Qu'est-ce que la sécurité sociale de l'alimentation expérimentée en Gironde?

Une personne décharge des cagettes de fruits et légumes, le 29 septembre 2009, dans un hangar de la Banque alimentaire de Bordeaux. - JEAN-PIERRE MULLER / AFP
Une piste pour lutter contre la précarité alimentaire. La Gironde met en place une sécurité sociale de l’alimentation (SSA) testée sur un échantillon de 400 citoyens. Les participants sont répartis en 193 foyers représentatifs de la population girondine.
Un tiers d’entre eux sont des personnes avec des revenus particulièrement faibles qui rencontrent des difficultés à accéder à une alimentation saine. Ce dispositif est le fruit d’un travail conjoint entre l'association Acclimat'action, le département, la ville de Bordeaux et son Centre Communal d'Action Sociale (CCAS). Mais comment fonctionne cette aide? Quel est son objectif? RMC Conso fait le point sur ce qu’il faut savoir.
En France, près de 37% de la population se déclare en insécurité alimentaire, selon une étude de la Fondation Nestlé publiée en novembre dernier. C’est trois fois plus qu’en 2015 où ce chiffre était de 11%. Selon l'Insee, 36% des personnes en insécurité alimentaire déclarent avoir un budget qui a drastiquement baissé pour faire face à d’autres dépenses contraintes, comme l’énergie ou le logement. Ce manque de moyens n’épargne pas les Girondins qui sont environ 200.000, soit 12%, à avoir des difficultés à se nourrir.
Pour Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux, ce système de sécurité sociale de l'alimentation s'inscrit justement dans “une volonté affirmée de donner aux citoyens les moyens de reprendre leur autonomie sur leurs décisions alimentaires”, rapporte le Figaro Bordeaux. Il vise également à sortir du "système agroalimentaire industrialisé", en permettant aux bénéficiaires d’acheter auprès de paysans engagés dans une agriculture durable de vivre.
Une cotisation qui s’adapte aux revenus
Choisis parmi près de 800 personnes, les 400 participants à cette expérimentation doivent verser une cotisation dont le montant varie en fonction de leurs moyens, mais dont le minimum est fixé à 10 euros. Ils doivent également ajouter 5 euros par membre supplémentaire.
En échange de cette participation, ils reçoivent 150 euros par mois, mais aussi 75 euros en plus par membre supplémentaire. La somme est versée sur un compte numérique, en Monnaie Alimentaire (MonA), 1 euro représente 1 MonA. L'aide peut ensuite être utilisée dans les lieux partenaires du projet.
Des commerces soumis à des critères
Les épiceries, magasins et producteurs partenaires doivent répondre à au moins 2 des critères suivants pour être conventionnés: l'accessibilité et l'inclusivité du commerce, le bien-être au travail, la transparence et la juste rémunération des productrices et des producteurs, la localité des produits et la durabilité des pratiques agricoles.
“Chaque mois, la caisse locale du territoire bordelais se réunit pour échanger quant à l'éligibilité de commerces volontaires pour participer à ce projet”, explique David Fayat coordinateur et animateur d'Acclimat'Action, sur le site de la mairie de Bordeaux.
Si le commerce répond à 3 critères sur 5, la prise en charge en MonA sera de 50% sur le montant total du panier de courses. S’il répond à 4 critères, la prise en charge sera de 75%. Enfin, s’il répond à tous les critères, la prise en charge sera totale.
Par ailleurs, tous les produits disponibles dans les rayons ne sont pas éligibles à la SSA. Seuls ceux qui répondent à des critères nutritionnels, environnementaux et sociaux établis par le dispositif sont pris en charge.
Le budget dédié à cette expérimentation est de 543.000 euros entre avril 2024 et avril 2025. Elle est financée par les cotisations des participants à hauteur de 40%. La Gironde et la ville de Bordeaux participent à hauteur de 150.000 et 60.000 euros. La métropole et la région ont également participé.