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Aides à l'achat d'un vélo: il ne vous reste plus que quelques semaines pour en profiter

Des cyclistes à Paris ce 8 octobre 2024.

Des cyclistes à Paris ce 8 octobre 2024. - Thomas SAMSON

À partir du 14 février prochain, l'État n’accordera plus les aides à l’achat d’un vélo, aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels. L’Alliance pour le vélo, un collectif qui réunit plusieurs organisations du secteur, lance l’alerte sur cette suppression.  

Une suppression actée. Dans un décret publié le 29 novembre dernier, l'État officialise la fin des aides accordées dans le cadre d’une location ou de l’achat d'un vélo, à compter du 14 février prochain. Une décision incomprise par les professionnels du secteur, d’autant plus que le bonus vélo, qui s’inscrit dans le Plan vélo et Marche 2023-2027, a récemment été prolongé jusqu’en 2027 et étendu aux modèles d’occasion. 

"Ce décret vient à nouveau détricoter une politique publique menée avec succès depuis plusieurs années, avec des effets réels sur le pouvoir d’achat des Français, la santé publique, l’économie dans les territoires et la décarbonation des mobilités", regrette l’Alliance pour le vélo. 

Fin du bonus vélo et de la prime à la conversion

La suppression concerne aussi bien la prime à la conversion que le bonus vélo, deux aides qui étaient par ailleurs cumulables. La première était de 1.500 à 3.000 euros pour l’achat d'un vélo à assistance électrique neuf ou d'occasion, en échange de la mise au rebut d'un vieux véhicule motorisé. Le montant exact du bonus vélo dépend quant à lui des ressources du demandeur et allait de 150 à 2.000 euros. 

"On met un coup dans une dynamique qui était bien enclenchée et qui avait trouvé son public. D’autant plus que les aides ciblaient les ménages les plus précaires et que l’offre de vélos était adaptée et avantageuse pour les personnes en situation de handicap", regrette Thibault Quere, directeur et porte-parole de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), auprès de RMC Conso. 

En effet, ces aides sont majorées pour les personnes dont les revenus se situent dans les deux premiers déciles ou pour celles en situation de handicap. Ainsi, cette suppression a non seulement des conséquences sanitaires, puisque le vélo ne sera plus aussi accessible aux personnes précaires, mais aussi sur l’autonomie des personnes porteuses de handicap. Pour cause, elles ne pourront plus obtenir d’aides pour l’achat de tricycles adaptés. 

Des aides sacrifiées sur "l’autel des économies dans tous les sens"

Cette suppression suscite une forme d’incompréhension chez les acteurs du secteur. "Cela va complètement à contre-sens de ce que font les autres pays en Europe, mais aussi de ce qui se passe en France depuis sept ans, avec la mise en place du premier Plan national vélo en 2018", explique Virgile Caillet, directeur général de l’Union Sport et Cycle, à RMC Conso 

En effet, le Plan national Vélo et mobilités actives a été lancé en 2018, avant d’être renouvelé en 2022 et renforcé sous l’impulsion de l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne. En théorie, le bonus vélo a également été prolongé jusqu’à 2027 en février dernier. "On a réellement eu l’impression que ce plan s’était inscrit durablement", ajoute le Virgile Caillet.

"Sur l'autel des économies dans tous les sens, ce plan a été complètement ratiboisé. On va à contre-sens de l’histoire, ce n'est pas là qu’on doit faire des économies", pointe le directeur général de l’Union Sport et Cycle.

L'inconnue du prochain gouvernement

Il regrette également la suppression d’une mesure favorable pour le pouvoir d’achat des Français. "Certaines personnes ont fait le choix de basculer sur le vélo, parce que lorsqu’on met sur la balance le prix de l’essence, des amendes, de l'assurance… La voiture peut coûter très cher", affirme-t-il. 

La suppression de ces aides risque également d’avoir d’inévitables conséquences sur la filière économique du vélo, qui a pourtant besoin "d’avoir des trajectoires et des perspectives très claires", rappelle Thibault Quere. Le sort de ces aides dépend également du prochain gouvernement. Les professionnels du secteur seront par conséquent pendus aux lèvres du prochain Premier ministre dès sa nomination.

Les Français qui souhaitent bénéficier de ces aides ont donc jusqu'au 14 février prochain pour déposer leur demande en ligne.

Sabrine Mimouni