Myrtilles contaminées à l'hépatite A en Belgique et aux Pays-Bas: quel risque en France?

Des boîtes de myrtilles sur un marché à Berlin en Allemagne, le 5 avril 2022. - Tobias SCHWARZ / AFP
L'Europe de l'Ouest ne fait pas partie de la zone de prévalence du virus de l'hépatite A. Comment a-t-il donc pu se retrouver dans des milliers de sachets de myrtilles vendues aux Pays-Bas et en Belgique? Ce lundi 13 janvier, l'enseigne néerlandaise de supermarchés Albert Heijn a retiré de la vente et rappelé tous les lots de myrtilles surgelées commercialisées sous sa marque distributeur.
L'alerte a été lancée après l'infection à l'hépatite A de douze personnes aux Pays-Bas, et l'hospitalisation de deux d'entre elles. Le premier patient s'est déclaré fin novembre, avant que les cas ne se multiplient, déclenchant une enquête de l'agence de santé publique hollandaise. Cette dernière a donc retrouvé le virus dans ces myrtilles, que toutes les victimes avaient consommées.
Des contaminations très rares en Europe
Les contaminations d'aliments à l'hépatite A sont particulièrement rares en Europe. La prévalence de ce virus y est très basse, contrairement à des pays plus pauvres où le système d'assainissement de l'eau est défaillant. Ainsi, un des rares cas relevés auparavant a été celui, en mars 2024, de fraises marocaines commercialisées en Espagne. Une notification de contamination de ces fruits à l'hépatite A avait été transmise à la Commission européenne.
Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, il n'est pas surprenant que ce virus puisse se retrouver dans de tels produits.
"L'hépatite A est purement manuportée: on contamine par la mauvaise hygiène des mains. On sait aussi que ce virus résiste très bien sur les aliments. Les myrtilles, c'est typiquement le genre de fruit sur lequel il peut résister entre le moment de la cueillette et de la consommation", relève-t-il à RMC Conso.
En outre, le fait que ces myrtilles aient été congelées n'enlève rien au risque de propagation. Un document de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation) sur l'hépatite A affirme que le virus "résiste aux méthodes classiques de conservation des aliments (réfrigération et congélation)".
Des myrtilles provenant de Pologne
En l'occurrence, l'enseigne Alber Heijn a affirmé aux médias néerlandais que ses myrtilles provenaient d'un fabricant polonais. Et que l'épidémie était "probablement due à un manque d'hygiène dans le processus d'emballage". En Pologne, la prévalence de l'hépatite A est modérée.
Est-ce que des myrtilles commercialisées en France pourraient être concernées? Pour le moment, la DGCCRF n'a procédé à aucun rappel de produit en lien avec cette contamination. Et la Direction générale de l'alimentation (DGAL), sollicitée par RMC Conso, n'a pas fait état de tels cas en France. Mais pour Antoine Flahault, rien n'est à exclure.
"Il est probable que ce producteur ait essaimé sa production dans d'autres pays. Ce type d'alerte est en général relayé en Europe puis à l'international, cela peut prendre quelques jours. Par le passé, on a pu voir des épidémies liées à des contaminations à la bactérie E. Coli dures à contrôler", relate l'épidémiologiste.
Il se veut tout de même rassurant. Selon lui, le fait que le foyer ait été identifié réduit le risque. D'autant que des cas auraient déjà été identifiés en France si le virus avait commencé à se propager.
Un virus moins grave que l'hépatite B ou C
L'hépatite A se traduit en général par de la fièvre, une sensation de malaise, une perte d'appétit, des nausées, une urine foncée, une gêne abdominale. Ainsi qu'une coloration jaune des yeux et de la peau. Exactement les symptômes décrits par une femme de 44 ans ayant consommé ces myrtilles, dans le quotidien hollandais Algemeen Dagblad.
Cette victime affirme que son mari en a également consommé, mais n'a pas été atteint. Rien de surprenant, pour Antoine Flahault.
"Les maladies infectieuses, ce n'est jamais à coup sûr. Peut-être que ce mari a ingéré moins de myrtilles infectées et n'a pas été contaminé. Ou qu'il a porté le virus mais n'a pas été malade", explique-t-il.
L'épidémiologiste rappelle par ailleurs que l'hépatite A est un virus moins grave que l'hépatite B ou C, et très rarement mortel. Et qu'il est possible de se faire vacciner.