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"Dry January": le boom du marché des boissons sans alcool

Ça ressemble à du vin, du gin, de la bière, de la tequila, mais ça n'en est pas. Les boissons sans alcool ont la cote. De plus en plus de Français se laissent tenter et une véritable économie de ce type de produit se met en place.

Qui dit fin du mois de janvier et dit fin du "Dry January". Ce défi, lancé il y a dix ans en Angleterre, propose, après la période fastueuse des fêtes, de ne pas boire une goutte d'alcool pendant tout le premier mois de l'année. En janvier 2022, selon une étude BVA, 35% des Français s'étaient dit prêts à tenter l'expérience. Dans les faits, on sait que tous ceux qui ont tenté n'ont pas réussi à tenir mais le phénomène est en pleine ébullition. Une véritable économie autour du sans-alcool est en plein de se mettre en place.

À Paris, dans le 19e arrondissement, la première cave 100% alcool de Paris a ouvert en avril 2022. A l'intérieur, vous avez des centaines de bouteilles de bières, de vin, de pétillants, de spiritueux... toutes sans alcool. Son fondateur, Augustin Laborde, voit la demande exploser.

"On verra si la tendance va s'affirmer dans le temps. On le voit avec le "Dry January", mais ça a commencé pendant les fêtes de Noel et du Nouvel An, on sent que les gens ont envie de varier", explique-t-il.

Il constate que "majoritairement les clients qui viennent" dans sa cave "continuent à consommer de l'alcool": "On pense que ça va devenir un nouveau mode de consommation qui va s'inscrire sur le temps long. Quand on a ouvert, on avait 250 références de sans-alcool aujourd'hui on est à 450. Il y a forcément de quoi trouver son bonheur là-dedans."

Des clients de tous horizons

Des caves sans alcool comme celle-ci, il en existe une autre à Bordeaux mais plusieurs sont en projet et devraient ouvrir en 2023 un peu partout en France. Parmi les clients, il y a des femmes enceintes, des gens qui ont complètement arrêté de boire, des musulmans pratiquants mais aussi des jeunes actifs qui consommer de l'alcool et qui veulent juste faire une pause.

Céline et Charlyne, font toutes les deux le "Dry January". Un moment pas si facile à passer pour ces deux actives qui aiment bien sortir et faire la fête. Mais avec l'augmentation du nombre de boissons alternatives, elles se disent toutes les prêtes à passer des soirées sans-alcool.

"Je pense que je vais poursuivre après janvier. Je vais peut-être reboire un peu d'alcool mais j'aimerai trouver un bon mix entre les deux", explique la première alors que la seconde estime qu'"il y a plein de propositions sympa gustativement parlant pour se faire plaisir. Et ces bouteilles de vins que j'achète aujourd'hui, je pense que je vais les boire en février. J'ai envie de tenir dans le temps."

La consommation d'alcool divisée par plus de deux en 60 ans

Les Français boivent de moins en moins d'alcool, et en particulier de vin. Selon l'observatoire français des drogues et des tendances addictives, la consommation totale d'alcool a même été divisée par plus de deux en 60 ans. Mais à part les sodas et l'eau pétillante, par quoi peut-on remplacer l'alocool. C'est la question que s'est posé notamment Carl Heline. Il est devenu directeur général de French Bloom, une marque de vin pétillant bio sans alcool lancé en octobre 2021. Une marque en plein développement: après 80.000 bouteilles produites en 2022, l'objectif dans les années à venir, c'est d'atteindre le million de bouteilles.

"Le marché est tout petit aujourd'hui mais les perspectives de développement sont gigantesques. Les études parlent de 20 à 25% de Français qui ne consomment pas du tout d'alcool aujourd'hui. On a été très surpris de voir que la France devienne notre premier marché. On pensait que les français étaient très accrochés à leur alcool mais ils ont également envie d'avoir des alternatives. Il y a une vraie prise de conscience liée à l'abus de consommation d'alcool" estime Carl Heline qui juge qu'on est à un tournant.

S'il est compliqué de comparer une bouteille de rosé pétillant sans alcool avec du champagne, par exemple, on remarque qu'il a de fines bulles et un gout assez prononcé. La bouteille coûte aussi chère qu'une bonne bouteille de champagne: il faut compter une trentaine d'euros pour en acheter.

Nicolas Ropert avec MM