RMC Conso
Alimentation

Vitamines C, D, magnésium... Les compléments alimentaires pour l'hiver sont-ils vraiment utiles?

En gélule, en comprimé, en ampoule ou en gummies. Les compléments alimentaires ont particulièrement la côte en hiver.

En gélule, en comprimé, en ampoule ou en gummies. Les compléments alimentaires ont particulièrement la côte en hiver. - -

Pour être en forme l'hiver, de plus en plus de Français entament des cures de compléments alimentaires. Celles-ci prétendent compenser des carences en certains nutriments. Pourtant d'après un nutritionniste, on peut tout à fait s'en passer avec une alimentation saine et équilibrée.

Des températures qui rafraîchissent et une luminosité faible: l'hiver bat son plein ces jours-ci. Pour beaucoup de Français, il peut être tentant de commencer à prendre des compléments alimentaires. Booster son immunité pour éviter d'attraper un virus, lutter contre la fatigue, le stress... Les bienfaits vantés par ces cures hivernales sont multiples.

En ampoule, en gélules, en comprimés et même maintenant en gummies... Ces produits se déclinent sous de plus en plus de formes et deviennent encore plus attractifs. À tel point qu'un adulte sur quatre en consommerait, d'après l'Anses. Est-ce nécessaire, et surtout, est-ce vraiment efficace? Pour le médecin nutritionniste à l'hôpital Bichat Jacques Fricker, "ça dépend des produits".

Le premier point à avoir en tête, c'est que si l'on a une bonne alimentation, on peut très bien se passer des compléments alimentaires. En effet, ces produits prétendent compenser des carences en vitamines (C ou D), magnésium, calcium... Or, si l'on mange de manière suffisamment équilibrée et variée, aucun risque de manquer de ces nutriments.

Utile pour compenser les carences en vitamine D

Jacques Finker émet tout de même une objection à propos de la vitamine D. Pour assurer à son organisme un apport suffisant, l'Anses recommande de s'exposer 15 à 20 minutes par jour au soleil. Or en hiver, on peut ne pas le voir de la journée et donc manquer de cette vitamine... Le nutritionniste auteur en 2017 de Tout sur les compléments alimentaires (Odile Jacob), suggère donc la consommation de produits enrichis en vitamines D. Sous forme de gouttes quotidiennes ou d'ampoules mensuelles.

"J'ai une préférence pour la première solution car il vaut toujours mieux répartir sur la durée. En revanche, si l'on entame un tel traitement, il faut en informer son médecin. Notamment en ce qui concerne les doses prises. Car un excès de vitamine D peut être dangereux: cela peut entraîner une hypercalcémie (excès de calcium) et affaiblir les os", détaille Jacques Finker à RMC Conso.

Par ailleurs, l'Anses rappelle que pour compenser ses carences en vitamine D l'hiver, on peut tout aussi bien manger davantage d'aliments qui en sont riches. Elle en donne une liste sur son site : poissons gras (hareng, sardine, saumon), certains champignons (cèpes, morilles, girolles), jaune d'oeuf, chocolat noir...

Pas d'efficacité prouvée pour le magnésium

Parmi les autres compléments alimentaires particulièrement en vogue l'hiver, on peut citer le magnésium contre la fatigue, ou encore la gelée royale pour booster l'immunité. Jacques Finker se montre dubitatif les concernant.

"Le magnésium, il n'y a rien de démontré quant à son efficacité. Des personnes disent se sentir mieux, être moins nerveuses, mais il n'y a pas d'étude scientifique. Idem pour la gelée royale, alors qu'autant le miel, si", clarifie le nutritionniste.

Enfin pour la vitamine C, également présente dans beaucoup de compléments alimentaires, cela peut-être perçu comme superflu. Cette vitamine est présente dans beaucoup de fruits et légumes. Là encore, avoir une alimentation saine et variée suffit pour ne pas avoir recours à de tels compléments.

Une recrudescence du scorbut

Rappelons tout de même qu'en décembre 2024, une étude menée par des pédiatres français et publiée dans la revue scientifique The Lancet a mis en lumière une recrudescence des cas de scorbut. En dix ans, 888 enfants ont attrapé cette maladie associée à une carence sévère en vitamine C. Ces cas concernaient en particulier des jeunes en situation de précarité alimentaire, signifiant qu'ils n'ont pas accès à de la nourriture de qualité et/ou à l’éducation à une alimentation saine.

La vitamine C se trouve en grande quantité dans des fruits comme les agrumes ou le cassis. Et dans des légumes, en particulier le persil et les poivrons. Pour Jacques Finker, il peut y avoir un intérêt à prendre des compléments alimentaires en vitamine C pour un individu qui ne mangerait aucun de ces fruits et légumes.

"Ni prescrire, ni proscrire"

En résumé, selon lui, il ne faut "ni prescrire, ni proscrire" les compléments alimentaires pour l'hiver. Il faut toujours garder à l'esprit qu'il y a une forte dose de marketing autour d'eux, et qu'ils ne doivent et ne peuvent pas remplacer une alimentation équilibrée.

"Si un proche nous dit qu'il s'est senti mieux après en avoir pris, on peut très bien prendre la même initiative. Il n'y a pas de honte à essayer, et si vous ressentez un effet sur vous, grand bien vous en fasse. Mais il vaut toujours mieux en parler à son médecin. Ne serait-ce que pour être sûr que ça ne se cumule pas avec un traitement qu'il vous donne", déclare-t-il.

Pas d'opposition formelle contre ces compléments alimentaires pour notre nutritionniste, donc. En revanche, il dit regretter leur multiplication sous forme de gummies, ces gommes à mâcher rappelant les bonbons. Selon lui, "toutes les formes attrayantes sur le plan gustatif devraient être interdites".

Arthur Quentin