerait les maux de tête ressentis. Le basilic doux ou encore le citron sont également parfois évoqués comme étant des remèdes contre la cinétose.
Comme pour le bracelet anti-nausée, Jean-Marc Juvanon de la SFORL porte un regard neutre sur ces remèdes. "Il n'y a pas de consensus scientifique autour de leur efficacité, alors je ne les recommanderais pas personnellement. Mais je ne les dénigre pas systématiquement. Rien ne coûte d'essayer sur soi pour voir si cela marche".