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Thon contaminé au mercure: quels poissons en conserve faut-il privilégier?

Des employés de la conserverie la "Belle-Iloise", étripant et étêtant des sardines avant leurs mises en boites, le 24 Juin 2003 à Quiberon. (Illustration)

Des employés de la conserverie la "Belle-Iloise", étripant et étêtant des sardines avant leurs mises en boites, le 24 Juin 2003 à Quiberon. (Illustration) - MARCEL MOCHET / AFP

Ce mardi, les ONG Foodwatch et Bloom ont publié une enquête alertant sur la contamination au mercure dans plus d'une centaine de références de thon commercialisées en Europe. RMC Conso s'intéresse aux alternatives de poisson en conserve, proposées sur le marché.

Vent de peur au rayon conserves. Après la publication des révélations des organisations spécialisées dans la défense des consommateurs et de l'environnement Foodwatch et Bloom, les consommateurs vont probablement fuir le rayon.

Dans l'enquête publiée ce mardi, fruit de plus d'un an de travail, les deux ONG alertent sur la présence de mercure dans 100% des boîtes de thon commercialisées dans cinq pays européens, dont la France. Dans l'Hexagone, le plus haut taux (3,9mg/kg pour une référence de la marque Petit Navire), a été repéré à Paris. Une donnée bien au-dessus des normes en vigueur dans l'Union européenne. La société a répondu sur ce point ce mardi.

C'est précisément le méthylmercure, issu du mercure, qui est mis en cause dans cette enquête. À hautes doses, cette substance devient toxique pour le système nerveux central de l'être humain, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance. Pourtant, l'homme y est principalement exposé en consommant ce poisson. RMC Conso s'est intéressé aux alternatives de poissons en boîte, pour ne pas déserter les rayons conserves.

Une question de chaîne alimentaire

Chez les thons, c'est la variété du poisson et sa taille qui induisent une quantité plus ou moins élevée de mercure. Plus il sera imposant, plus un thon sera susceptible d'être contaminé par la substance.

"La charge en mercure varie dans l'ordre suivant: thon listao (petit et ne vivant pas longtemps), suivi du thon blanc et albacore, et enfin le thon rouge. Le souci est que l'origine et l'espèce ne sont pas toujours indiquées sur les conserves", explique à notre rédaction Alain Manceau, chercheur spécialisé en biologie au CNRS.

Une raison explique les taux de mercure élevés chez les thons: leur niveau trophique, à savoir leur place dans la chaîne alimentaire. Les thons étant carnivores et se nourrissant d'autres poissons en dessous d'eux dans cette chaîne, c'est l'accumulation des substances, déjà présente en petites doses chez les proies, qui est stockée dans leur organisme.

Harengs, maquereaux, sardines...

Après l'enquête de Bloom et de Foodwatch, la réponse des industriels et lobby thoniers ne s'est pas fait attendre, mais côté consommateur, comment s'y retrouver? Pour Julie Guterman, chercheuse chez Bloom et principale enquêtrice, il ne faut pas arrêter la consommation de poissons en conserve. Il faut seulement en manger de manière plus diversifiée et en connaissance de cause.

"Certaines espèces, d'un niveau trophique inférieur aux thons, seront moins contaminées au mercure. Il s'agit des harengs, maquereaux, ou encore de sardines", énumère la chercheuse auprès de RMC Conso.

Mais pour ce qui est de l'information consommateurs, les données fournies par les industriels restent minces. D'autant que les équipes de Bloom ont relevé des taux de mercure plus élevés que ce que la loi les y autorise dans des produits pourtant estampillés de labels de qualité, ajoute Julie Guterman.

Il faut continuer à manger du poisson

Selon l'Anses, le risque lié à l’exposition au méthylmercure "ne constitue en général pas un problème majeur de santé publique en France hexagonale". Ce sont cependant les consommateurs très réguliers (adultes comme enfants) de poissons prédateurs sauvages, à raison de plus d'une portion par semaine, qui sont les plus exposés à des risques.

Le poisson reste nécessaire à l'homme, mais doit être consommé en quantité raisonnée. "Les produits de la mer sont une source de sélénium, un élément chimique indispensable au métabolisme, qui détoxifie naturellement le méthylmercure dans l'organisme. Donc, lorsqu'on mange du poisson, on consomme certes du mercure toxique, mais également du sélénium qui le détoxifie. Tout est question d'équilibre", ajoute Alain Manceau.

L'Anses recommande d'en consommer deux fois par semaine en associant un poisson gras à forte teneur en acides gras oméga-3 (saumon, sardine, maquereau, hareng...) et un autre poisson (colin, merlu, cabillaud, sole...). Et surtout, il faut diversifier les espèces consommées, mais aussi des lieux d'approvisionnement.

Lilian Pouyaud