Scandale des eaux traitées illégalement: l'association Foodwatch annonce déposer deux nouvelles plaintes

Eaux traitées illégalement: Foodwatch dépose deux nouvelles plaintes - Foodwatch
Contre-attaque pour l'association de défense des consommateurs Foodwatch. Elle annonce, ce mercredi 25 septembre, déposer deux nouvelles plaintes contre Nestlé Waters et Sources Alma, dans le cadre de l'affaire des eaux traitées illégalement.
Plainte avec constitution de partie civile
L'association se présentera au tribunal de Paris à 10 heures et se constituera partie civile dans cette affaire, ce qui lui permettra de demander l'ouverture d'une information judiciaire et la désignation d'un juge d'instruction.
"Nous portons plainte avec constitution de partie civile contre Nestlé, Sources Alma et aussi toujours en questionnant les responsabilités de l’État français, avec l’espoir qu’un.e juge d’instruction soit désigné pour qu’enfin l’affaire soit jugée et mène à des sanctions exemplaires," confirme Ingrid Kragl, porte-parole de Foodwatch, à RMC Conso.
Foodwatch espère ainsi relancer l'enquête, après l'échec d'une première plainte déposée en février, qui s'était soldée par la conclusion d'une Convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) entre le Parquet d'Épinal et Nestlé Waters. Le numéro un mondial des eaux en bouteille est notamment accusé d'avoir utilisé des traitements non autorisés par la réglementation sur les eaux minérales, le traitement par ultraviolets et des filtres à charbon actif.
La réglementation européenne interdit en effet toute désinfection des eaux minérales, qui doivent être naturellement de haute qualité microbiologique.
Nestlé Waters a donc consenti au règlement d'une amende de deux millions d'euros pour cette tromperie et pour avoir pratiqué des forages illégaux, objet d'une autre enquête ouverte par le Parquet d'Épinal. Une transaction qui met fin aux poursuites judiciaires, raison du courroux de Foodwatch.
"Notre plainte au pénal déposée en février n’a pas abouti et s’est soldée par la Convention judiciaire d’intérêt public scellée au tribunal d’Épinal qui a éteint toute action judiciaire à l’encontre de Nestlé. Foodwatch s’y est fermement opposée et a refusé l’argent," ajoute Ingrid Kragl.
Selon le Parquet d'Épinal, Nestlé Waters a cessé les traitements de l’eau non autorisés. Il note par ailleurs qu'il n'y a eu aucune conséquence sur la santé publique.
Risque sanitaire non écarté pour Foodwatch
Mais la convention conclue ne concerne que les traitements des eaux Vittel, Hépar et Contrex. Or, pour l'avocat de Foodwatch, Me François Lafforgue, "le scandale des filtrations illégales touche aussi la marque Perrier et les captages situés dans le Gard".
En avril dernier, nos confrères de France Info et Le Monde révélaient en effet qu'au moins deux millions de bouteilles avaient été détruites à la suite d'une contamination bactérienne dans une usine du Gard.
Quelques semaines plus tôt, les journalistes à l'origine de l'enquête publiaient une information selon laquelle l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire, avait alerté le gouvernement en octobre d'une incertitude concernant la qualité sanitaire des eaux en bouteille de marques Nestlé Waters.
"On peut s’interroger sur le risque sanitaire tant sur l’eau qui ne fait plus l’objet de traitement que sur l’eau toujours traitée, vu l’ampleur de la contamination dont elle fait l’objet. Pourtant, Nestlé a sciemment dissimulé ce risque aux consommateurs," écrit Foodwatch dans sa plainte.
Manque de réaction de l'État
En parallèle, sa deuxième plainte, contre Sources Alma, concerne l'injection de gaz carbonique dans l'eau de Châteldon, censée être naturellement gazeuse, ainsi que le recours au sulfate de fer pour traiter les eaux Vichy Célestins et St-Yorre. Cette pratique, contraire à la réglementation, a été révélée par le journal d'investigation Médiacités en novembre 2022 et confirmée par une enquête du journal Le Monde et France Info de janvier 2024.
Enfin, Foodwatch reproche à l'État son inaction, suite à un rapport d'audit de la Commission européenne publié en juillet et qui dénonçait le manque de contrôle des autorités, l'absence d'information des consommateurs et de retrait des produits commercialisés illégalement. Les autorités avaient alors répondu avoir respecté le secret de l'enquête.
L'article publié par France Info et Le Monde en janvier dernier révélait en effet que le gouvernement avait missionné l'inspection générale des affaires sociales (Igas) pour enquêter sur les usines de conditionnement d'eaux en France. Le rapport, remis en juillet 2022, concluait que 30% des eaux commercialisées subissaient des traitements non conformes. Mais ce rapport était resté confidentiel.
"Face à ces fraudes massives, l’organisation demande la désignation urgente d’un ou une juge d’instruction, la fin de l’impunité et des sanctions exemplaires," conclut Foodwatch.