Comment savoir d'où viennent les fruits et légumes que vous achetez?

Des clients font leurs courses au rayon fruits et légumes d'un supermarché de Faches-Thumesnil (Nord), le 6 décembre 2012. - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Prudence lors de vos achats de fruits et légumes en grandes surfaces ou au marché. Parfois peu compréhensibles ou pas assez référencées, les étiquettes et contenants ont beaucoup à dire. Si l’étiquetage des fruits et légumes est une obligation légale européenne, elle est aussi gage de transparence pour le consommateur.
Mais entre les informations données et la réalité, il y a parfois des milliers de kilomètres de différence ou des manières de production bien différentes que celles promises. Des normes existent et encadrent l'étiquetage de nos denrées alimentaires, selon leur conditionnement et leur présentation.
En 2017, une enquête de la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) sur 8.346 établissements a révélé que les principales anomalies concernaient l’étiquetage (34,5% d’établissements contrôlés), l’indication d’origine (28,5% des établissements contrôlés) et a aussi mis en évidence plusieurs pratiques commerciales trompeuses. Mais comment savoir lire ces étiquettes de nos fruits et légumes, qu'ils soient frais ou surgelés, sans se faire avoir? RMC Conso vous aide à y voir plus clair.
Des affichettes claires
En matière d'étiquetage de denrées alimentaires sans emballage, et notamment des fruits et légumes, tout est réglementé. En France, il faut savoir qu'une part importante de ces produits est importée chaque année. En 2006, l'Ademe précisait dans un rapport que plus de 4 millions de tonnes de fruits et légumes étaient importées en France, comme le précise Libération. "Quand on élargit le constat aux fruits et légumes les plus consommés, on observe qu'entre 40% et 50% des tomates, des concombres et des courgettes viennent de l'étranger", écrit le quotidien.
La loi européenne (règlement UE N°543/2011) impose qu'une affichette rédigée en français accompagne le produit, mentionnant une série précise d'informations. Vous devez donc y retrouver:
- La dénomination de vente,
- Le prix au kilo,
- La présence d’allergènes (le cas échéant),
- L'état physique du produit (décongelé ou non)
- En grandes surfaces aussi bien qu'au marché, la provenance des fruits et légumes vendus au détail doit être affichée en caractères d'une taille égale à celle du prix.
"Seules ces affichettes font foi. ll s'agit d'une constante qui se doit d'être respectée. Si une information vient à manquer, le consommateur est en droit de la demander à son commerçant", explique à RMC Conso Maud Desmas, Chargée de mission alimentation durable à la Maison de la consommation et de l'environnement de Rennes.
Si les fruits et légumes sont des produits bruts vendus souvent non emballés, des règles existent aussi pour les produits préemballés, les plus vendus en France dans les rayons de libre-service. Elles sont consultables sur le site du ministère de l'Économie.
Chaque espèce de fruit ou de légume possède ses propres spécificités à notifier sur les étiquettes. "Des normes existent, on doit par exemple indiquer la variété, les éventuels traitements effectués après la récolte dans le cas des pommes de terre et des agrumes. Les kiwis, pêches et fraises doivent par exemple présenter la catégorie de qualité sur les étiquettes. Si ces informations ne figurent pas, les consommateurs sont en droit de les demander à leur commerçant", explique Maud Desmas.
L'origine trompeuse pointée du doigt
Et lorsqu'on parle des fruits et légumes, les pratiques frauduleuses peuvent être nombreuses. Toujours dans son enquête de 2017, la DGCCRF a mis en lumière des mélanges de marchandises présentés comme issus de la même production. "Les enquêteurs ont rapporté que l’indication de l’origine était globalement mieux respectée en grandes et moyennes surfaces (GMS), que sur les étals de marché", relève l'organisme gouvernemental.
Attention à ne pas confondre appellation commerciale et origine. Certains fruits et légumes possèdent parfois des étiquettes qui peuvent perdre les consommateurs. À l'exemple du melon, star de l'été, majoritairement produit dans le Sud-Est, Sud-Ouest et Centre-Ouest de la France. Mais aussi en Espagne ou encore au Maghreb, et ce malgré de nombreuses appellations. "Certaines appellations induisent une localisation mais relèvent en réalité d'une variété de produit", expliquent les services de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) à RMC Conso.
Les consommateurs peuvent s'aider de sigles européens qui permettent de bien savoir lire l'étiquette d'un produit et être rassuré sur sa qualité: l’Appellation d’origine protégée (AOP), l’Indication géographique protégée (IGP), la Spécialité traditionnelle garantie (STG) et l’Agriculture biologique (AB). En France, des mentions valorisantes permettent à leur tour de compléter cet éventail. Comme le Label Rouge mais aussi le Certificat de conformité.
Le cas du surgelé
Au rayon des surgelés, l'attention des consommateurs ne doit pas faiblir non plus. Des produits naturels bruts simplement congelés doivent eux aussi suivre ces règles et afficher précisément ces informations. Mais les associations de consommateurs pointent du doigt les préparations de fruits et légumes congelées, pas toujours transparentes.
"À partir du moment où le consommateur verra de la transparence, il pourra faire un choix en pleine conscience. Mais nous constatons que les consommateurs n'ont pas toujours toutes les informations pour faire ce choix. Et en particulier sur des produits transformés", explique à RMC Conso Camille Dorioz, Directeur des campagnes au sein de l'association Foodwatch, auprès de RMC Conso.
Des erreurs d'étiquetage constatées en magasin
En début d'année, 60 millions de consommateurs épinglait Auchan pour un emballage d’oignons émincés surgelés affichant la provenance "Europe" alors qu'ils étaient en réalité produits en Chine. Si le distributeur a plaidé l'erreur, le phénomène des étiquetages trompeurs ou incorrects n'est pas nouveau ni isolé dans nos étals. En juillet 2023, l'association révélait déjà que des enseignes Franprix et Carrefour vendaient des pommes Pink Lady estampillées "Origine France" alors qu'elles provenaient en réalité du Chili ou d'Afrique du Sud. Arnaque ou erreur? Camille Dorioz, constate auprès de RMC Conso que de moins en moins d'arnaques aux étiquettes "Made in France" sont constatées en rayon.
"Il faut voir une différence entre une erreur d'étiquetage et de la fraude, qui est parfois dure à détecter. Il y a une responsabilité des distributeurs à bien vérifier les étiquetages avant la vente", conclut-il.
Ce mercredi, la Commission européenne s'est penchée sur le phénomène des étiquettes trompeuses et travaille à un texte destiné à protéger les consommateurs. Sur 150 allégations vertes sur des emballages ou des publicités ("100% naturel", 0 carbone, matériaux recyclés…) examinées par la Commission, la moitié (53%) contenaient "des informations vagues, trompeuses ou non étayées".