RMC Conso
Alimentation

Le gouvernement veut augmenter les taxes sur l'alcool pour lutter contre la consommation excessive

placeholder video
Le gouvernement souhaite instaurer une taxe "comportementale" sur l'alcool, c'est-à-dire une taxe pour influencer les comportements des consommateurs afin de les détourner des pratiques jugées nocives, comme c'est déjà le cas pour les cigarettes.

Bercy réfléchit à augmenter une taxe sur l'alcool, les droits d'accises. Aujourd'hui, cette taxe est basée sur l'inflation d'il y a deux ans, et l'objectif est de fixer cette taxe avec l'inflation de l'an précédent. Le ministère affirme que cette hausse serait "minime", "quelques centimes seulement", mais les professionnels s'inquiètent déjà.

Le ministre de la Santé, François Braun, a affirmé: "Notre combat n'est pas contre une filière, mais contre la consommation excessive d'alcool". Il confirme que l'examen du budget sera l'occasion d'un "débat" sur cette taxation de l'alcool, notamment les alcools forts.

Un débat qui promet d’être animé. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, refuse catégoriquement cette proposition du gouvernement.

“Ce n’est pas juste, c’est une attaque à notre pouvoir d’achat. Et c’est mettre en péril ce qui fait la force de notre gastronomie. Dans l’esprit du gouvernement, ce n’est pas une question de santé publique, c’est comment aller chercher dans le porte-monnaie des Français. Mais je sais bien que c’est plus facile de taxer les pauvres parce qu’ils sont nombreux, mais nous, on préfère aller taxer les plus riches parce qu’ils sont peut-être moins nombreux, mais c’est là aujourd’hui qu’il y a beaucoup d’argent”, assure-t-il.

Du côté des consommateurs, les avis sont partagés sur les réelles conséquences de cette augmentation sur la consommation d’alcool.

“Ce n’est pas une augmentation de taxe sur l’alcool qui va faire diminuer la consommation d’alcool chez les gens”, assure un homme. “Ça ne va pas dissuader les jeunes, mais les quantités seront moindres”, estime une femme. “Ça va dépendre du volume de l’augmentation. Il pourrait y avoir moins d’abus. Au lieu de prendre deux bouteilles, il n’y a aura peut-être qu’une seule qui sera prise si l’augmentation est vraiment conséquente”, juge un dernier.

Un impact assez faible chez les jeunes

Et justement, pour l'heure, Bercy évoque une augmentation minime, de l'ordre de 0,3 centime pour une bouteille de vin et jusqu'à un à deux centimes pour les alcools forts. “Ça ne va pas m’empêcher de boire. S’ils veulent vraiment m’en empêcher, il faut qu’ils augmentent à un prix où je ne peux vraiment plus boire”, assure un homme.

Une hausse pas forcément dissuasive donc surtout pour les jeunes, principales cibles des marques.

“On peut tout à fait imaginer que les ados se retranchent vers des alcools moins chers puisque tout ce qui les intéresse, c’est le degré d’alcool. Donc l’impact risque d’être modeste”, juge Olivier Phan, médecin addictologue à la Fondation santé des étudiants de France.

Mais pour l’addictologue, la mesure pourrait quand même avoir un impact si les recettes récoltées étaient réinvesties dans de la prévention. Autre son de cloche chez Mickael Naassila. Le président de la société française d'alcoologie, invité d' Apolline Matin sur RMC et RMC Story, estime que jouer sur les taxes "ne coûte pas cher, a une efficacité et est le levier le plus efficace".

Mais il craint "un effet d'annonce" et attend de voir "ce qui sera proposé", estimant que ce gouvernement est "très peu enclin à renforcer la prévention sur l'alcool", d'autant plus que, selon lui "la bière et le vin seront très peu impactés". Il rappelle que "l'alcool lest une des toutes premières causes d'hospitalisation en France" et que "200 maladies liées à la consommation" d'alcool.

Pierre Bourgès et Anna Jaujard avec Guillaume Descours