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Mois du vrac: ce mode de consommation est-il vraiment plus cher et moins hygiènique?

Une cliente se sert du riz en vrac dans une boutique Day by Day à Nantes, le 29 avril 2015.

Une cliente se sert du riz en vrac dans une boutique Day by Day à Nantes, le 29 avril 2015. - GEORGES GOBET © 2019 AFP

En mars, c'est le mois du vrac. Ce rendez-vous, créé par l'association Vrac & Réemploi, est destiné à promouvoir ce mode de consommation et veut casser les préjugés dont il est victime.

Bien que quatre foyers français sur dix sont adeptes de produits vendus en vrac, ce mode de consommation souffre de nombreux préjugés: il est parfois jugé "trop cher" ou "pas hygiénique". Mais l'association Réseau Vrac & Réemploi, à l'origine du concept du mois du vrac, veut changer le regard sur ce mode de consommation.

Encouragé en 2020 dans la loi Agec sur la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire, il s'inscrit pourtant dans les gestes pour réduire les déchets. Une pratique salutaire, à l'heure où seuls 22% des déchets plastiques sont recyclés en France et que 50 kilos d'emballages sont jetés par Français, chaque année. RMC Conso s'est entretenue avec Célia Rennesson, fondatrice et Directrice générale du Réseau Vrac & Réemploi à ce sujet.

· Identifier les magasins

En 2024, 10.000 points de vente proposent du vrac. Dans le détail, environ 7.000 sont des hypermarchés, 3.000 des magasins dédiés et 1.000 sont des épiceries. Ce nombre devrait croître d'ici à 2030 puisque la loi prévoit que les commerces de vente au détail de plus de 400 m² doivent consacrer à la vente de produits présentés sans emballage primaire, y compris la vente en vrac, au moins 20% de leur surface de vente de produits de grande consommation.

Mais pour céder à la tentation du vrac, il est nécessaire de savoir où se rendre. "Il faut d'abord pousser la porte d'un commerce qui propose du vrac et se rendre compte de la multitude de produits qui existent. Et ce, sans distinction d'article, de nombreux domaines peuvent être concernés par le vrac: les produits d'entretien ménagers, la beauté, les denrées alimentaires", explique Célia Rennesson. Pour trouver le point de vente en vrac le plus proche de chez vous, l'association Réseau Vrac & Réemploi a lancé un site qui référence une partie des commerçants.

· Des magasins formés aux règles d'hygiène

En 2020, une enquête de la DGCCRF a relevé des anomalies en matière d’hygiène dans un peu plus de 23% des établissements contrôlés. Pour tordre le cou au préjugé selon lequel le vrac ne serait pas hygiénique, Réseau Vrac & Réemploi propose des formations sanitaires à des commerçants proposant du vrac.

"Nous avons identifié ce frein [à la consommation] depuis huit ans, il fait partie des raisons intrinsèques de notre création. Car, pour pousser à la consommation en vrac, il fallait en comprendre ses freins et les lever. Nous nous sommes rendu compte que les formations aux gestes d'hygiène en magasins n'existaient pas, c'est désormais chose faite", explique Célia Rennesson.

À ce jour, 10% du marché, soit un millier de magasins, a été formé par l'association. Cette dernière souhaite d'ailleurs imposer une formation obligatoire aux magasins qui possèdent un rayon vrac.

· Se réapproprier le poids au kilo

S'il y a bien une autre idée reçue qui est souvent attribuée au vrac, c'est qu'il coûte cher. Mais pour Célia Rennesson, il faut être en mesure de comparer ce qui est comparable. "Les produits bio sont moins chers en vrac. C'est d'ailleurs dans ce but que le mode de consommation a été créé dans les années 80. Pour comparer, il faut choisir deux produits identiques en regardant les prix au kilo", explique-t-elle.

Une étude publiée en 2022 par l'INC et l'Ademe a comparé les prix des produits identiques en vrac et préemballés. Entre ces derniers et les produits bio en vrac, des écarts allant de -4% à -22% ont ainsi été constatés, en faveur de la première catégorie. Selon les signataires de cette étude, ce mode de consommation laisse ainsi "la possibilité de choisir la quantité que l’on souhaite, de ne pas acheter des quantités plus importantes que le besoin réel, et d’adapter ainsi son budget".

· Bien lire les étiquettes

Une fois en magasin, les consommateurs doivent impérativement vérifier la présence de certaines informations:

  • Le prix au kilo ou au litre ou à défaut à l’unité;
  • La dénomination de vente du produit;
  • La présence d’allergènes dans les denrées alimentaires,
  • Les éventuelles mentions obligatoires résultant d’obligations sectorielles (produits cosmétiques, détergents…);
  • Les éventuelles précautions d’emploi pour garantir la sécurité, résultant d’obligations sectorielles (produits chimiques).

Ces informations doivent être indiquées sur le produit ou à proximité immédiate de celui-ci, de façon qu’il ne puisse exister aucune incertitude, explique la DGCCRF.

Lilian Pouyaud