Yaourts, soupes, céréales... Dans quels aliments trouve-t-on le plus d'additifs mauvais pour la santé?

Ils sont partout et sont associés notamment à un risque accru de cancer. Des additifs très courants dans l'industrie alimentaire et plus particulièrement dans des produits ultratransformés sont pointés du doigt par la revue scientifique PLOS Medicine, dans une étude publiée ce mardi, comme étant liés à un "risque accru" de cancers. Dans le détail, l'étude s'est appuyée sur une analyse auprès de 92.000 personnes, majoritairement des femmes (79%), menée entre 2009 et 2021. Le suivi médical de certains participants à l'enquête a d'ailleurs permis le diagnostic de 2.604 cancers.
Problème: ces additifs sont très répandus dans notre consommation de denrées alimentaires. Une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publiée en 2019 mentionnait que sur un échantillon de 30.000 produits collectés, 78% d'entre eux contiennent au moins un additif dans leur liste d'ingrédients. Tandis que 53% des produits étudiés contiennent au moins trois additifs différents.
À quoi servent les additifs?
Les additifs, ajoutés de façon intentionnelle aux aliments à diverses étapes de la production dans un but technologique, ont différentes fonctions:
- Garantir la qualité sanitaire des aliments (conservateurs, antioxydants),
- Améliorer l'aspect et le goût d'une denrée (colorants, édulcorants, exhausteurs de goût),
- Conférer une texture particulière (épaississants, gélifiants),
- Garantir la stabilité du produit (émulsifiants, anti-agglomérants, stabilisants).
Dans son étude de 2019, l'Anses a relevé la présence de trois additifs les plus utilisés:
- L’acide citrique (E330), utilisé notamment comme régulateur de l’acidité, qui est mentionné sur 23% des produits,
- Les amidons modifiés, utilisés notamment comme épaississants, qui concernent 22% des produits,
- Les lécithines (E322), utilisées notamment comme émulsifiants, présentes dans 17% des produits.
Une présence largement documentée
Aujourd'hui, environ 320 additifs alimentaires sont autorisés en Europe. Mais ce n'est pas la première fois que les additifs dans les produits transformés sont pointés du doigt.
"Des publications scientifiques jettent régulièrement le doute sur certains d’entre eux. Tous les additifs autorisés ne sont donc pas forcément à mettre dans le même panier", souligne l'UFC-que choisir sur son site, où sont répertoriés les additifs autorisés en France.
Lorsque seulement 121 sont classés "acceptables", 113 sont "tolérables", 76 "peu recommandables" et 24 "à éviter". En mars 2020, une étude européenne publiée dans la revue Scientific Reports listait plus de 330 additifs alimentaires répartis dans 126.000 produits disponibles sur le marché français. Elle a révélé que 54% des produits contenaient des additifs alimentaires (dont plus de 10% qui en contenaient 5 ou plus). Entraînant avec eux des risques de maladies cardiovasculaires, d'obésité, d'hypertension, de diabète ou encore de dépression.
Yaourts, soupes, céréales...
Bien qu'ils soient partout dans notre quotidien, les additifs se cachent surtout dans les produits ultratransformés. Soupes, yaourts, saucisses, boissons et jus de fruits, beurre et margarine, céréales, compotes, mayonnaises et fromages... La liste est longue. Mais comment les reconnaître?
Ces produits "n’ont plus grand-chose à voir avec les matières premières dont ils sont issus, à cause des traitements industriels qu’ils ont subis et de l’addition d’ingrédients en tout genre. [...] Les repérer se révèle assez simple: vous ne pourriez pas les reproduire à l’identique dans votre cuisine", explique l'UFC que choisir.
L'association s'est penchée sur les étiquettes des produits ultratransformés et donne quelques conseils pour les reconnaître en magasin:
- Une longue liste d’ingrédients (au moins cinq en général). Plus elle s’allonge, plus le produit est susceptible d’avoir été modifié.
- Les ingrédients d’origine ne sont plus reconnaissables dans le produit final.
- Des ingrédients rarement ou jamais employés chez vous: sirop de fructose-glucose, gluten, protéines hydrolysées, huiles hydrogénées…
- La présence d’additifs, dits cosmétiques, visant à rendre le produit plus appétissant (exhausteurs de goût, colorants, édulcorants, texturants), et d’arômes.
- Un marketing "intensif" avec un packaging attrayant.
Des additifs dans l'assiette, de l'entrée au dessert
Lorsqu'on parle de produits ultratransformés, aucun ne sort donc son épingle du jeu si l'on parle santé. Car tous contiennent, à quantités variables, des additifs.
“Une liste finie de catégories impactées est compliquée à obtenir. Des entrées au dessert, les produits ultratransformés sont absolument partout”, explique auprès de RMC Conso Pierre Slamiche, cofondateur de l’association Open Food Facts.
Boissons gazeuses, collations sucrées ou salées, les plats congelés, ceux produits à base de viande reconstituée... La liste des produits ultratransformés est encore longue. On compte aussi l'ensemble des produits où les ingrédients ont été dénaturés, notamment avec l’ajout d’ingrédients qui ne sont initialement pas prévus dans les recettes (caféine, lactose…).
“Le meilleur conseil pour fuir l’ultratransformé reste de préserver les recettes avec des produits bruts et simple, où l’utilisation d’additifs est limitée”, conseille Pierre Slamiche.
Difficile de faire son choix dans les rayons en sachant que l'ultratransformé est si commercialisé. Une classification existe néanmoins pour conseiller le consommateur. Appelée Nova et divisée en quatre groupes gradués de 1 à 4, cette classification, présentée en 2009 par un consortium de chercheurs de l'université de São Polo, est spécialement pensée pour les ingrédients ultratransformés. Visuellement proche du Nutri-score, la classification Nova est apposée à plusieurs milliers de denrées alimentaires.